TRIBUNE. « J’ai l’impression de voir mon pays glisser vers un régime illibéral »

Porte-parole d’Attac, Aurélie Trouvé dénonce les nombreux placements en garde à vue, samedi 12 décembre, à l’issue de la manifestation contre la loi « sécurité globale ».

Par L’Obs
Publié le 13 décembre 2020 à 20h36 Mis à jour le 14 décembre 2020 à 10h26

Angoisser des heures durant dans une cellule sans savoir pourquoi, sans savoir combien de temps. Passer la nuit seul(e), dans le froid, dans le bruit permanent, sans pouvoir manger à sa faim, sans pouvoir aller aux toilettes quand on le souhaite… Cette expérience, je l’ai vécue en mars dernier : lors d’une journée de mobilisation pour le climat, j’avais tenu un portrait d’Emmanuel Macron à l’envers, pour signifier son inaction environnementale.

Cette expérience de la garde à vue, c’est ce que vivent, à l’heure où j’écris, les personnes interpellées samedi à Paris, au cours d’une manifestation qui partait de la place du Châtelet à 14 h 30 et avait été autorisée par la préfecture. Les charges policières se sont multipliées et au total, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, alors que le défilé se déroulait sans violence jusque-là.

Parmi elles, il y a Mélanie, « gilet jaune » déjà frappée violemment par un policier dans la nuque il y a un an. Il y a des journalistes. Il y a des jeunes de seize ans : deux lycéens de Montreuil sont sortis dans l’après-midi, mais d’autres y sont encore. Il y a un professeur des écoles de 60 ans… Il y a des sans-papiers, des militants associatifs et syndicaux chevronnés. Il y a Loïc, militant d’Attac, encore en garde à vue ce dimanche et qui se voit reprocher un soit disant… « refus d’obtempérer » !