Davos : la pauvreté se porte bien

Le thème domine toujours les débats, où se pressent les dirigeants politiques.

Par Laurent MAURIAC

Les bandeaux blancs ont fait leur apparition à Davos, symboles de l’action globale contre la pauvreté tout juste lancée à Porto Alegre. Ils étaient arborés vendredi par des représentants d’ONG et des chanteurs (Bono, Youssou N’Dour) qui faisaient conférence de presse commune avec le ministre de l’économie, Hervé Gaymard, et son homologue britannique, Gordon Brown.

La lutte contre la pauvreté continue de dominer les débats à Davos, un choix revendiqué par les organisateurs du Forum économique mondial, et qui semble recevoir l’assentiment des participants. Il faut dire que les hommes d’affaires présents ont toujours la possibilité de participer à des dizaines d’autres conférences sur les soubresauts du dollar ou la « sous-traitance globale ».

« Les responsables d’entreprise sont conscients qu’ils ne pourront pas continuer longtemps à vivre dans un monde aussi déséquilibré », estime un des organisateurs du Forum économique. Un patron sud-africain, qui dit employer 30 000 personnes, pense que les propositions faites à Davos par les chefs d’Etat et de gouvernement constituent un « grand pas en avant », mais se dit « déçu qu’on mette uniquement l’accent sur l’effacement de la dette et sur l’aide publique, au détriment de la libéralisation du commerce international, dont l’organisation actuelle entrave les pays pauvres ».

Après la « taxe Chirac », Lula, président brésilien, et Gordon Brown ont, vendredi, présenté leurs propositions. Le premier, rejoignant le président français, a réitéré son projet d’un « fonds basé sur la taxation des flux financiers » et « l’argent existant dans les paradis fiscaux ».

Gordon Brown a détaillé sa proposition d’un emprunt international permettant d’accroître, sur une base « prévisible et régulière », les fonds destinés à la lutte contre la pauvreté. Présent lors de ce débat, le président tanzanien Benjamin William Mkapa s’est emporté : « Pourquoi parler d’un nouveau fonds », au lieu de respecter les engagements qui ont été pris en matière d’aide publique au développement ? « Nous avons besoin des deux », a répondu Gordon Brown, dont l’idée avait recueilli le matin même le soutien du chancelier allemand Gerhard Schröder, également présent au forum économique de Davos.

Davos (Suisse) envoyé spécial