RETRAITES : assez de mensonges

mardi 24 septembre 2013
par  Attac Paris 12

Dans le cadre de la campagne d’information des comités locaux d’Ile de France( en savoir plus ) , la conférence débat organisée par le comité local d’Attac Paris 12 le mardi 24 septembre était animée par Daniel Rallet, professeur en économie sociale, militant FSU, membre du CA et du conseil scientifique d’ATTAC.

Devant la véritable difficulté de rendre compte de ce genre de débat, mais pour en garder autant que possible la mémoire, ce qui suit est en quelques sortes un compte-rendu de ressenti loin de refléter la totalité des apports de dette réunion.

Si vous souhaitez en savoir plus, procurez-vous dans les bonnes librairie ou auprès des militants d’Attac le dernier ouvrage publié par un collectif Attac/Fondation Copernic aux éditions Syllepse :
Retraites:l’alternative cachée
dont les signataires sont J.M. Harribey, Christiane Marty, Pierre Khalfa, Marc Mangenot,
Daniel Rallet, Rozenn Perrot et Bernard Tepper.

Le débat reste ouvert : retournez-nous vos commentaires à l’adresse :
paris12@attac.org
nous y réagirons sur ce site

Sous couvert de la crise ouverte en 2007, cette quatrième réforme des retraites depuis 1993 repose sur une série de mensonges destinés à mettre en pièce la protection sociale pour laquelle des millions de salariés cotisent, durant toute leur vie professionnelle, dans l’espoir, à la fin de leur vie de bénéficier d’un repos mérité.

Prétendre augmenter la durée de cotisation, lorsque près de la moitié des seniors licenciés et rejetés du monde du travail avant 60 ans ne cotisent plus à leur caisse de retraite, c’est condamner ceux là à une décote importante et une retraite plus faible, sans pour autant faire rentrer plus de cotisations au bénéfice de ceux qui seront condamnés à travailler plus longtemps. C’est aussi au détriment de l’emploi des jeunes, soumis au chômage avant même d’avoir commencé à travailler.

Les jeunes sont visés en particulier dans ces réformes en série, des jeunes d’aujourd’hui qui, au rythme ou vont les choses, verront mis en miettes un régime de retraite par répartition pour lequel ils auront cotisé leur vie durant.

Les revenus de ceux qui sont déjà en retraite ou qui y partiront bientôt sont aussi dans le collimateur : aux effets des réformes précédentes vont s’ajouter de nouvelles mesures telles que celles déjà plus ou moins annoncées : Augmentation de la CSG pour les retraités, condamnés à la double peine de payer encore pour bénéficier d’une retraite qu’ils ont déjà financé leur vie durant, alignement des prestations sur les prix et non plus sur les salaires, etc. ..

Salariés et entreprises supporteront des augmentations de cotisations, mais pour les entreprises, des compensations sont prévues, dont des crédits d’impôts qui compenseront globalement le petit effort à elles demandés.

« des l’ors que l’on vit plus longtemps,on doit travailler un peu plus longtemps » : Stupidité ! Au XIXe siècle, on vivait bien moins longtemps, et on travaillait deux fois plus longtemps. Il est vrai (note personnelle) que les conditions du travail dans certains secteurs commencent à nous rappeler celles décrites dans « Germinal »...(on en reparlera dans le débat).

A Attac, et dans bien d’autres mouvements politiques, il se dit que l’objectif caché, c’est la retraite par capitalisation : Vrai mais pas seulement. C’est une option politique dans laquelle le revenu quand on ne travaille pas ou plus, repose sur la rente financière, la capitalisation, l’épargne retraite, bref l’accumulation et la manipulation de capitaux et tant pis pour ceux qui ne gagnent pas assez pour entrer dans le jeu. Cette option est cohérente avec la financiarisation de l’économie accélérée depuis les années 80.

La retraite par répartition a évoluée : La cotisation s’est dématérialisée, le résultat n’en dépend plus, la retraite est devenu un enjeu politiques. L’avenir du système repose moins sur son équilibre financier (qui est la résultante des choix qu’on fait sur la répartition des richesses) que de la finalité que l’on lui attribue : Déjà de plus en plus nombreux sont les retraités dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté : faut-il continuer à conduire les retraités dans un état de pauvreté relevant de l’assistance sociale ?

Il faut donc modifier la répartition des richesses : c’est ce qu’on appelle à Attac provoquer un Choc de répartition. On remarquera que dans toutes les hypothèses envisagées pour re-financer les caisses de retraites, aucune n’envisage de redistribuer une partie des richesses indûment transférées de l’économie réelle à la sphère financière.

On dit que les caisses sont vides et les media complaisants répandent l’idée que c’est lié aux dépenses sociales, d’où des politiques d’austérité qui ne font qu’aggraver le niveau de la dette publique.

Pour l’intervenant, la première des actions nécessaire pour sortir de cette situation est de faire circuler l’information et c’est précisément la raison de cette série de conférences en Ile de France et c’est à chacun des participants de la relayer, dans son entourage, sa famille, ses amies, etc. ..

Le débat s’engage, animé, parfois un peu erratique, dans lequel on ressent la frustration pour beaucoup de ne pas même entrevoir de solutions viables.
Le gouvernement actuel prétend mener une réforme « juste ». On voit ce qu’il en est et on doit penser qu’on ne peut gouverner longtemps sur un tel mensonge. Cette situation n’est pas circonscrite à la France : on a pu constater, c’est un fait nouveau mais avéré en Europe, qu’il y a des gouvernements qui assument sous la pression lobbyiste le risque de perdre les prochaines élections : Il est urgent d’inverser le rapport des forces.
Le sentiment d’impuissance qui prévaut ne veut pas dire résignation : L’opinion publique semble installée dans la passivité d’une attente, mais déjà dans certains pays (Grèce, Espagne …) cett situation pourrait évoluer vers une explosion.
Quelles alternatives ? En Espagne, en Grèce, la situation sociale renvoie à celle de 1929, avec des alternatives de manifestations et de résignation, mais le couvercle de la marmite peut sauter à tout moment. Rester attentif et en parler entre tous est important, il faut travailler à la mobilisation.
Le rôle des syndicats est mis en cause : leurs divisions, leurs contradictions, certains parlent de trahisons. C’est un fait, qui repose sur des histoires différentes et sur le caractère plus ou moins participatif des cultures syndicales. L’unité est plus compliquée à obtenir parmi les 99% de citoyens que parmi les 1% d’oligarques. Il faut du temps et il faut y travailler tous, encore un travail citoyen.
Il nous faut, tous ensemble et chacun de son côté, déconstruire les éléments de langage de la construction médiatique libérale, car la guerre qu’on nous mène passe aussi par les mots.

C’est un combat pour la démocratie dont nos sommes à même de constater les conséquences économiques et sociales.


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