Ciné Débat d’Attac Paris 12e : L’eau la terre et le paysan

jeudi 4 novembre 2010

L’eau la terre et le paysan de Christian Rouaud

(France 2006 56 mn)

Après la grève de la faim de syndicalistes de la Confédération paysanne à la maison du lait, regard sur la crise du monde paysan : Les algues vertes de la baie de saint brieuc sont le résultat visible de la course folle de l’agriculture productiviste . Mais il y a aussi l’asservissement du paysan aux intérêts de l’industrie. Comment s’en sortir ?
Débat animé par Gilles Lemaire Attac France

Suivi d’un buffet garni par vous même.

Sur le film voir l’article de Michael Hoare publié sur le site "Autour du 1er Mai :
Christian Ruaud, dans L’Eau, la terre et le paysan nous amène dans la ferme de Joseph et Suzanne Dufour à côté de l’embouchure de l’Ouessant en Bretagne, près de Saint Brieuc. Le film démarre avec la caméra plantée à côté de Joseph, dans une voiture, et c’est en sa compagnie que nous ferons ce bout de route. Il n’y a plus de touristes, explique-t-il. Les maisons d’été sont vides. Les algues ont tout envahi. Elles couvrent de leur masse nauséabonde tout le bord de mer qui autrefois attirait tant de monde. Elles sont épaisses, visqueuses, malodorantes.

Joseph fait partie de la quatrième génération de paysans-éleveurs qui vivent dans une ferme à deux pas de la mer. Dans le film, il nous mène à travers un cheminement de monstration et de démonstration, de rencontres, de discussions et de visites avec des voisins, dans des lieux et des sites multiples pour nous expliquer pourquoi l’élevage productiviste à l’américaine provoque des dégâts considérables sur l’écosystème des côtes bretonnes, et les tentatives que lui, il fait pour en sortir.

Joseph Dufour est d’autant plus habilité à parler de cette modernisation qu’il a fait partie de ses promoteurs et acteurs. Étudiant en école d’agriculture pendant la glorieuse épopée du remembrement et de la mécanisation de la Bretagne, il connaît tout des piqûres, des aliments complémentaires, de l’azote et des engrais nécessaires pour produire toujours plus par hectare. L’eau, dit-il, on ne s’en souciait pas du tout.

Puis il nous amène sur le bord de la mer où nous rencontrons Didier Dubois dont le métier était la production de coquillages. Aujourd’hui celui-ci est inactif, car ses moules sont impropres à la consommation.

C’est à partir de ce constat, visible, du résultat d’une course folle à la quantité et aussi à l’asservissement du paysan aux intérêts de l’industrie, que Joseph Dufour mettra en question ses certitudes.Elles tomberont les unes après les autres.

La solution qu’il trouvera est dans une agriculture non seulement « bio », mais repensée dans toutes ces facettes et toutes ces pratiques, dans le respect de ce que peut et ne peut pas supporter la terre. En racontant les dégâts provoqués par l’épandage de la lisière de vache ou de porc, il prend conscience qu’on ne peut pas, en voulant gagner sa vie, empêcher le voisin d’en faire autant. Un des mouvements les plus stimulants du film est la manière dont le personnage principal narre ses propres résistances aux idées et aux pratiques nouvelles, ses doutes et ses hésitations. Il y a une scène, notamment autour de l’arrachage ou du replantage des haies, où père et fils s’opposent car son père, aujourd’hui retraité, a soutenu avec énergie dans les années 70 la mécanisation considérée comme un progrès considérable. Et le père trouve les idées écolos de son fiston absurdes et fantasques. Et en effet, le film nous montre bien qu’il faut une considérable force de conviction et de constance pour s’opposer à la logique « évidente » du marché.

Entre rencontres, interviews, témoignages, visites, ce film est un reportage un peu conventionnel peut-être, mais proche, amical et chaleureux qui nous fait découvrir un pays à la recherche d’une autre manière de vivre et de produire.

voir des extraits du film :