Agir réellement face à l’urgence écologique

vendredi 3 août 2007
par  Attac Paris 12

Qu’est-ce que c’est qu’un « Grenelle » ?

Cette expression fait référence à mai 68. Curieux, de la part d’un Président de la République qui veut effacer jusqu’au souvenir de ce mois célèbre ! Or, si des négociations sociales eurent lieu à ce moment-là « rue de Grenelle » entre gouvernement, patronat et syndicats, c’est parce que dix millions de salariés occupaient leur lieu de travail et que la rue parlait.
La situation est totalement différente aujourd’hui, où l’État et les multinationales, qui multiplient les atteintes à l’environnement et les délocalisations, refusent de prendre en compte les mouvements sociaux. Le « Grenelle de l’environnement » souhaité par le gouvernement s’inscrira-t-il dans un processus démocratique de réflexion et d’action ? Rien n’est moins sûr.

Des négociations à la marge ?

Alain Juppé, Ministre du développement durable, a déjà averti que le décret d’application pour la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville, publié dix jours avant la présidentielle, ne serait pas modifié.
Dans la foulée, il affirme qu’il ne changera pas grand chose aux programmes de construction d’autoroutes sur lesquelles camions et voitures continueront de brûler le pétrole et d’émettre du carbone dans l’atmosphère.
Et que deviennent les OGM dans les projets du gouvernement ? Pour l’instant, ils continuent de pousser dans les champs, puisqu’on annonce environ 30 000 ha cultivés en France en 2007, soit six fois plus qu’en 2006 ! Parce que 86 % des Français sont hostiles aux cultures OGM en plein champ, parce que les scientifiques les plus sérieux prouvent que les OGM représentent un danger véritable pour la santé et pour la biodiversité, parce que l’autonomie des paysans est menacée par les dépôts de brevets sur le vivant, l’adoption d’un moratoire sur les OGM est un préalable indispensable à toute discussion sérieuse.
Au delà, si Grenelle il doit y avoir, aucun sujet ne doit rester tabou, qu’il s’agisse du nucléaire ou du transport.

Les vrais enjeux de la crise écologique

La crise écologique doit-elle être l’occasion pour le lobby agro-industriel de développer encore davantage l’agriculture chimique, les agro-carburants, le stockage dans le sol du CO2 émis par l’industrie, ou bien doit-elle amener un changement profond des pratiques ?
Tel est l’enjeu du débat public réclamé par les mouvements sociaux et écologistes au nom des intérêts vitaux, et non pas financiers, des populations, des salariés, des paysans et au nom de la préservation de l’équilibre de la planète.

• Attac réclame un vrai débat public sur les choix énergétiques dans la perspective de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
• Nous exigeons un moratoire sur la construction de l’EPR, ainsi qu’un moratoire sur les cultures d’OGM en plein champ comme viennent de le décider l’Autriche, la Hongrie et l’Allemagne.
• Nous refusons la condamnation des faucheurs d’OGM et des lanceurs d’alerte sur des sujets aussi cruciaux.
• Nous demandons une révision urgente de la directive européenne REACH sur les produits chimiques, en partie vidée de son contenu, suite aux pressions des lobbies de l’industrie chimique et de l’agro-industrie sous le regard bienveillant des gouvernements de l’Union européenne.

« La maison brûle » disait l’ancien Président, sans jamais avoir réellement agi en faveur de l’environnement. Les lobbies et le nouveau pouvoir en place doivent cesser d’attiser ce feu.