Jacques Chirac enterre le CPE

PARIS (AP) 12h11 - Le CPE est mort. Le président Jacques Chirac a décidé lundi "de remplacer l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances", qui créait le contrat première embauche, "par un dispositif en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté".

Cette décision revient à enterrer le CPE après douze semaines de contestation syndicale, étudiante et lycéenne : une victoire pour les syndicats et une défaite pour Dominique de Villepin.

Jacques Chirac s’est efforcé de sauver les apparences pour ménager l’amour-propre du Premier ministre. Le chef de l’Etat a signé l’acte de décès du CPE peu avant 10h "sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité" réunis pendant une heure à l’Elysée, a précisé le communiqué de la présidence. Il avait reçu auparavant pendant une demi-heure Dominique de Villepin en tête-à-tête.

Cette réunion s’est tenue en présence du Premier ministre, du président de l’UMP et ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, des ministres Jean-Louis Borloo, Gérard Larcher et Henri Cuq, des présidents des deux assemblées, Jean-Louis Debré et Christian Poncelet, de ceux des groupes parlementaires UMP, Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, et des rapporteurs de la loi sur l’Egalité des chances, Laurent Hénart et Alain Gournac.

MM. Accoyer et de Rohan avaient été chargés il y a huit jours de préparer une proposition de loi pour sortir de la crise après la décision de Jacques Chirac de suspendre l’application du CPE, recevant la semaine dernière 19 organisations syndicales, patronales, étudiantes et lycéennes.

Lors de cette réunion, Jacques Chirac a donné son aval à la solution proposée depuis vendredi par Nicolas Sarkozy et les parlementaires UMP : remplacer le CPE par un dispositif en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté.

La proposition de loi, déposée dès ce lundi à l’Assemblée nationale, pourrait être discutée dès mardi, a précisé Bernard Accoyer lors d’un point presse.

La nouvelle loi posera le principe d’une "aide de l’Etat aux employeurs qui embaucheront des jeunes en difficulté en contrat à durée indéterminée", selon Jean-Louis Borloo.

Dominique de Villepin avait refusé vendredi après-midi cette solution, avant de s’y rallier finalement lundi. De retour à Matignon, le Premier ministre n’a pu que constater son échec dans une brève déclaration solennelle de quatre minutes lue sur un ton grave.

Dominique de Villepin n’a émis qu’un seul regret, que le CPE n’ait "pas été compris par tous". "J’ai voulu agir vite, parce que la situation dramatique et le désespoir de beaucoup de jeunes l’exigent", s’est-il justifié.

Le Premier ministre s’est efforcé de tourner la page en proposant aux partenaires sociaux d’engager une discussion "sans a priori sur la sécurisation des parcours professionnels, la précarité et l’insertion des jeunes dans l’emploi".

Il a insisté sur les "objectifs au coeur de l’action gouvernementale au cours des prochains mois" : "donner à chacun sa place, créer des emplois, créer de la croissance", "préserver notre modèle social en l’adaptant". "Notre responsabilité, c’est de préparer l’avenir de notre pays. Je souhaite que nous nous retrouvions tous ensemble pour avancer", a conclu le Premier ministre, qui s’exprimera plus longuement ce lundi soir au journal de 20h sur TF1.

L’annonce du remplacement du CPE a été accueillie comme une "victoire" par les syndicats. "C’est un authentique succès de l’action syndicale et de la mobilisation unie des étudiants, des lycéens, des salariés de toutes générations", a commenté la CGT.

La présidente de la Confédération étudiante (Cé) Julie Coudry a appelé de son côté les étudiants à "lever les blocages dans les universités. L’intersyndicale anti-CPE, qui se réunira à 16h30 au siège de la CGT, devrait constater sa victoire et appeler à la fin du mouvement.

A gauche, la secrétaire nationale du Parti communiste Marie-George Buffet a elle aussi salué "la formidable victoire" de "la jeunesse" et de l’opposition. AP