Est il possible de lutter contre la mondialisation ?

Est il possible de lutter contre la mondialisation ?

La mondialisation est perçue comme une fatalité

D’après nos politiciens, la mondialisation serait une fatalité et il serait impossible de se libérer de cette contrainte.
Pourtant il y a eu dans notre histoire, des moments où la volonté collective s’est exprimée, pendant la Révolution française, à la Libération avec le programme du CNR. Aujourd’hui, comme a dit François Mitterrand en 1983, faisant alors écho à Madame Thatcher « il n’y a qu’une seule politique possible ». Comprenons c’est l’acceptation du marché tout puissant, la soumission à un ordre mondialisé. Le seul défi qui nous resterait serait de faire face au problème de la dette, que celle-ci ne dépasse pas les 60% du PIB (Sachons qu’au Japon, pays dont l’économie est souvent citée en exemple, la dette est à 130% du PIB).
L’humanisme est derrière nous, seule compterait l’économie. La mondialisation occupe tout l’espace public. Il n’y aurait plus aucun débat possible, le discours est devenu dogmatique et ceux qui osent penser, parler, douter, contredire sont considérés comme des hérétiques.
Voilà pourquoi, par provocation vis-à-vis de mes amis d’ATTAC, j’ai dit dans un de mes livres que je n’étais pas altermondialiste. En effet la mondialisation ne peut être changée, la seule issue c’est d’être antimondialiste.

Aujourd’hui penser devient un combat.

Dans un moment où chacun s’accorde à dire qu’on n’y peut rien, le risque pour la pensée c’est la vassalité et le courage serait paradoxalement d’accepter l’inévitable. Souvenons-nous de cette réplique d’un élu de gauche : « Pensez au courage qu’il faut pour faire une politique contraire à ce que nos électeurs souhaitent. » On croit rêver ! Pourtant en 1789 lorsqu’il fut question du vote par ordre, le Tiers Etat quitta la salle, emmenant avec lui une minorité du clergé et laissant la noblesse. L’envoyé du roi ayant demandé à l’assemblée ainsi constituée de se disperser, Jean-Sylvain Bailly répondit : « Je crois, Monsieur, que la Nation assemblée n’a d’ordre à recevoir de personne ». En régression par rapport à cette période, on a admis depuis que l’homme n’est pas maître de son destin.
Les discours politiques actuels vont à l’encontre des droits de l’homme universels. En acceptant le marché comme nouvelle idole, ce sont la volonté collective et la vie publique qui en prennent un coup.
La mondialisation serait l’aboutissement inévitable du développement scientifique et technique et celui du commerce. Pourtant, il y a déjà eu des périodes d’échanges et de progrès scientifique, à l’époque de la ligue hanséatique, à l’époque de la Renaissance. Mais maintenant le commerce est devenu l’alpha et l’oméga des relations humaines. Combien doivent se sentir désavoués les militants des Droits de l’homme et du citoyen, les enfants du siècle des Lumières libérés de toute transcendance, dont le combat a été et demeure l’affirmation de valeurs universelles ?

La responsabilité de la gauche.

La mondialisation apparaît comme la destruction de la République et la dérégulation économique. C’est un choix politique. Or le parti socialiste contribue à nous faire accepter la toute puissance de l’économie de marché .C’est ainsi qu’il a abandonné son rôle de catalyseur d’une réelle opposition. Citons pour illustrer le choix que cette « prétendue gauche » a fait de renier la démocratie lors de la ratification du nouveau Traité européen et d’affirmer sa priorité en faveur du projet d’Europe qui pourtant se bâtit comme une pièce maîtresse dans le grand édifice du libéralisme mondialisé.
Il n’y a pas de démocratie sans peuple or depuis un certain temps il y a remise en cause de la souveraineté populaire. La confiance en l’humanité bat de l’aile et ceux qui respectent la volonté populaire (n’est-ce pas la volonté populaire qui s’est exprimée en votant NON au TCE en 2002 ?) sont taxés de populistes. En 1992, Alain Minc dans un rapport sur la France de l’an 2000 s’exprime ainsi : « si on veut empêcher l’expression de l’élite on tombe dans le populisme ». Dominique Strauss-Kahn écrit dans La Flamme et la Cendre : « Du groupe le plus défavorisé, on ne peut malheureusement pas toujours attendre une participation sereine à une démocratie parlementaire » et Pierre Rosanvallon : « Dans une économie ouverte, la marge de manœuvre est étroite. On n’échange pas que des biens et des services, ce sont des politiques économiques que l’on finit également par importer », ce qui signifie : il faut accepter la contrainte. Antonio Negri : « Il faut revenir à Saint Augustin qui a combattu l’empire romain », il oublie que Constantin et Théodose se sont bien servis de l’empire romain.

Conclusion

Il faut retrouver l’homme relié à tout. Or loin des engagements humanistes dont elle fut issue la « Gauche » doute de l’humanité.
Retrouvons la pensée humaniste, revalorisons la Nation et l’Etat comme des concepts politiques. Il n’y a rien d’archaïque en cela. Je le redis, penser est un combat, refusons d’être les vassaux de la pensée dominante. Réapproprions-nous l’espace public.