Euro : il faut casser les reins de la spéculation

La secousse qui ébranle la zone euro révèle que les élites dirigeantes n’ont toujours rien appris de la crise globale qui frappe la planète.

Tout d’abord parce que les marchés financiers ont gardé intact leur formidable pouvoir de nuisance. Les pays membres de l’Union européenne les plus fragilisés par la crise mondiale payent un tribut exorbitant aux spéculateurs. Ainsi, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, notamment, désignés par les marchés financiers comme les maillons faibles de la zone euro, sont attaqués de toutes parts. Les fonds d’investissement imposent à ces pays des taux d’intérêt deux fois plus élevés qu’à l’Allemagne ou la France pour financer leurs déficits. Déficits eux-mêmes largement provoqués par la récession due à la crise financière. La boucle est bouclée : les spéculateurs font leurs profits avec les conséquences de la crise qu’ils ont provoquée.

Ensuite parce que la spéculation contre l’euro montre l’impasse de la construction européenne. Celle-ci nous avait été vantée comme un bouclier anti-crise. Il n’en est rien. Jamais l’Union européenne n’a tenté de prendre des distances par rapport à la financiarisation de l’économie mondiale et de ralentir la circulation des capitaux. Au contraire, tous les traités européens ont inscrit l’Union dans une dynamique financière incontrôlable. La Banque centrale européenne a bien fait d’injecter des liquidités et de baisser les taux d’intérêt pour limiter la récession. Mais puisque nous sommes restés dans une économie de casino, ces liquidités ont fourni de nouvelles munitions à l’industrie financière pour spéculer et menacer l’existence même de l’euro. L’Union européenne s’est également interdit d’avoir un vrai budget qui permettrait une aide aux pays en difficulté. Elle s’est même, de façon absurde, interdit de venir en aide à un pays de la zone euro en difficulté. Elle est donc incapable de tenir la promesse qu’elle a faite aux peuples européens : construire un espace de solidarité, dont la nécessité se fait cruellement sentir en temps de crise. Les Grecs, Espagnols, Portugais et autres Islandais qui ont besoin de cette solidarité, n’ont qu’à aller voir ailleurs. Au FMI, par exemple, qui saura une nouvelle fois faire payer les peuples pour les erreurs de leurs dirigeants !

La sortie de crise, annoncée bruyamment tous les jours, est encore loin. Les dégâts sociaux provoqués par la finance ne font que s’aggraver. Attac exige l’instauration immédiate par l’Union européenne d’une taxe sur les transactions financières pour casser les reins à la spéculation qui menace de déclencher une nouvelle catastrophe financière. Une taxe de type "Tobin-Spahn", c’est-à-dire à double niveau : un niveau faible (0,1%) en temps ordinaires pour dégonfler le volume des transactions ; un taux élevé (de 10 à 50%) en période de folie spéculative, comme aujourd’hui.

Attac France,
Montreuil, le 10 février 2010
_ http://www.france.attac.org/spip.php?article10795