Régression sociale : Aubagne enterre sa MJC

Écrit par Sylvain Fournier samedi 29 avril 2017 17:15

Aubagne enterre sa MJC

La Maison des Jeunes et de Culture (MJC) d’Aubagne, étranglée par la baisse drastique des subventions municipales, a tenu le samedi 29 avril après-midi sa « dernière » assemblée générale dans la salle de spectacles de l’Escale.


Le directeur de la structure et le président lors de la dernière assemblée générale, devant le cercueil symbolisant la fin de quarante ans d’activités culturelles et artistiques. Photo : S.F.

Et en plus, « au 31 du mois, la ville reprend la salle et les personnels mis à disposition » stipule Yohann Otokpa, le directeur de la structure. « Nous n’avons ni les moyens financiers, matériels et humains de poursuivre » stipule Jean-Jacques Maly, le président de la MJC, après lecture des rapports moraux et financiers, et la présentation des comptes 2016 par l’expert comptable et le commissaire aux comptes. Le conseil d’administration a réalisé une « performance de gestion l’année dernière » estime ce dernier « mais comment faire lorsqu’il n’y a plus le nerf de la guerre »... Les dotations municipales ont baissé de 54% en trois ans, soit depuis l’élection en 2014 de Gérard Gazay (LR) à la tête de la mairie d’Aubagne. Et à l’impossible, nul n’est tenu.

Pour plus d’information, lire dans la Marseillaise du 2 mai l’article de Sylvain Fournier :

La Maison des jeunes a rendu l’âme

Nicole Ferroni l’humoriste de France Inter a écrit sur facebook à ce sujet le 5 mai :

Ça y est...Hier, la MJC d’Aubagne a démonté son matériel, d’être démontée elle-même.
Après 43 ans d’existence, elle s’éteint.
La politique, c’est aussi ça : choisir entre le camp des solutions ou celui de l’image, choisir les vraies réponses au long terme (souvent sans éclat pour un mandat), ou leur préférer les effets d’annonce et les mouvements de lignes comptables pour redorer le budget et le vernis.
C’est bien dommage (même pas collatéral)...car la MJC faisait partie de ces lieux qui n’ont pas la crinière du lion, mais dont le travail est important.
Elle faisait partie du lot de fourmis qui chaque jour oeuvrent dans la patience et la discrétion à bâtir quelque chose. Chaque jour, des lieux et des gens travaillent à construire un présent et un avenir meilleur. Ils le font sans discours, sans conférence de presse, dans l’humilité et la conscience de bien faire ou de faire le bien. La MJC d’Aubagne était de cette famille là. Comme les hôpitaux, les écoles, les commissariats, les foyers dont on ferme tranquillement les services, les classes, les postes, les places.

Et à regarder ce lent démantèlement, ça me donne des envies de chuchoter à certains : « politique, tu n’es pas stratégique... ».
Car si aujourd’hui, ces fermetures ont valeur d’économies, dès demain elles auront un coût. Et un coût pas qu’humain. Non, un vrai coût qui coûte la peau des coûts.
(car je l’ai déjà dit, c’est mathématique...un gamin qui vient en atelier théâtre a moins de temps pour casser des abribus)
Mais comme le dit coût sera porté par le monsieur-dame du mandat d’après, c’est peut-être pour ça qu’on se le permet...?

Bref, en tout cas, je remercie la MJC et ses habitants d’avoir fait de moi ce que je suis. Je la remercie de m’avoir accueillie il y a plus de 15 ans parmi ses enfants.
Je la remercie de m’avoir offert 10 ans d’ateliers théâtre avec Jean et Martine, de m’avoir offert l’occasion de monter une troupe(au) du Songe, de m’avoir permis d’animer mes premières soirées Slam, de m’avoir parfois réveillée à 6h du matin pour aller distribuer des oranges à des coureurs en sueur (en tant que ravitailleuse bénévole à la course pédestre de la Ste Baume), de m’avoir nourri de blagues, de sandwich & de croque-monsieur de Lolo, d’avoir accompagné la naissance de mon spectacle et de m’avoir poussé au cul de construire la vie dans laquelle je suis (très heureuse).
Bref, chère MJC, le M, c’est pas que « maison », pour moi c’est « maman ». Alors, merci Maman.