NON A LA PRIVATISATION DE GAZ DE FRANCE

NON A LA PRIVATISATION DE GAZ DE FRANCE

Déclaration du Conseil d’administration d’Attac France

Le Conseil d’administration d’Attac-France, réuni le 09 septembre 2006 se
joint à la mobilisation contre le projet de loi organisant, par la fusion
avec SUEZ-Electrabel, la privatisation de Gaz de France. La décision
gouvernementale de fusion est une réponse à la reconfiguration brutale par
voie d’OPA hostiles du secteur énergétique en Europe, conséquence de la
libéralisation de l’énergie décidée en 2002 au sommet de Barcelone. Elle
conduit à laisser au marché la décision des choix énergétiques cruciaux pour
répondre aux enjeux climatiques et à l’épuisement des énergies
non-renouvelables.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que la majorité de droite renie la loi,
votée en 2004, qui affirmait que la part de l’état ne pouvait pas être
inférieure à 70 % du capital de GDF. Dans le capital de la nouvelle société
fusionnée, la part de l’état ne sera plus que de 34,6 %. Il n’y a que les
intégristes libéraux pour voir dans cette fusion une nationalisation de
SUEZ, l’Etat ayant une minorité de blocage et encore seulement pour quelques
décisions précises (cessions d’entreprises, acquisitions), les décisions au
jour le jour étant prises en fonction de l’intérêt des actionnaires. Ce que
le gouvernement ne dit pas aux citoyens (nes) et au parlement Français,
c’est l’exigence de la commission européenne sur le fonctionnement du
secteur gazier et le devenir de l’outil public qu’est GDF dans notre pays.

Ce refus de la transparence, sur un sujet aussi important, est inadmissible.

Ainsi, la commission européenne estime que les tarifs du gaz sont trop bas
en France pour que des concurrents puissent entrer sur le marché, faute de
rentabilité : pour satisfaire au principe de la concurrence, il faut donc
que ces tarifs augmentent et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’est
prononcée pour la fin des tarifs régulés et pour la généralisation des prix
du marché.

La nouvelle société fusionnée deviendrait de fait un concurrent pour une
autre grande entreprise publique, EDF. Pour faire face, EDF, qui aura besoin
de capitaux, sera poussée à la privatisation. Dans ce contexte, aucun débat
public, assurant la transparence des choix énergétiques exigée aujourd’hui
par les citoyens, ne sera possible.

Comme lors du rachat du groupe Electrabel par SUEZ, des pertes d’emploi
auront lieu. Quel avenir pour les salariés des deux sociétés énergétiques
ELYO (SUEZ) et COFATHEC (GDF) qui risquent de faire double emploi ?

La prise en compte conjointe des contraintes écologiques et des exigences
sociales en matière d’énergie doit permettre de promouvoir à la fois une
politique volontariste et décentralisée de recherche et mise en application
des énergies renouvelables pour lutter contre les émissions de gaz à effet
de serre et pour assurer la reconversion énergétique, et une politique
permettant le droit d’accès pour tous à l’énergie.

Or, l’ouverture au marché de l’énergie s’inscrit dans la construction
européenne d’un marché de l’énergie, contradictoire avec la mise en oeuvre
d’une transition énergétique et avec la nécessité d’investissements à long
terme.

Attac France demande à tous les candidats aux futures élections,
présidentielles et législatives de s’ engager dès maintenant à lancer un
débat public sur les questions énergétiques, associant les citoyen(ne)s dans
la perspective de reconstruire un grand service public de l’énergie. Pour
cela un bilan des choix précédents d’EDF et de GDF, aussi bien en matière de
choix énergétiques que de stratégies industrielles et financières en France,
en Europe et dans les pays du sud, devrait accompagner la nécessaire
renationalisation d’EDF et de GDF, condition nécessaire pour que les choix
en matières énergétiques puissent être débattus par les citoyens et décidés
démocratiquement. En préalable, la France doit retirer sa signature des
accords de Barcelone et exiger une nouvelle négociation européenne afin que
le secteur de l’énergie échappe au droit de la concurrence.

Attac France s’associe à l’appel lancé par toutes les fédérations syndicales
des industries électriques et gazières à se rassembler lors des
manifestations régionales du 12 septembre, et à élargir la mobilisation à
tous les citoyens, au côté des personnels en grève. Ne laissons pas le
gouvernement livrer Gaz de France à la finance et à quelques gros
actionnaires. Ne laissons pas quelques groupes de pression, publics ou
privés, arbitrer les choix énergétiques.

Montreuil,
Le 9 septembre 2006

Voir en ligne : http://www.france.attac.org/a6581