En finir avec la compétitivité

mardi 14 octobre 2014, par Thomas Coutrot Attac France

La quête de la compétitivité n’est pas seulement erronée, elle est dangereuse, parce qu’elle masque les vrais défis et les vrais enjeux de l’avenir de nos économies et de nos sociétés.

Peu nombreux sont ceux qui le contestent : la montée des inégalités socio-économiques et l’augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre portent en germe des catastrophes sociales et écologiques à l’horizon de deux ou trois décennies.
Pourtant les décisions politiques de court terme ne sont pas seulement indifférentes à ces menaces, mais en accélèrent de toute évidence l’arrivée. Contrairement à une vision superficielle, l’austérité n’engage aucunement nos sociétés dans la voie de la sobriété. La priorité donnée par François Hollande à la compétitivité de la France s’inscrit en effet dans une vision de court terme — redresser la croissance des exportations du pays par la baisse du coût du travail et des dépenses publiques — qui est contraire à toute perspective de redistribution des richesses et de transition écologique. Je voudrais montrer ici en quoi ses effets secondaires prévisibles, l’accroissement encore accéléré des inégalités et des émissions de GES, nous rapprochent des grandes fractures annoncées.

Dans un premier temps je rappellerai les principaux faits stylisés concernant ces deux grands périls et leurs dynamiques cumulatives de renforcement mutuel.
Puis je montrerai pourquoi la priorité absolue donnée à la compétitivité ne peut, par ses implications économiques, écologiques et politiques, qu’accélérer la réalisation des périls annoncés. Enfin je m’interrogerai sur les changements qu’il faudrait apporter à nos systèmes économiques et politiques pour que nous commencions enfin à « croire ce que nous savons », comme le dit bien Jean-Pierre Dupuy [1], et à agir en conséquence.

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