Le vrai scandale Clearstream c’est l’opacité des chambres de compensation

Il n’y aurait certainement pas d’ « affaire Clearstream » aujourd’hui, avec les apparitions épisodiques de noms de personnalités politiques, administratives et du monde des affaires français, si la société Clearstream faisait preuve de transparence et était soumise à contrôle. La fonction officielle de cet organisme est de servir de chambre de compensation pour les opérations de règlement-livraison de titres entre établissements financiers.

C’est une mission indispensable pour faciliter les transactions de titres entre tous les établissements financiers. Ayant eu accès à une partie des listes des clients de Clearstream lors de ses recherches, le journaliste Denis Robert a pu montrer qu’il existait des comptes occultes. Bien entendu, même dans les listes non publiées, les personnes ou les sociétés apparaissent rarement sous leur vrai nom ; elles ont recours à des sociétés aux intitulés plus ou moins exotiques ou très "business" pour cacher les réels donneurs d’ordres des opérations. C’est parmi ces listes "occultes" qu’auraient été glissés les noms de personnalités françaises. A côté d’opérations relativement claires, correspondant aux compensations des opérations de règlement-livraison de titres (actions, obligations et autres types de titres), il apparaît donc que ces comptes non publiés joueraient le rôle essentiel de « banque notariale » dans la circulation de l’argent du crime, dans la dissimulation quasi pa
rfaite des transactions financières internationales douteuses et qu’ils constitueraient un circuit vital dans l’alimentation des paradis fiscaux en argent de toute nature.

Les représentants de Clearstream nient évidemment ces faits, mais la meilleure réponse serait certainement une surveillance de cette société et de Euroclear (l’autre chambre de compensation située à Bruxelles), confiée à un organisme public international. Le "secret bancaire" opportunément invoqué par quelques Etats (dont le Luxembourg) ne doit pas faire obstacle à un suivi régulier des opérations d’organismes financiers dont les conséquences peuvent être dramatiques pour des populations, des collectivités de travail, des Etats, des entreprises ou des personnes. Attac sollicite une rencontre avec M. Thierry Breton, ministre français de l’économie et des finances, pour lui demander de se faire l’avocat d’une telle demande auprès du gouvernement luxembourgeois, auprès du prochain conseil Eco-Fin de l’Union européenne et lors des prochaines rencontres internationales à l’OCDE et à l’ONU.

Il faut rappeler qu’en août 2004, une demande similaire avait été faite auprès du ministre des finances de l’époque, M. Nicolas Sarkozy, qui avait annulé le rendez-vous au dernier moment.

Attac France,
17 mai 2006
http://www.france.attac.org/a6270