ACDC - note 2 : chômeurs et chiffres sous pression

mercredi 31 janvier 2007, par Webmestre

article publié le 30/01/2007
auteur-e(s) : Collectif ACDC

Collectif « Autres Chiffres Du Chômage »

Site du Collectif : http://acdc2007.free.fr/

29/01/07 - Note no2

Depuis 2005, on assiste à une envolée spectaculaire du taux de sortie des listes de l’ANPE. L’analyse des motifs de sortie montre que cette hausse ne correspond guère à des reprises d’emploi supplémentaires. Trois autres catégories de chômeurs non inscrits ont, en revanche, fortement augmenté au cours des dernières années : les chômeurs « radiés », suite à des sanctions administratives ; les chômeurs « déboutés », qui ont perdu tout droit à indemnisation et ne voient plus d’intérêt à rester inscrits ; et les chômeurs « dégoûtés », qui en l’absence d’offres d’emplois valables ne veulent plus subir les convocations et contrôles répétés de l’ANPE et de l’ASSEDIC.

À notre Note no1 sur « Les chômages invisibles », Jean-Louis Borloo a répondu : « nous avons un thermomètre dont nous communiquons tous les éléments tous les mois de manière transparente. Ce qui compte, c’est l’évolution de ce thermomètre ; or la baisse du chômage de 15% en 18 mois concerne toutes les catégories de chômeurs ».

Il est vrai que depuis le début 2005, le « chômage » mesuré par l’ANPE recule fortement. Si fortement même qu’on peut se demander si le thermomètre n’a pas été mis au réfrigérateur. Le nombre total d’inscrits à l’ANPE a chuté de 350 000 entre fin 2005 et fin 2006, et le baromètre officiel (DEFM de catégorie 1) a baissé de 250 000. Le chômage a-t-il vraiment diminué autant ? Nous montrons dans cette note que ce n’est pas le cas.

L’analyse des données publiées par l’ANPE et le Ministère de l’emploi montre en effet que le reflux du nombre d’inscrits sur les listes de l’Agence ne résulte pas principalement d’une augmentation des retours vers l’emploi, mais du renforcement des contrôles et des sanctions résultant du plan de « cohésion sociale » et de la mise en place du « suivi mensuel personnalisé ». Ces mesures ont d’abord provoqué une multiplication des radiations par le service public de l’emploi. Elles ont aussi et surtout incité un nombre croissant de chômeurs à ne pas se réinscrire à l’ANPE. Autrement dit, sortir des listes ANPE signifie de moins en moins sortir du chômage.

L’incohérence des chiffres officiels est d’ailleurs patente. D’après les plus récentes projections de l’Insee [1], la population active devrait avoir augmenté de 180 000 en 2006 : les créations d’emplois (240 000) n’auraient dû permettre qu’une très faible baisse du chômage. Or, la baisse officielle est de 250 000 (- 10% !) : cherchez l’erreur.

C’est pourquoi il n’est pas surprenant que le chômage au sens du BIT, mesuré par l’enquête Emploi de l’Insee pour 2006, soit resté à peu près stable par rapport à 2005. La direction de l’Insee, arguant de « problèmes techniques » dans l’Enquête emploi, a décidé de retarder la publication de ce résultat, sans avoir à ce jour expliqué en quoi les problèmes rencontrés étaient si nouveaux et importants qu’ils justifiaient une décision aussi sérieuse. Pour nous, si des chiffres sont bien sujets à caution, ce sont ceux de l’ANPE, pas ceux de l’enquête Emploi de l’Insee. La pseudo-« baisse » du chômage résulte non pas du retour à l’emploi des chômeurs, mais des pressions de plus en plus fortes qui aboutissent à les exclure des listes de l’ANPE.

Lire l’ensemble de l’article dans le document joint.

http://acdc2007.free.fr/

[1] Voir. http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1092/ip1092.html
Le chiffre avancé dans la note de conjoncture de l’Insee de décembre, 29 000, est étrangement plus faible.

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