Elections régionales

Nîmes, le 13 février 2010

Les comités ATTAC du Gard

Comités d’Alès, Nîmes et Uzès

6, rue Dagobert - 30 000 Nîmes

josiane.flattet@wanadoo.fr

Aux

Candidats aux élections régionales« Languedoc-Roussillon »

Madame, Monsieur,

De l’avis de tous, la conférence des Nations-Unies sur le changement climatique de Copenhague en décembre 2009 devait être un moment historique. Malgré les alertes du GIEC (groupement intergouvernemental des experts sur le climat), ce sommet a été un échec. Toutefois, la question climatique est devenue incontournable, indissociable de la question de l’épuisement des ressources et des questions sociales. De ce fait et en raison de votre candidature aux prochaines élections régionales, nous souhaitons connaître votre position, vos projets sur les thèmes suivants afin d’inscrire d’ores et déjà, notre région dans une voie compatible avec tous les enjeux abordés lors du sommet de Copenhague :

Transports (transports publics, ferroutage, projets routiers et/ou autoroutiers, financement des compagnies aériennes low-cost…)
Agriculture (agriculture biologique, circuits-courts, Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne,…)

Energie (énergies renouvelables, nucléaire, économie d’énergies,…)
Urbanisation, habitat et bâtiments publics (quelle urbanisation ?, aides aux particuliers, isolation, éclairage, chauffage, construction écologique,…)
Industries (quel développement industriel pour quels emplois locaux et respect de l’environnement ?)


Eau/Ecosystème
(quelles mesures de préservation, de gestion, de contrôle…)

De même :

Considérez-vous que l’on puisse rester dans un mode développement « productiviste » (énergétique, agricole, industriel…) en respectant à la fois les exigences sociales et écologiques ?
Pensez-vous les « relocalisations » d’entreprises souhaitables et si oui, comment ?

Quelle place et intérêt pour les services publics, l’économie sociale et solidaire, et le secteur coopératif dans un mode de développement compatible avec les exigences abordées à Copenhague ?
Enfin, trouvez-vous judicieux d’utiliser l’argent public (comme le fait le Conseil Régional sortant) pour favoriser l’implantation de la société d’import de fruits et légumes Agrexco dans le port de Sète ? Quelle position tenir vis-à-vis de ce projet cumulant plusieurs inconvénients (production lointaine -dans les territoires occupés palestiniens, donc en plus éthiquement inacceptable- et import dans notre région où l’agriculture est déjà en crise) ?

En vous remerciant de bien vouloir répondre au plus tôt par retour de courrier ou par courriel à ces différents points soulevés, nous vous informons que cette lettre ouverte sera présentée lors d’une conférence de presse le mardi 16 février. Elle sera transmise à tous les médias locaux et diffusée par les comités gardois ATTAC par internet ainsi que par leurs journaux locaux.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations citoyennes.

Les comités ATTAC d’Alès, de Nîmes et d’Uzès

Vous trouverez en pièce jointe :

 la revue de presse (articles la Marseillaise et la Gazette).

Vous verrez ci-après, les 2 seules réponses obtenues en retour.

Réponse d’Europe Ecologie :

Bonjour,

La teneur de vos questions montre la très grande proximité entre vos préoccupations et les réponses que nous voulons y apporter. Plutôt que de vous répondre de façon cloisonnée, point par point, je vous recommande plutôt la lecture du programme de notre liste "Europe Ecologie Languedoc-Roussillon" (lien internet).
Solidairement,

Silvain Pastor,
Conseiller régional
Porte-parole d’Europe Ecologie Languedoc-Roussillon
Secrétaire départemental des Verts du Gard

Réponse du M’PEP (liste A Gauche Maintenant) :

Bonjour,

J’ai bien reçu la lettre des comités d’Attac d’Alès, Nîmes et Uzès et je vous en remercie.

Je ne suis pas candidate au titre du M’pep. Il n’y a qu’un candidat de notre mouvement sur la liste "A gauche maintenant", c’est Waldeck Moreau qui est dans l’Hérault et porte parole Régional du M’pep.

Je peux néanmoins en tant que porte parole du Gard pour le M’pep me faire l"écho de vos préoccupations que nous partageons entièrement.

Nous sommes bien entendu pour des transports publics favorisant le rail ( et à Bagnols nous sommes aux côtés du comité qui lutte pour la réouverture de la rive droite aux trains de voyageurs et pour le ferroutage.

Nous sommes aussi pour la relocalisation de l’économie, les circuits courts de distribution, le développement des AMAP et de l’agriculture biologique.

Nous luttons pour le maintien et surtout le développement des services publics.

Nous luttons pour le développement de l’économie sociale et solidaire et le développement du secteur coopératif.

Nous sommes farouchement opposés à l’implantation de la société Agrexco dans le port de Sète, en solidarité avec le peuple palestinien spolié de ses territoires et en solidarité avec les agriculteurs de notre région qui subissent déjà une crise et n’ont pas besoin d’exportations nuisibles de plus à l’environnement.

Évidemment nous sommes contre l’agriculture productiviste destructrice de l’environnement et de l’emploi.
Pour un retour à la gestion publique de l’eau et des sources d’énergie en intégrant des mesures favorisant les économies d’énergie

Je laisse le soin à Waldeck Moreau de compléter cette première réponse aux questions posées et je joins à ce courrier un récapitulatif des cinq priorités du M’pep

Pour ces élections. Je peux préciser à la demande.

Bien amicalement,

Pierrette

5 PRIORITÉS DU M’PEP POUR DES RÉGIONS VRAIMENT À GAUCHE

Par le mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP)

Le 3 mars 2010.

Les 20 régions sur 22 dirigées par le Parti socialiste depuis 2004 ont intégré les contraintes de Bruxelles et de Paris. Elles ont mené une gestion tranquille, sans faire appel à la mobilisation de la population, dans le plus pur style technocratique.

Les présidents PS de ces 20 régions, dans la plupart des cas, ont agi comme des barons défendant leur fief, n’hésitant pas à tenter des incursions sur les territoires « adverses » au motif des politiques d’ « attractivité des territoires ». Elles se sont livré une concurrence féroce.

Imaginons ce que pourraient faire les régions si elles étaient vraiment à gauche et qu’elles agissent ensemble de manière coordonnée !

Dimanche, la droite sera battue. Ce qui compte maintenant est de savoir comment elle sera battue et par qui.

Le M’PEP appelle à voter pour les listes « Ensemble, pour des régions à gauche, solidaire, écologiques et citoyennes ». Ces listes résultent d’une alliance entre les trois membres du Front de gauche (PCF, PG, GU) et, selon les régions, 5 organisations : Alternatifs, FASE, M’PEP, PCOF, République et socialisme. Dans le Languedoc Roussillon, la liste "A gauche maintenant" regroupe les trois organisations du Front de gauche ( PCF, PG, GU), ainsi que le NPA, les Alternatifs, la Fédération, Les Objecteurs de croissance et le M’pep.

Le M’PEP propose 5 priorités pour des régions vraiment à gauche :

1.- Des référendums se tenant le même jour, sur les mêmes sujets, dans toutes les régions de gauche, sur la « désobéissance européenne » pour refuser les directives libérales

L’exemple du référendum militant pour le maintien du statut public de La Poste a montré le chemin. Le référendum est un excellent outil d’éducation populaire et de politisation de la population. C’est une forme d’expression majeure de la souveraineté du peuple. C’est un moyen de le mobiliser et de le consulter. Voilà pourquoi le M’PEP considère que les grands sujets de politique nationale, ayant des répercussions régionales, comme les grands sujets de politique régionale, devraient être soumis au référendum par les Conseil régionaux de gauche. Ces référendums n’auraient pas de valeur juridique, bien sûr, mais ils auraient une immense portée politique si la population se déplace en nombre et soutient les propositions qui lui sont faites.

Ces référendums donneraient un mandat clair aux élus régionaux pour qu’ils pratiquent la « désobéissance européenne » à propos de la directive services (ex-Bolkestein), des marchés publics et des OGM.

* La directive service prétend tout privatiser ou presque, notamment les services sociaux comme les crèches. Il faut voter NON à la directive service et donner mandat aux élus régionaux de ne pas la mettre en œuvre dans leur région.

* Les règles européennes des marchés publics reposent sur le « moins-disant ». Déjà des entreprises chinoises construisent des autoroutes en Pologne avec des travailleurs importés rémunérés en-dessous du salaire minimum. Il faut voter NON aux règles des marchés publics et donner mandat aux élus régionaux pour qu’ils introduisent des critères sociaux et environnementaux dans les appels d’offres.

* L’Union européenne revient à la charge pour imposer les Organismes génétiquement modifiés. Il faut dire NON aux OGM et donner mandat aux élus pour s’y opposer.

2.- Installation d’un service régional d’intervention économique auprès des salariés, des syndicats, des élus locaux, des petites entreprises, notamment pour relocaliser la production

Ce service, intégré à l’administration du Conseil régional, aurait 4 missions :

* Gérer un Observatoire actif du non-emploi (chômages), du sous-emploi (précarités) et du mal-emploi (exploitation, stress, harcèlement, discriminations…). Établissement de « listes noires » des entreprises fautives.
* Distribuer des aides aux entreprises, mais sur des bases extrêmement strictes de critères sociaux et environnementaux.
* Constituer un Fonds régional de financement des salaires (FREFIS) pour rassembler le maximum de crédits afin de financer directement des salaires, principalement dans le secteur non-marchand.
* Créer un système d’accueil, d’écoute et d’intervention pour aider les salariés, syndicats, élus locaux, PME et PMI à faire face aux difficultés. La région pourra entrer au capital des entreprises, accorder des garanties, des prêts à taux zéro, financer des cadres et techniciens pour aider au redémarrage, aider à la reprise de l’entreprise par les salariés, à la création de coopératives…

3.- Création d’un Livret E, identique au Livret A, qui servirait à financer l’emploi de qualité dans les PME et PMI régionales, et les coopératives

Les réseaux de La Poste, mais aussi des organismes financiers du secteur coopératif et associatifs seraient sollicités pour placer dans le public ce produit d’épargne qui servirait au développement économique régional. Le capital serait garanti par la région, et le taux d’intérêt légèrement supérieur à celui du Livret A. L’épargne servirait à financer les fonds propres des PME et PMI régionales, selon des critères sociaux et environnementaux sociaux, et à octroyer des prêts à taux bonifiés.
4.- Mise en place d’un service administratif régional de l’environnement et d’un service public interrégional de l’environnement

Ce service administratif régional de l’environnement serait intégré à l’administration du Conseil régional. Il aurait la double mission d’observer et de comprendre l’état de l’environnement et de la biodiversité dans la région, en lien avec les organismes publics, privés et associatifs intervenant dans ce domaine, et d’agir sur cette réalité dans la perspective d’une transformation du mode de production, de la réduction de l’empreinte écologique, de la préservation de la biodiversité, de la réduction des gaz à effet de serre (GES), du contrôle de la sécurité des aliments. Ce service interviendrait dans les domaines suivants : transformation du mode de production ; gaz à effet de serre ; dépollution ; eau et assainissement ; déchets ; patrimoine naturel et biodiversité ; énergie ; lien avec les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail des entreprises ; air, bruit, alimentation humaine et du bétail.

Pour ne prendre qu’un exemple, la région dresserait le bilan carbone des entreprises, qui serait rendu public.

En outre, les régions de gauche constitueraient un service public interrégional de l’environnement. Il serait composé essentiellement de chercheurs travaillant par exemple sur la mesure, la quantification et la localisation des gaz à effet de serre, l’évaluation des OGM ou la mesure des résidus phytopharmaceutiques dans l’eau de ville…
5.- En attendant la nationalisation de Dexia, organisation d’une « Banque d’investissement des collectivités locales » indépendante du système bancaire

Les Conseils régionaux sont très peu endettés. Ils pourraient donc augmenter leur dette pour investir utilement, principalement dans la reconversion du mode de production et du bâti. Mais les politiques néolibérales ont détruit l’excellent système qui prévalait auparavant avec la Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales (CAECL), dépendant de la Caisse des dépôts, et qui avait le monopole des prêts aux collectivités locales. À cette époque, nul scandale financier n’avait lieu, nulle spéculation, aucun « crédit toxique » ne venait polluer les finances des collectivités locales. De surcroit, les crédits étaient « bonifiés » par l’État (le taux d’intérêt était inférieur à celui du marché). Après de nombreuses vicissitudes, la CAECL est devenue Dexia, la banque probablement la plus mal gérée de la place (la Belgique, le Luxembourg et la France ont du mettre 6,5 milliards d’euros pour la renflouer), dirigée par une équipe particulièrement incompétente. Il faut donc nationaliser Dexia (il y a déjà 6,5 milliards d’euros d’argent public au capital !) et remplacer tous les incapables qui ont conduit à ce désastre.

En attendant, les Conseils régionaux peuvent se coaliser pour créer leur « Banque d’investissement des collectivités locales ». Elle organiserait des émissions obligataires destinées aux seuls résidents, afin de ne pas aller sur les marchés internationaux de capitaux. Les titres seraient placés par La Poste et les réseaux de la finance solidaire. Les obligations seraient garanties, elles auraient une durée de cinq ans, et leur taux d’intérêt serait autour de 3,5%. Les collectivités locales (régions, départements, communes) pourraient alors emprunter à cette banque, quasiment au même taux que l’émission, augmenté de frais de gestion modiques. Les réseaux de La Poste et des organismes financiers du secteur coopératif et associatifs placeraient les titres.