Agnès Sinaï : « Le projet égalitaire est au coeur de la décroissance »

28 DÉCEMBRE 2015 | PAR JOSEPH CONFAVREUX ET JADE LINDGAARD de MÉDIAPART

Qu’est-ce que la décroissance : un programme économique, un projet politique ou un mouvement culturel ? Un peu de tout cela, et plus encore. Un livre tente de lier ces approches et de les expliciter, Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère. Entretien avec l’une de ses auteurs, Agnès Sinaï, dans ce nouvel épisode de notre émission « Le champ des possibles ».

Depuis son apparition dans un texte d’André Gorz en 1972, le mot « décroissance » a beaucoup voyagé. Développé par l’économiste Nicholas Georgescu-Roegen en lien avec la notion d’entropie, venue de la thermodynamique pour mesurer le degré de désordre d’un système, il sert aussi à décrire un mouvement effervescent de militants et d’intellectuels alternatifs.
Cette galaxie est hétéroclite. On y trouve des penseurs des « communs », des écologistes radicaux, des défenseurs du revenu d’existence, des désobéissants, des créateurs de monnaie locale… Ils ne prônent pas un système politique à proprement parler, ne portent pas un programme bien défini. Mais ils partagent la vision d’une société libérée de la tyrannie du profit, de la performance et de la compétition généralisée.

Pour la première fois, un livre tente de lier ces approches et de les expliciter à destination d’un plus large public. C’est un dictionnaire, ou plutôt une encyclopédie d’idées contribuant à imaginer l’après-capitalisme : justice environnementale, bonheur, emploi garanti, monnaie publique, convivialité, État, Ubuntu…

Journaliste, fondatrice de l’Institut Momentum, un think tank décroissant, auteure de l’article sur l’anthropocène (ainsi nommée cette nouvelle ère géologique causée par l’activité humaine), Agnès Sinaï explique que le projet de la décroissance est « d’organiser la descente inéluctable des sociétés de croissance ».

Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère
Livre coordonné par Giacomo d’Alisa, Federico Demaria et Giorgio Kalis
Le Passager clandestin, 523 p., 25 euros.