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CHOMAGE ET EMPLOI : DES PROPOSITIONS EXISTENT

extraits du livre de Thomas Coutrot, "démocratie contre capitalisme"

dimanche 19 mars 2006, par Daniel Hofnung

"La seule défense... du Code du Travail est dramatiquement insuffisante". Ce qu’il faut c’est inventer de nouveaux droits adaptés à la société et à l’économie actuelle, des nouvelles perspectives comme l’étaient dans le passé les congés payés et les 40 h en 1936, ou la sécurité sociale en 1945.

Extraits de quelques chapitres de “démocratie contre capitalisme” - Thomas Coutrot - éditions la Dispute 2005 que je ne peux que vous conseiller de lire intégralement !

FAIRE RECULER LE CHOMAGE

"...il serait bel et bien nécessaire - et économiquement justifié - de faire reculer l’insécurité sociale : ses coûts sociaux excèdent largement les bénéfices privés. Or ceci n’est possible qu’à deux conditions : changer les politiques macro-économiques et refonder le marché du travail... il importerait de desserrer l’étau qui étouffe les dépenses publiques en rétablissant une fiscalité équitable, c’est-à-dire en accroissant la taxation du capital et des revenus financiers ; de relancer l’investissement public, de préférence à l’échelle européenne, dans des secteurs prioritaires et favorables à l’environnement comme les transports collectifs, la santé , le logement et la recherche ; de mener des politiques audacieuses de réduction du temps de travail sans diminution de salaire ni flexibilité supplémentaire imposée aux salariés. La réduction du temps de travail parallèlement à l’accroissement des gains de productivité : telle devait être la règle d’or....”

SECURISER LE TRAVAIL

"...avec les politiques macroéconomiques progressistes évoquées ci-dessus, la sécurisation des collectifs de travail est la condition d’un rééquilibrage des rapports de force sur les marchés du travail européens... Il ne s’agit pas de retourner à un quelconque passé idéalisé... Il ne s’agit pas non plus de bloquer les évolutions du système productif ou les innovations technologiques par une interdiction des licenciements générale et absolue. Il faut au contraire promouvoir le droit à la mobilité, à une mobilité positive et choisie... Il faut donc réinventer des institutions à la hauteur des défis actuels : la seule défense de la “sécu” et du Code du travail est dramatiquement insuffisante" (souligné par moi). "Chaque jour le rapport salarial tend à sortir un peu plus des frontières étroites de l’entreprise... Peut-on ébaucher un régime d’emploi et de protection sociale qui vise non pas à adapter les salariés à une flexibilité imposée, ni à les doter d’une” égalité des chances” face à l’impitoyable sélectivité du marché, mais bien à attaquer le mal à sa racine : les pratiques des entreprises en matière d’emploi et de gestion de leur personnel ? Pour reformuler un système de garanties collectives adaptées au nouveau contexte, il faut créer une nouvelle sécurité sociale de l’emploi. Le principe en est simple : comme la sécurité sociale protège contre les aléas de la vie, la sécurité sociale de l’emploi doit protéger contre les aléas du marché du travail... De nouvelles institutions devront les [les entreprises] responsabiliser bien davantage quant aux conséquences de leurs décisions d’emploi, et soumettre celles-ci à un contrôle social. Toute personne qui a perdu son emploi ou qui décide d’en chercher un devrait avoir droit à un emploi (ou une formation) et à un revenu correspondant à ses qualifications. Chacun... devrait bénéficier de droits non bornés par l’entreprise qui l’emploie (ou l’a employé). Quant aux licenciements ou suppressions d’emplois, ils devraient être soumis à un impératif de justification devant les parties prenantes de l’entreprise...."

UNANIMITE TROMPEUSE POUR LA “SECURITE SOCIALE PROFESSIONNELLE”

"La “sécurité sociale professionnelle” à la mode social-libérale cherche à limiter la précarité sans s’attaquer au pouvoir arbitraire des entreprises en matière de gestion de l’emploi... En somme : au service public de l’emploi de reclasser les chômeurs (de gré ou de force...) ; aux entreprises de gérer librement leur main-d’oeuvre... L’idée est bien plutôt que ces décisions, souvent d’une importance vitale pour des collectivités entières, se confrontent aux exigences de la délibération démocratique. Comment fonctionnerait une telle sécurité sociale de l’emploi ? ... trois grands principes pourraient ancrer ce projet... : continuité du salaire et des droits sociaux au-delà de la position productive du moment ; droit à la mobilité individuelle négociée au sein de filières et de réseaux, auxquels l’adhésion serait obligatoire pour les entreprises ; financement mutualisé des coûts afférents à ces droits. Surtout, le fonctionnement d’ensemble serait soumis à une contrainte de justification sociale et de débat démocratique, source d’un profond renouvellement de la démocratie sociale."

TROIS PRINCIPES CLES : MOBILITE, CONTINUITE, MUTUALISATION

"Mobilité : en fonction de son métier, de son bassin d’emploi ou de ses projets, chaque travailleur adhérerait à un réseau d’entreprises et d’organismes de formation et d’orientation, au sein duquel lui serait proposé un emploi, puis, le cas échéant, des mobilités et des formations qualifiantes. Les entreprises seraient elles-mêmes tenues d’adhérer à au moins l’un de ces réseaux, et seraient collectivement responsables de l’emploi de chaque travailleur mobilisé par ce réseau. Les suppressions d’emploi ... seraient conditionnées à l’accord d’instances de co-décision démocratique, par exemple des comités d’entreprise élargis aux parties prenantes de l’entreprise : parties prenantes internes (salariés, employeur) et externes (sous-traitants, fournisseurs, usagers, pouvoirs publics)... Continuité : chaque travailleur se verrait reconnaître un statut, qu’il conserverait d’une position à l’autre au sein des réseaux qui constituent le marché du travail, avec une qualification, un revenu de référence, des droits sociaux et des droits à la formation... Mutualisation : les coûts afférents au maintien des travailleurs hors emploi seraient mutualisés entre les employeurs du réseau (en conjoncture normale), entre les différents réseaux (en cas de choc touchant spécifiquement un réseau), ou entre l’Etat et les entreprises (en cas de choc macroéconomique)...."

DEMOCRATISER LE MARCHE DU TRAVAIL

"Pour gérer au plus près des besoins et du contrôle citoyens, cette sécurité sociale de l’emploi devrait être composée d’institutions ancrées dans les réalités des entreprises, des professions et des branches, mais aussi des territoires et des bassins d’emploi..., des réseaux de consommateurs et d’usagers. ... son financement devra être assuré par les cotisations des entreprises, complétées par une contribution des pouvoirs publics à hauteur des missions d’intérêt général ainsi réalisées...

La construction d’institution démocratiques de gestion du marché de l’emploi ne peut se concevoir indépendamment de modifications elles aussi profondes dans la gestion des entreprises. Rien ne sert de vouloir subordonner les choix en matière d’emploi à des processus démocratiques si les entreprises restent gérées en fonction des seuls intérêts de leurs actionnaires, libres de retirer leurs capitaux à tout moment. C’est pourquoi il importe d’avancer également sur la question du pouvoir dans l’entreprise."

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