Un cas d’école des méthodes de certains grands médias

Le Figaro lance une violente charge contre Attac

COMMUNIQUÉ DU BUREAU D’ATTAC

Comme il ne se passe actuellement rien d’important ni en France (tout juste
le démantèlement du Code du travail) ni dans le reste du monde (seulement
l’accélération de la guerre en Irak, les menaces de crise avec l’Iran, le
retrait de Gaza, etc.), Le Figaro met à sa « Une » du 5 août, sur trois
colonnes, un sujet d’une brûlante actualité : « Enquête : comment Attac
infiltre l’école ». L’ « enquête » se poursuit avec 4 articles couvrant une
page entière et avec un éditorial intitulé « Bourrage de crânes ».

« Enquête » ? Le terme n’est pas approprié, tant les articles sont truffés
d’erreurs factuelles. Les « enquêteurs » n’ont même pas pris le soin
d’interroger au moins l’un des responsables d’Attac qui aurait pu répondre
par des faits et des chiffres avérés aux multiples contrevérités, directes
ou par citations interposées, qui font de cette « enquête » un cas d’école
de désinformation.

Le Figaro, dont la hiérarchie s’était totalement engagée dans la propagande
en faveur du « oui » lors du référendum sur le traité constitutionnel
européen, au point d’ailleurs de susciter des troubles au sein de sa
rédaction, que la direction voulait embrigader, affirme, pour le déplorer,
que l’action d’Attac « a joué un rôle non négligeable dans le résultat du 29
mai » et tire à boulets rouges sur l’association et ses responsables.
Décidément, presque trois mois après le référendum, la campagne du « oui »
continue !

Les 4 articles et l’éditorial portent sur deux sujets : Attac infiltrerait
l’Education nationale ; l’association serait devenue de facto un parti
politique qui ne penserait plus qu’à l’échéance présidentielle de 2007.
Sur ces différents points, Attac va exiger de la direction du Figaro un
droit de réponse. En voici quelques-uns des éléments.

1.- Ce sont bien l’idéologie néolibérale, les grandes entreprises et le
Medef qui infiltrent l’école

Attac combat l’idéologie néolibérale mise en oeuvre dans les politiques
éducatives menées par les gouvernements successifs.
L’association s’oppose à la « marchandisation » de l’école, qu’elle prenne
la forme de l’intrusion des firmes et des marques dans les établissements
(comme le fameux « jeu » « Les Masters de l’économie » du groupe bancaire
CIC, auquel ni Claude Allègre ni Jack Lang ni Luc Ferry ni François Fillon
n’avaient voulu mettre un terme), ou qu’elle se traduise par un texte
législatif (la loi Fillon) directement inspiré de la stratégie ultralibérale
européenne dite « de Lisbonne ».

Attac n’ « infiltre » pas l’école. Elle compte, parmi les enseignants, des
militants respectueux de la laïcité et de l’autonomie pédagogique des
maîtres, mais qui sont bien placés pour mesurer les dégâts sociaux provoqués
par les politiques néolibérales, et pas seulement par celles qui concernent
l’éducation.

Entre autres exemples d’instrumentalisation de l’école, l’association
dénonce la politique des « partenariats » public-privé. Parmi les « 
partenaires » officiels de l’Education nationale, on compte ainsi le Medef :
directement à travers ses sections dans plusieurs départements, et
indirectement, via son émanation, l’Institut de l’entreprise ; des marques
(Morgan) ; des banques ; Disneyland Resort Paris ; des agences de
publicité... Le ministère offre ainsi une couverture officielle à des
pratiques strictement marchandes, conclut lui-même des « partenariats » et
incite les établissements devenus « autonomes » et soumis à une
décentralisation sans moyens à se tourner vers les entreprises.

Attac avait dénoncé en son temps la co-organisation, en octobre 2003, par
l’Institut de l’entreprise et le ministère, d’une opération de propagande
auprès des professeurs de sciences économiques et sociales, présentée comme
une « Université d’automne » au cours de laquelle sont intervenus, sans
contradicteurs, les patrons du CAC 40. Cette « université » doit tenir une
deuxième session les 29 et 30 août prochain, et Attac va exiger qu’elle
revête un caractère contradictoire.

Si « infiltration » de l’école il y a c’est bien par les grandes
entreprises, le Medef et les gouvernements qui y ont mis en oeuvre les
politiques néolibérales.

2.- Attac n’est pas et ne sera jamais un parti politique

Contrairement à ce que prétend Le Figaro, l’objectif d’Attac n’est pas de
« répandre une idéologie d’extrême-gauche partout ailleurs discréditée ».
Attac n’est pas une organisation d’extrême-gauche ou de quelque obédience
partisane que ce soit.
On comprend que, pour nourrir la copie, s’échafaudent au mois d’août mille
hypothèses sur la candidature présidentielle d’un tel ou d’une telle en
2007, sur les coalitions au sein du PS ou sur les formes de recomposition de
la gauche. Mais Attac n’a rien à voir avec ces supputations. Elle entend
rester à l’écart de toute opération d’ingénierie, de rassemblement ou de
recomposition politiques.
Attac, comme elle l’a déjà rappelé à de nombreuses reprises, ne présentera
ni ne soutiendra aucun candidat à quelque élection que ce soit. A cet égard,
le Bureau d’Attac réaffirme sa solidarité avec le président de l’association
qu’il est ridicule de mettre sur les rangs pour 2007 comme l’annonce Le
Figaro. Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action et
entend bien le rester.

L’action d’Attac pendant la campagne référendaire, de ses adhérents et
comités locaux, amène Le Figaro à considérer que l’association « s’est
comportée comme un vrai parti politique ». Et le journal multiplie les
exemples : « interventions médiatiques, mobilisations des militants,
multiplication des réunions publiques, distribution de tracts, participation
à des meetings [.] une organisation, des militants, un réseau, des moyens et
une cause à défendre ». La seule différence avec les partis ou les
syndicats, selon Le Figaro, serait « l’absence, pour l’instant, de
candidature aux élections ».
Rappelons une évidence : ces formes d’action militantes ne relèvent pas
seulement des partis politiques. C’est ce que font quotidiennement les
organisations syndicales et de nombreuses associations.

En déconstruisant l’idéologie néolibérale, en combattant les mesures qu’elle
inspire aux plans national, européen et mondial, et surtout en montrant que
des alternatives sont possibles à ces différents niveaux, Attac se situe
bien dans le débat politique, mais sur un registre différent, et non
concurrent, du champ politique des partis. Elle l’a montré dans la campagne
du « non », et elle va continuer à la faire dans les prochaines semaines et
les prochains mois, avec les autres Attac d’Europe, en faisant des
propositions précises sur le modèle social européen, sur la démocratisation
des institutions européennes.

De la même manière, l’association continuera ses campagnes nationales,
européennes et internationales pour, entre autres, l’annulation de la dette
des pays du tiers-monde, pour l’instauration de taxes globales, contre les
paradis fiscaux, pour l’éradication de la pauvreté dans le monde, pour une
santé et une Sécurité sociale solidaires, contre la marchandisation et la
privatisation de l’ensemble des activités humaines et donc contre l’AGCS
pour des services publics de qualité et pour le plein emploi.

Même si Attac a divergé avec les partisans du « oui » socialiste au
référendum, l’association souhaite avoir de bonnes relations avec le Parti
socialiste, comme avec les autres formations démocratiques pour mener toutes
les actions communes possibles sur les objectifs mentionnés plus haut.

Le Figaro compare de manière scandaleuse l’action de l’association à celle
des sectes religieuses aux Etats-Unis, qui mènent campagne pour interdire
l’enseignement de la théorie de l’évolution ; aux livres de géographie de
certains pays arabes où Israël ne figure pas et est remplacé par Palestine ;
ou à la Roumanie de Ceaucescu. Attac joue en réalité un rôle de salubrité
publique en démontant les mécanismes des politiques néolibérales dont les
résultats sont catastrophiques.
Quant aux « relents anti-sémites » dont Le Figaro accuse « certains » des
membres de l’association, il s’agit d’une allégation d’une extrême gravité
contre laquelle Attac se réserve le droit de donner les suites judiciaires
qui s’imposent.

Manifestement les 30 000 adhérents d’Attac (et non, pour l’instant, 36 000
comme il le prétend) inquiètent beaucoup Le Figaro C’est une raison
supplémentaire pour appeler nos adhérents à renforcer les effectifs de
l’association en appelant tous ceux qui partagent nos combats à nous
rejoindre !

Pour celles et ceux qui veulent réellement savoir ce qu’est Attac, qui sont
ses militants, et ce que signifie pour eux « éducation populaire », le moyen
le plus simple est de participer aux deux évènements organisés par
l’association à la fin du mois d’août :

 les Chemins de découverte, à Châtellerault, du 20 au 22 août
(http://www.france.attac.org/r683) ;
 l’université d’été, à Poitiers, du 26 au 30 août
(http://www.france.attac.org/r681).
Contact : Matthieu 01.41.58.17.59

Attac, Paris, 6 août 2005