EDF veut supprimer 6.000 postes arguant d’une concurrence accrue

PARIS (AFP) - EDF (Paris : FR0010242511 - actualité) veut supprimer 6.000 postes d’ici 2007, surtout en France, arguant d’une concurrence accrue et de nouvelles exigences de rentabilité liées à sa récente introduction en Bourse, une décision dénoncée par la gauche et les syndicats mais défendue par le gouvernement.
Cette décision, dévoilée trois semaines après la première cotation du groupe — fraîchement accueillie par le marché — émane du projet industriel d’EDF 2005-2007 qui prévoyait de réaliser une économie de 1,5 milliard d’euros sur les charges de personnel, dont 1 milliard en France. Les grandes lignes étaient connues depuis décembre 2004.

Le groupe avait annoncé que le taux de remplacement des 9.000 départs en retraite calculés sur la période 2005-2007 ne dépasserait pas entre 1 pour 3 départs et 1 pour 4, a rappelé jeudi le PDG du groupe Pierre Gadonneix.
EDF tablait sur des efforts de productivité de 7,5 milliards d’euros d’ici 2007, dont 20% provenaient de la gestion des effectifs. La CGT redoutait alors de 12.000 à 15.000 suppressions d’emplois d’ici 2007.

Compte tenu des objectifs d’embauche de l’ordre de moins d’un millier de personnes par an sur 2006-2007, les suppressions de postes atteignent environ 6.000 postes, a déclaré mercredi la direction. Le groupe comptait en 2004 près de 110.000 salariés en France.
Selon Les Echos de jeudi, qui cite des données communiquées aux syndicats, ce chiffre s’élève en fait à 5.084, certains départs à la retraite ayant déjà eu lieu, sur les 9.000 prévus sur trois ans.

Quelque 3.054 départs "naturels" sont programmés en 2006 et 3.630 autres en 2007, pour 700 embauches prévues en 2006 et 900 autres en 2007.

Pour M. Gadonneix, les suppressions d’emplois devraient permettre d’adapter l’entreprise à l’ouverture du marché et réorganiser le fonctionnement interne du personnel. EDF, qui n’a plus le monopole de la fourniture d’électricité en France, doit affronter de grands groupes européens.

Le patron d’EDF a rappelé que le projet 2005-2007 visait à "recentrer l’entreprise sur l’Europe et la France et à lui donner les moyens de reprendre les investissements. Pour investir, il a été annoncé qu’il y aurait des ressources financières provenant de cessions d’actifs, d’augmentation de capital mais aussi d’amélioration de la productivité", a-t-il dit.

EDF doit négocier avec les syndicats ce dossier en vue d’un comité central d’entreprise prévu le 15 décembre.

Maurice Marion (CGT Energie) juge qu’après l’ouverture du capital, "on est dans une autre logique économique avec plein cap vers le profit", alors que "le contrat de service public qu’a signé l’entreprise appelle au contraire de consolider l’emploi".

La CGT a proposé aux autres fédérations de l’énergie de déposer un préavis de grève pour la mi-janvier sur l’emploi, les conditions de travail et les salaires.

Laurent Fabius (PS) a estimé que "dans cette nouvelle logique, la manière de faire monter le cours, c’est de supprimer les emplois". Le PCF a pour sa part qualifié de "scandaleuse et injustifiable" cette annonce.

Comme pour lui donner raison, le cours de Bourse a pour la première fois dépassé jeudi après-midi les 32 euros depuis sa première cotation le 21 novembre.

Le Premier ministre Dominique de Villepin a affirmé que la suppression de postes à EDF faisait partie des "exigences du monde d’aujourd’hui" car, a-t-il avancé, "comment une grande entreprise comme EDF fait-elle pour être compétitive, comment fait-elle pour se moderniser, comment fait-elle pour rester une grande entreprise mondiale dans le domaine énergétique ?"