(Dé)unis contre le terrorisme

Par Pierre Beaudet, Professeur à l’École de développement international et de mondialisation, Université d’Ottawa.

28 mars 2015

Aujourd’hui, tout le monde à Tunis discute de l’impact terrible de l’attentatcontre des touristes qui est survenu plus tôt dans le mois.
Les gens directement affectés sont ceux qui sont dans le tourisme, et qui sont plus d’un million dans ce pays. Car la Tunisie est choyée par des somptueuses richesses du côté de l’histoire, de son architecture et de sa nature. On peut s’y délecter entre les vestiges des grandes civilisations phénicienne, romaine, ottomane,arabe, et des plages qui comptent parmi les plus magnifiques de la Méditerranée, sans compter les splendides beautés du désert.
Traditionnellement, presque 10 millions de touristes, majoritairement européens, viennent en Tunisie, mais présentement, c’est la chute. Les grands opérateurs, entreprises vacancières et navires de croisière, vont ailleurs, puisque leurs compagnies d’assurance (pas leurs clients) leur disent de changer de cap. Habituellement durant les périodes de vacances, le port est assailli de
méga paquebots pour des touristes d’un jour qui amènent des mannes d’Euros ce qui alimentent des milliers de taxistes, de guides et de restaurateurs.
« Aujourd’hui c’est fini » nous raconte notre chauffeur de taxi.

Ce crash économique survient à un très mauvais moment. Déjà sous la dictature de Ben Ali, la Tunisie était la championne régionale des « chômeurs diplômés ».
Le système d’éducation, qui avait été un des grands succès de la décolonisation, continue de produire des milliers de jeunes éduqués, mais il y a peu de travail.L’activité touristique apporte des devises et crée des emplois, mais pas du tout assez pour combler cet afflux des jeunes. L’industrie confinée dans les secteurs un peu archaïques du textile et du vêtement a été balayée par la concurrence asiatique. L’Union européenne n’a jamais été intéressée à aider la Tunisie à se doter d’une solide infrastructure industrielle, se contentant d’ « écrémer » les diplômés. Mais maintenant la porte est fermée, conséquence de la stagnation du capitalisme européen. Et il y a enfin la guerre, si proche et en même temps éloignée, qui tire toute la région dans le chaos et la destruction. Ici quand on parle de « Crise » (avec un « C » majuscule), ce n’est pas une exagération.

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