DES REBELLES D’EXTINCTION RÉBELLION ET ATTAC EN GARDE A VUE SUITE À UNE ACTION CONTRE LES JETS PRIVÉS

, par Bérengère

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 1ER JUILLET 2023 COSIGNE PAR EXTINCTION REBELLION 06, ANV-COP 21 NICE ET ATTAC 06

PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX

Mardi 27 dès 6h du matin fut le théâtre d’un énième acte de criminalisation des militant.e.s écologistes : à Nice, 3 militant.e.s d’AttAC et d’Extinction Rébellion ont été perquisitionné.e.s puis privé.e.s de liberté pendant 34 heures un mois après l’action contre les jets privés revendiquée par les deux groupes à l’aéroport de Cannes-Mandelieu.

Alors que le gouvernement français se perd dans une dérive répressive, nous dénonçons ce mépris et cette violence envers les luttes sociales et écologistes au même titre que nous dénonçons les violences policières et le meurtre de Nahel survenu récemment à Nanterre.

À l’occasion du Festival de Cannes et pour dénoncer l’aberration du mode de vie des ultra-riches, des militant.e.s d’Attac, Extinction Rébellion et ANV-COP21 Nice avaient introduit le 20 mai, sans effraction ni intrusion, des voitures téléguidées équipées de fumigènes sur une voie de circulation de l’aéroport de Cannes-Mandelieu pour perturber brièvement le trafic aérien de jets privés.

Plus d’un mois plus tard, ce sont trois personnes qui ont dû subir une interpellation dès 6h du matin à leur domicile avant de passer 34h en garde à vue et d’être déférées au tribunal. Iels seront convoqué.e.s le 17 novembre prochain pour un procès ahurissant et sont placé.e.s sous contrôle judiciaire en attendant. Une énième pression sur les mouvements militants alors que la révolte gronde partout en France.

Le gouvernement a choisi ses ennemi.e.s politiques : non pas la violence de l’extrême-droite et le fascisme français ou italien, mais celle.ux qu’il a nommé "écoterroristes" [1]. Non pas les véritables écoterroristes qui émettent en 1h de vol de jet privé plus de gaz à effet de serre qu’il ne faudrait émettre en un an pour limiter le réchauffement climatique, mais des citoyen.ne.s pacifiques qui alertent sur l’urgence écologique : le 28 juin les porte-parole du collectif Bassines Non Merci et de la Confédération Paysanne sont placés en garde à vue [2] ; le 22 juin c’est en prison que sont envoyés deux militants présents à Sainte-Soline ; les moyens de l’anti-terrorisme sont dévoyés pour intimider une trentaine de militant.e.s qui ressortent de 80h de gardes-à-vue sans poursuites [3] ; le 26 mai des militant.e.s d’Alternatiba sont attaqué.e.s à la grenade lacrymogène et placé.e.s en garde-à-vue sans raison [4] ; le 10 mai la police de Dijon tend un véritable guet-apens à 7 militant.e.s d’XR [5].

Ce dévoiement répressif n’est pas le fait du hasard, mais fait partie d’une stratégie d’arrestations ciblées par les forces de l’ordre contre les défenseur.euse.s de l’environnement, pourtant protégé.e.s par l’ONU [6]. Evidemment, ces dérives ne seront pas stoppées par les autorités qui ont disculpé les gendarmes ayant commis des tirs illégaux à Sainte Soline. [7] Il convient par ailleurs de rappeler que cette répression est banalisée depuis des décennies [8] dans d’autres milieux. Des banlieues aux territoires ultra-marins, l’état a développé des habitudes qui font honte et scandale loin de l’attention médiatique : armes, intimidations, gardes-à-vue abusives, procès politiques, forces de l’ordre et ces magistrats au comportement indigne [9]. Aujourd’hui la répression envers les militant.e.s écologistes choque, mais elle a été systématisée dans les manifestations pour nos droits sociaux et lors du mouvement des gilets jaunes.

L’Etat est criminel

L’Etat est criminel. Il a été condamné à plusieurs reprises par sa propre justice pour inaction climatique, et vient de l’être à nouveau ce 29 juin pour sa responsabilité dans la diffusion de pesticides qui ont mené à un empoisonnement généralisé du territoire. [10].

L’Etat est criminel, parce qu’il a formé et armé les agents qui ont tué le 27 juin à Nanterre. Cette fois-ci, le policier mis en cause a été présenté à la justice, mais bien peu de ses prédécesseur.es avec du sang sur les mains l’ont été. La justice arrive assez vite pour avoir bloqué un jet pendant 30 minutes, mais pour les violences policières en banlieue ou en manifestation : on ne l’attend plus.

Criminel, car il détruit les maigres espoirs d’une jeune génération qui subira de plein fouet les conséquences dévastatrices de la crise écologique. Criminel, car d’un territoire à l’autre il accentue les inégalités d’accès aux ressources vitales comme l’eau et la terre. Criminel, en tolérant ces bavures et systématisant une répression sans précédent contre des mouvements pacifiques qui dénoncent ses lacunes.

Pas de justice, pas de paix

A la marche blanche du 29 juin dans les rues de Nanterre, la foule chantait : « pas de justice, pas de paix ». Voilà notre message, celui que ce gouvernement reçoit en retour de ses errances. A travers cette répression disproportionnée, l’Etat plante lui-même les graines des soulèvements qui naissent de toutes parts.

Nous exprimons ici notre tristesse, notre compassion et notre soutien aux proches de Nahel au même titre qu’aux autres victimes de la répression policière. Nous appelons au soutien des trois activistes de Cannes et de leurs camarades partout ailleurs. La lutte pour le vivant passe par la justice sociale. La justice sociale, dans un état de non-droit, passe quant à elle par des soulèvements de toute sorte. Alors soulevons-nous ensemble afin de donner des raisons de nous craindre à cet Etat de plus en plus apeuré.