Reprendre le contrôle sur les logiciels
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Que vous retirez de l’argent dans une banque éthique ou non, des logiciels s’exécutent afin de traiter votre demande. Même pour écouter la radio, faire une pizza, commander un taxi, etc... De plus en plus de personnes utilisent des logiciels. Le terme logiciel est souvent omis. On y préfère les termes numériques, applications. Il y a quelques années, les « technologies de l’information et de la communication » occultaient déjà la séparation entre matériels et logiciels !
En utilisant les termes polysémiques, sans le vouloir, on joue la confusion. A l’origine le terme numérique permettait de qualifier l’information ayant été quantifiée et échantillonnée, par opposition à une information dite « analogique » [1]. L’expression "numérique" fut ensuite reprise par les médias, les dominants pour désigner une convergence entre différents médias, différents secteurs économiques préalablement disjoints, etc...
En bref, les termes employés autour de l’informatique sont devenus de plus en plus vague au fur et à mesure où la concentration capitaliste des acteurs économiques a fait qu’une marque, possédée par un holding financier, représente à la fois, un ordiphone, une télévision en ligne, des lunettes, une montre, une voiture, etc...
Les libertés
Le logiciel traite l’information. Le contrôler, c’est contrôler votre vie privée, votre liberté d’opinion, etc... En France, le logiciel est protégé par le droit d’auteur. De grandes batailles ont été menées et le seront encore dans le futur, pour que le logiciel ne soit pas soumis au droit des brevets comme c’est le cas pour le matériel. Car si tel était le cas, cela signifierait, par exemple, qu’une entreprise puisse toucher des royalties à chaque fois que vous installez un logiciel qui va vous permettre de sélectionner quelque chose dans un menu.
Richard Stallman [2], quand il vient en France, résume le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité.
- Liberté, parce que les logiciels libres respectent la liberté de leurs utilisateurs ;
- Égalité, parce que dans la communauté des logiciels libres, tous les utilisateurs sont égaux : personne n’a de pouvoir sur personne ;
- Fraternité, parce que les logiciels libres encouragent la coopération entre les utilisateurs.
Avec un programme, il n’y a que deux possibilités, soit les utilisateurs ont le contrôle du programme, soit le programme a le contrôle des utilisateurs. Le premier cas s’appelle le logiciel libre, car pour pouvoir contrôler le programme, les utilisateurs ont besoin de plusieurs libertés et ces libertés sont la définition même d’un logiciel libre. Il y a en quatre :
- La liberté n°0 est celle de pouvoir exécuter le programme librement ;
- La liberté n°1 est la liberté d’étudier le programme et de pouvoir le modifier selon ses besoins ;
Avec ces deux première libertés, l’utilisateur a le contrôle seul mais il faut aussi un contrôle collectif d’utilisateurs qui souhaiteraient coopérer... - La liberté n°2 est la liberté de diffuser des copies de la version originale ;
- La liberté n°3 est la liberté de diffuser des versions modifiés.
Si les utilisateurs n’ont pas ces quatre libertés essentiels, ils n’ont pas le contrôle effectif du programme et c’est le programme qui a le contrôle des utilisateurs. Ce programme est alors appelé « programme privateur » car il prive de la liberté. Un programme privateur soumet ses utilisateurs et donc génère un système de pouvoir injuste, un système social pas éthique. L’utilisation dans la société d’un programme privateur est un problème social : il faut chercher à résoudre ce problème en limitant l’utilisation de programmes privateurs.
Cette distinction entre logiciel libre et logiciel privateur n’est pas une distinction technique. Il ne s’agit pas des fonctionnalités du logiciel, ou de comment fonctionne le programme, ni de comment a été écrit le code du programme, qui sont des questions techniques. La distinction entre logiciel libre et logiciel privateur est une distinction éthique, sociale et politique et est donc plus importante et plus profonde.
Le logiciel privateur gangrène notre société, qu’on l’utilise sous forme d’application mobile ou de service en ligne, on le fait pour de bien mauvaise raison. La plupart du temps, on le fait parce que le voisin, copain le fait... Bref, c’est la pression sociale : on a peur d’être vu comme un ignare si on a pas de compte Facebook ! Le rôle de l’éducation populaire ne serait-il pas alors de donner aux gens les moyens de comprendre ces enjeux ?
Bien souvent, il existe des alternatives libres à tous les logiciels que vous utilisez quotidiennement. Voir même souvent, vous utilisez du logiciel libre sans le savoir (votre navigateur Internet dialogue souvent avec des logiciels libres pour vous afficher la page souhaitée). Mais peu de gens ont pour le moment compris l’importance de faire ce choix : utiliser un logiciel libre plutôt qu’un autre.
Les alternatives
La première chose à faire est bien sûr de changer de système d’exploitation. Il existe de nombreuses distributions GNU/Linux pour cela. La distribution HandyLinux, est conçue pour apprendre aux grands débutants en informatique à utiliser leur ordinateur. Quand vous achetez un nouvel ordinateur, vous devez exiger un système d’exploitation libre. La pratique de la vente forcée du système Microsoft est tout simplement illégal : il faut résister !
Pour ces opérations, ne restez pas isolé. Rejoignez un GULL [3] comme Linux Arverne, qui vous aidera à rallonger l’espérance de vie de vos ordinateurs [4].
Quelque soit votre système d’exploitation, vous pouvez utiliser au quotidien le navigateur Internet Firefox, la suite bureautique LibreOffice.
La logithèque libre est vaste, l’annuaire de Framasoft (Framalibre) est un bon guide pour explorer l’ensemble des possibilités. Une fois votre distribution GNU/Linux installé, vous n’aurez plus qu’à choisir les logiciels dans une logithèque optimisée pour votre système.
Pire que les logiciels privateurs, les services en ligne traitent vos données personnelles et les stockent sur leurs serveurs [5]. Si l’utilisation d’un service en ligne, tel qu’un réseau social, vous parait indispensable, l’utilisation d’un service libre est une obligation, sous peine d’organiser votre propre fichage, ainsi que celui de vos collègues / amis. Là encore, Framasoft propose de nombreuses alternatives, toutes basées sur du logiciel libre. Le service Framasphère, propose une alternative crédible à Facebook.
[2] Richard Matthew Stallman (né à Manhattan, le 16 mars 1953), connu aussi sous les initiales rms, est un programmeur et militant du logiciel libre. Initiateur du mouvement du logiciel libre, Il lance, en 1983, le projet GNU et de la licence publique générale GNU connue aussi sous l’acronyme GPL (la suite sur Wikipedia)
[4] Lire l’article Logiciel libre et développement durable, même combat ?
[5] Quels sont les enjeux ?
Ces dernières années ont vu se généraliser une concentration des acteurs d’Internet (Youtube appartient à Google, WhatsApp à Facebook, Skype à Microsoft, etc.). Cette centralisation est nuisible, non seulement parce qu’elle freine l’innovation, mais surtout parce qu’elle entraîne une perte de liberté pour les visiteurs. Les utilisateurs de ces derniers services ne contrôlent plus leur vie numérique : leurs comportements sont disséqués en permanence afin de mieux être ciblés par la publicité, et leurs données - pourtant privées (sites visités, mails échangés, vidéos regardées, etc.) - peuvent être analysées par des services gouvernementaux.
La réponse que souhaite apporter Framasoft à cette problématique est simple : mettre en valeur, pour chacun de ces services privateurs de liberté, une alternative Libre, Ethique, Décentralisée et Solidaire. En savoir plus