Super Profiteurs, le petit livre noir du CAC 40 - 3

3ème partie - Quel monde contribuent-ils à créer ?

 VIII Une lourde responsabilité climatique

 90 entreprises sont responsables de 63% des émissions de gaz à effet de serre : entreprises pétrolières et charbonnières (Total au 7ème rang), cimenterie (Lafarge) et sidérurgie (Arcelor) et tous les secteurs industriels (automobile, aéronautique, grande distribution, chimie, agro-industrie) dépendants de ces énergies.

  • Total, criminel climatique

Total multiplie les annonces en faveur de transition mais a en réalité de nouveaux projets d’extraction d’énergie fossile dont le projet en Ouganda (pétrole).
Il est de plus impliqué dans ces bombes climatiques que sont les champs gaziers offshore du Qatar.
Pour atteindre dans ces conditions une neutralité carbone, Total mise sur la coûteuse et potentiellement dangereuse « capture-séquestration du carbone » et sur les puits de carbone (reforestation mais au détriment des communautés locales), techniques dont l’efficacité n’est pas prouvée.
Total reconnaît avoir émis 436 millions de tonnes équivalent CO2 en 20021 mais selon Greenpeace pas moins d’1,6 Milliard de tonnes.

  • Airbus, Engie, BNP : les autres mégapollueurs du CAC40

Airbus : 465 millions de tonnes équivalent CO2 en 20021, utilisation des avions comprise.
Engie a revendu ses centrales charbon qui continuent à polluer sous d’autres propriétaires.
BNP Paribas, financeur des énergies fossiles, projets pétroliers ou gaziers.

  • L’impasse productiviste

 Depuis l’accord de Paris, pas de véritable recul des émissions cumulées des grands groupes.
Les émissions de gaz à effet de serre des plus grands groupes français représentent 5% des émissions mondiales.
Kering et Loréal ont augmenté les émissions de 30 et 6,5% du fait de l’expansion de leurs activités ;
Les émissions « déclarées » peuvent être sujettes à caution mais, surtout, de grandes entreprises refusent de communiquer leurs chiffres : BNP Paribas, Crédit Agricole mais aussi Carrefour au niveau de sa chaîne d’approvisionnement.

  • Du déni aux fausses solutions

Dès les années 70, Total, parfaitement au fait des effets néfastes de des activités, en organise le déni et fabrique volontairement l’ignorance (agnotologie).
Aujourd’hui, les groupes du CAC 40 reconnaissent la crise et se disent prêts à agir pour le climat mais emploient en sous main leur lobbies à repousser toute réglementation contraignante. Ils proposent également, au lieu de la nécessaire sobriété, des solutions qui obéissent à la même logique productiviste.
Les industriels ont lancé une grande offensive de lobbying pour contrer les 150 propositions de la convention citoyenne pour le climat et proposer en leur place les techno-solutions qui préservent leurs activités (avion vert, automobile électrique, numérisation) et seront de nouvelles occasions de solliciter des aides de l’état. Ces "solutions" ne règlent que très partiellement les problèmes et en créent d’autres à venir.

  • Une responsabilité historique

Lors de la COP 27 de 2022, la question s’est posée d’un mécanisme de financement des"pertes et dommages" climatiques dont les pays riches sont plus responsables que les pays du sud. Il serait logique que les entreprises pétrolières générant des superprofits y contribuent.
Devant leur peu d’empressement à assumer leurs responsabilité un recours aux tribunaux reste possible. Ainsi Total et BNP Paribas ont été attaqués en justice pour leur non respect des engagements climatiques.

IX Un fardeau pour les peuples et la planète

  • Des travailleurs et travailleuses cachés avec peu de droits

Les multinationales emploient dans leurs chaînes de valeur un nombre de travailleurs souvent supérieur à celui des emplois directs. Ainsi Carrefour avec un effectif officiel de 380000 employés directs recourt à 3,3 Millions de travailleurs dans ses chaînes de valeur.
Ces travailleurs "cachés" ont généralement des droits moindres et se recrutent de préférence dans des pays où la syndicalisation est absente. Loin de les protéger, les multinationales ne font qu’aggraver leur condition avec des exigences de rentabilité toujours plus grandes.

Le recours à des sous-traitants et sous-traitants de sous-traitants rend plus difficile et plus opaque la situation de ces employés. Certains des ouvriers textiles de l’atelier du Rana Plaza travaillaient sans doute, malgré les dénégations du groupe, pour des sous-traitants de Carrefour ou Auchan. De même on peut s’interroger sur l’implication de Vinci ou Bouygues dans le traitement scandaleux des travailleurs du Qatar, sur les chantiers de la coupe du monde.
Aujourd’hui, les multinationales (dont Alstom, Kering et le secteur automobile) investissent dans la région du Xinjiang où Pékin organise le travail forcé des Ouïghours.

  • La lourde empreinte écologique des géants français.

Les dégâts des grandes entreprises ne concernent pas seulement les gaz à effets de serre mais aussi l’eau, l’eau, le soja, l’huile de palme, les déchets.
31/40 des entreprises du CAC 40 ont consommé en 2021 10000 Milliards de litres d’eau (lac d’Annecy X 9). En tête des consommations : Engie, Arcelor Mittal, Air liquide, TotalEnergies.
La consommation de soja, d’huile de palme, de lait et de viande produits sur un modèle de monoculture industrielle a pour conséquence la déforestation (Amazonie, Indonésie, Malaisie) et l’appauvrissement de la biodiversité animale et végétale. S’y ajoutent la surconsommation de bois (dont l’hévéa pour les pneus) et la surpêche de poissons sauvages.
L’exploitation des minerais et hydrocarbures entraîne une importante pollution des eaux et de l’air.
Cette consommation vorace s’accompagne d’une énorme production de déchets et particulièrement de déchets plastiques.

  • Des écosystèmes et leurs habitant-es sacrifié-es sur l’autel de la croissance

Ce sont les populations du sud dont l’écosystème assure la subsistance alimentaire qui sont les principales victimes de l’appétit des multinationales. Au Niger, l’exploitation de l’uranium par Areva a de lourdes conséquences sanitaires sur les travailleurs et les riverains privés de protection et de compensations. Citons aussi an Afrique l’huile de palme (Bolloré) et les forages et constructions d’oléoducs en Ouganda et Tanzanie.

  • Irresponsabilité organisée

Les multinationales françaises s’abritent derrière leurs programmes affichés de RSE (responsabilité sociale d’entreprise) qui ne s’accompagnent d’aucun mécanisme de contrôle ou de sanction.

Le droit national et international rend difficile la responsabilisation des multinationales car en droit le groupe n’existe pas mais seulement des filiales liées entre elles, si bien que la société mère échappe à toute poursuite en cas de faute d’une de ses filiales et plus encore s’il s’agit de sous-traitants.
En 2017, pour remédier à cette architecture d’impunité la France a quand même adopté la loi sur le devoir de vigilance des multinationales qui a permis un certain nombre de procès par exemple contre TotalEnergie pour ses projets en Ouganda.

X Leurs amis les dictateurs

Les grands groupes affichent une neutralité politique mais, en fait, confortent les régimes qui recourent à eux pour la réalisation de leurs projets. Lafarge a ainsi contribué à la construction du mur avec le Mexique voulu par Trump.
TotalEnergie investit en Russie en 2014 au moment même de la 1ère guerre d’Ukraine.
De nombreuses entreprises y développent des projets comme le Yamal LNG : extraction et liquéfaction de gaz naturel de l’arctique conduit par TotalEnergie et Novatek. Jusqu’en 2022, Poutine pouvait afficher sa proximité avec les grands patrons du CAC 40. Aujourd’hui, malgré les sanctions Vinci et Auchan sont encore présents en Russie.

  • La démocratie, pas si bonne pour les affaires ?

Les se succèdent entreprises du CAC 40 trouvent auprès des régimes autoritaires des réglementations moins contraignantes et de la main d’oeuvre plus docile, exemplairement en Chine. Elles soutiennent même activement la répression de dissidents par la vente d’armes ou de matériel de surveillance.

  • La Françafrique

À partir des années 60, succède à de la domination coloniale une collaboration de la diplomatie et des multinationales françaises avec les élites locales pour exploiter les ressources naturelles en Afrique. Des liens s’établissent avec de nombreux gouvernements autocratiques.

Les scandales émaillent son histoire (Angolagate). Total hérite des liens d’Elf Aquitaine avec les pires autocrates du continent. . Les « paradise papers » ont révélé l’aide que Total et BNP Paribas ont apporté à Sassou Ngesso (Congo) pour ses montages offshore et le pillage des richesses du pétrole. La société générale à aussi été mise en cause dans des affaires de « biens mal acquis » pour avoir aidé au détournement des revenus publics par les grandes familles locales.
Bolloré est connu pour être très présent en Afrique et lié au gouvernements locaux.

  • Les ventes d’arme, une passion française

Les clients étaient depuis longtemps les pays africains mais maintenant surtout ceux du Moyen-Orient. Entre 2012 et 2021 les meilleurs clients ont été l’Egypte, l’Inde, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Ces armes ont servi la répression et des crimes de guerre, par exemple au Yemen. Dassault est reçu magnifiquement par Al Sissi dans sa résidence parisienne.
Il y a une grande opacité sur ces ventes d’armes et leur destination alors que la France est signataire du Traité sur le commerce des armes.

  • Le Qatar, actionnaire et client du CAC 40

Client et pourvoyeur de fonds. Sous Sarkosy acquiert des participations à LVMH (1%), Total( 2%) de 3%, Suez environnement, Véolia, Lagardère (13%), Vinci et Accor (ces 2 derniers principaux bénéficiaires des J.O. au Qatar.
Total a été retenu pour l’exploitation du plus grand gisement de Gaz, énorme bombe climatique.

  • Trump et Bolsonaro, amis honteux

S’il n’y a pas vraiment de liens personnels avec Trump et Bolsonarao, les entreprises du CAC 40 ont largement profité des opportunités offertes par leur élection pour investir dans des projets écocides (Hydrocarbures aux Etats Unis, Agro-alimentaire au Brésil).