Le CPE mobilise de plus en plus de Nîmois

Tanguy, c’est le titre d’un film où à 28 ans, un jeune diplômé vit toujours chez parents. Certes, à l’heure du tournage, le Contrat de première embauche (CPE) n’existait pas encore, tout comme Dominique de Villepin n’avait pas fait son apparition à Matignon, mais n’empêche, le "Tanguy" ne serait-il pas une espèce en voie de développement ?

Sans aucun doute, à en croire les parents et grands-parents venus manifester en nombre hier après-midi pour défendre « l’avenir de (leurs) jeunes ».

La cinquantaine, cette mère de famille déclare : « Le CPE est une arnaque ! On ne pousse pas les jeunes à l’autonomie, on leur réclame des cautions de parents jusqu’à pas d’âge, les banques leur refusent des prêts. C’est la précarisation généralisée. »

Un mois après la première mobilisation du 7 février, le défilé a rassemblé quasiment le double de manifestants hier. Ils sont 3 500 personnes (2 500 selon la police, 8 000 selon les organisateurs), bref, « un bon boulevard » selon ce Nîmois, à prendre le départ de la Maison carrée. Jeunes, quadras, quinquas et plus encore. Les retraités battent le pavé et donnent au défilé des allures de manifestation "intergénérationnelle".

Des cheveux blancs se mêlent aux casquettes, des jeans larges et baskets côtoient des pantalons bien coupés. Gérard et Gérard, des « habitués des manifs », déclarent d’une même voix : « Pour tout vous dire, c’est la première fois que nous venons manifester avec nos enfants. » Autre particularité : hier, les salariés du privé rejoignent ceux du public pour dénoncer « la mise en danger du code du travail ».

Côté jeunes, un petit millier de lycéens et étudiants a répondu présent. Directement concernés par ce nouveau dispositif, passé en force à l’assemblée nationale par l’article 49.3, ils se placent en tête du défilé. « Ça paraît peu, reconnaît Bastien du syndicatUnef. Mais il ne faut pas oublier que Nîmes est une petite ville étudiante. Nous ne sommes que 2 000 étudiants ! » « Cette action est la seconde d’une longue série pour obtenir le retrait pur et simple du CPE », assure Hélène, alors que les sifflets s’accentuent en passant devant le local de l’UMP.

Les milliers de personnes prennent ensuite la direction de l’avenue Feuchères. « Ça me réchauffe le cœur d’être là, avec les jeunes. Il faut les soutenir », avoue Sylviane qui marche seule dans ce défilé plutôt calme. A deux ans de la retraite, elle se mobilise pour les futures générations d’actifs, pour son tout jeune petit-fils aussi. Il est en CP, et il participe à sa première manifestation... CPE.

Agathe BEAUDOUIN - Midi Libre