Les entreprises ne créent pas l’emploi

Les irresponsables du pacte de responsabilité

mercredi 26 février 2014, par Frédéric Lordon

Il faut avoir sérieusement forcé sur les boissons fermentées, et se trouver victime de leur propension à faire paraître toutes les routes sinueuses, pour voir, comme s’y emploie le commentariat quasi-unanime, un tournant néolibéral dans les annonces récentes de François Hollande [1]. Sans porter trop hauts les standards de la sobriété, la vérité appelle plutôt une de ces formulations dont Jean-Pierre Raffarin nous avait enchantés en son temps : la route est droite et la pente est forte — mais très descendante (et les freins viennent de lâcher).

Entreprise, mon amour ?

En effet, droit, c’est droit ! Et depuis l’origine. Evidemment, pour s’en apercevoir, il aurait fallu prêter un peu plus attention aux six premiers mois de la présidence Hollande, où tout a été posé pour cinq ans, et les actes et la logique des actes.

Les actes d’abord, en une séquence impressionnante de cohérence : ambassade du premier ministre à l’université du MEDEF, reculade devant les « pigeons », rapport Gallois, consécration législative de l’ANI (Accord National Interprofessionnel) — et tout le reste à l’avenant : Jérôme Cahuzac qui n’a « jamais cru à la lutte des classes » [2], heureusement remplacé par Bernard Cazeneuve qui voit, lui, distinctement que « les entreprises ne sont pas des lieux d’exploitation ou d’accumulation de profit » [3], l’un puis l’autre sous la tutelle éclairée de Pierre Moscovici qui pense que « pour lutter contre l’exil fiscal, il faut avant tout valoriser le site France qui doit être accueillant pour les entreprises, les talents » [4], qu’il ne doit pas y avoir de loi sur les rémunérations patronales, matière en laquelle il faut préférer « agir dans le dialogue (...) et miser sur une autorégulation exigeante » [5], qui pense tellement de choses d’ailleurs... Essentiellement résumable à une : « les entreprises sont au cœur de notre politique économique » [6].

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