« La réforme des retraites, c’est la goutte d’eau qui fait déborder la colère dans le monde du travail »

PAR NOLWENN WEILER 11 DÉCEMBRE 2019

Des assemblées générales se sont réunies partout en France ce mardi, au sein de divers secteurs. L’occasion de recueillir la parole de salariés ou d’étudiants. Reportage à Rennes.

Mardi matin, à Rennes, les cheminots ont décidé en assemblée générale (AG) de poursuivre la grève. Les attaques portées contre le système de retraites et le durcissement de leurs conditions de travail renforcent leur détermination. Réunis en assemblée générale avant de rejoindre la manifestation rennaise qui a rassemblé de 8000 à 10 000 personnes, ils espèrent que la grève va se poursuivre et s’étendre.

Rendez-vous était donné sous une halle autrefois dévolue à la maintenance, à deux pas du local régional des syndicats derrière la gare. « On a l’habitude de s’y retrouver, car des mauvaises langues disent que, parfois, il pleut en Bretagne », s’esclaffe un cheminot « mécano », un conducteur de train. Les gilets oranges qu’arborent les cheminots quand ils travaillent en zone dangereuse côtoient les drapeaux syndicaux (CGT, Sud, Unsa, CFDT). Plusieurs personnes ont leurs casquettes de contrôleurs vissées sur la tête. D’autres ont revêtu leurs casques et chaussures de sécurité.

« Pas de planète, pas de retraite ! »

« Aujourd’hui c’est une belle journée, une journée de lutte qui marquera notre mouvement. Elle sera la démonstration de notre détermination et de notre colère », commence Nathalie Bostel, de la CGT. Les cheminots sont là pour leurs retraites, bien sûr, mais pas seulement. « Nous avons tous des familles, conjoints, enfants, voire petits-enfants et nous sommes très inquiets pour eux », dit Jean-Marie, conducteur de TER.

D’autant plus inquiets que la crise écologique pourrait aggraver encore la dégradation de leurs conditions de vie. « Nous le disons depuis maintenant plusieurs années, mais nous le répétons aujourd’hui, insiste Nathalie Bostel. Un système de croissance n’est pas possible dans un monde fini, et notre monde est épuisé par le consumérisme ambiant. » « Pas de planète, pas de retraite ! », clamaient déjà des slogans le 5 décembre.

Assoir le mouvement dans la durée

Après les prises de paroles syndicales, vient le moment du vote. La grève est reconduite. « On tient bon, mais on ne le fera pas tout seuls », lance Kaourantin Lamprière, de Sud rail. Conscients du poids qu’ils ont, de par leur force de blocage, les cheminots ont à cœur d’assoir dans la durée un mouvement très large. « Il faut faire en sorte que la mobilisation se passe dans un maximum de secteurs », reprend Kaourantin Damprière sous un tonnerre d’applaudissements.

Objectif : faire grimper le nombre de grévistes à la SNCF mais aussi ailleurs. Depuis six jours qu’ils sont en grève, les cheminots vont à la rencontre de collègues fonctionnaires et de salariés du privé. « Nous sommes allés distribuer des tracts dans la zone industrielle, détaille Jean-Marie, conducteur de TER. Et nous n’avons pas rencontré de personnes hostiles. Les gens nous disent qu’ils sont avec nous. Nous ne voyons jamais, sur le terrain, ces gens lassés par les grèves que certains médias semblent rencontrer à chaque coin de rue. »