Attac interpelle le Medef sur le libre-échange, les inégalités, l’évasion fiscale et le climat

, par Attac France

Ce 22 mai, Esther Jeffers et Dominique Plihon, membres respectivement du conseil scientifique et du CA d’Attac, ont rencontré, à sa demande, Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, qui était accompagné de Christine Lepage, responsable de la direction internationale et de Guillaume Leblanc, responsable de la direction des affaires publiques.

Les représentants d’Attac ont indiqué d’emblée qu’ils souhaitaient aborder quatre questions, au centre des objectifs d’Attac.

Attac a affirmé son opposition au libre-échange généralisé et, en particulier, aux traités de libre- échange entre l’Union européenne et les pays africains (APE), le Canada (CETA), le Japon (JETA) et les États-Unis-Unis (TAFTA). Attac considère que ces traités sont conclus d’abord dans l’intérêt des multinationales, et non dans celui des populations, car ils se traduisent notamment par un nivellement vers le bas des normes sociales, sanitaires et écologiques, et par une réduction de la souveraineté des États et de leur capacité de régulation. La réponse du Medef est qu’Attac se trompe de cible, car ces questions de normes sont secondaires, et le vrai défi est la montée en puissance de la Chine.

Attac a ensuite interpellé le Medef sur l’inégalité de genre au sein des entreprises, avec les écarts de salaires de 9% à travail égal entre les femmes et les hommes, et de 25% en moyenne tous postes confondus. Le Medef a répondu que cette question était en voie de résolution par la loi Pénicaud qu’il soutient. Attac a également interrogé le Medef sur la mise en place d’un congé paternité plus long, obligatoire et mieux rémunéré. La réponse du Medef est que cette mesure ne peut avoir lieu sans un allongement de la durée du travail.

Attac a, en troisième lieu, demandé au Medef d’expliquer comment il se positionne sur la lutte contre l’évasion fiscale qu’il déclare ne pas cautionner. Le Medef s’oppose à la fraude fiscale, mais pas à l’optimisation fiscale agressive, pourtant une source importante d’évitement fiscal des grandes entreprises. L’existence de cette évasion fiscale est considérée comme normale par suite du manque d’harmonisation des législations fiscales nationales, et du niveau excessivement élevé des prélèvements obligatoires en France.

Enfin, Attac a interrogé le Medef sur sa politique face à l’urgence environnementale et climatique, son président ayant évoqué publiquement la responsabilité sociale des entreprises à ce sujet. Attac a demandé si le Medef était favorable à l’obligation d’un reporting transparent et vérifiable des entreprises sur leurs objectifs de réduction d’émission de CO2, et sur la suppression des exonérations fiscales concernant les sites les plus polluants en France. La réponse du Medef est qu’il n’est pas climato-sceptique, qu’il est favorable à la taxe carbone, mais qu’une grande partie des difficultés provient du comportement des usagers, en citant les difficultés à appliquer une taxe sur le prix des canettes.

L’échange jugé « musclé » par Geoffroy Roux de Bezieux, qui a qualifié d’ « irréalistes » les positions d’Attac, a montré sans surprise l’ampleur des divergences de vues entre le mouvement altermondialiste et le Medef.

Voir en ligne : https://france.attac.org/actus-et-m...