Appel de la coordination nationale de Lyon du 8 et 9 avril 2006.

lundi 10 avril 2006, par Webmestre

Les 3 millions de jeunes, de salariés du public et du privé, les
sans-papiers et tous les précaires qui ont manifesté et fait grève le 4
avril, les nombreuses actions menées cette semaine témoignent de
l’amplification du mouvement contre la précarité et notamment contre le
CNE et la loi sur « l’égalité des chances » (LEC). La mobilisation
continue, bien que l’intersyndicale n’ait pas encore annoncé de suites au
4 avril. Nous ne nous sommes pas laissé tromper par les manoeuvres
gouvernementales, qui visaient uniquement à gagner du temps.

Si le gouvernement supprime la loi dite sur « l’égalité des chances » et
le CNE, ce sera une première victoire pour le mouvement. Cela montrera que
le rapport de force est en notre faveur. Il faudra alors profiter de la
brèche ouverte pour imposer, avec les salariés, les sans-papiers et les
précaires, nos autres revendications. L’ensemble de la LEC (apprentissage
à 14 ans, travail de nuit dès 15 ans, suppression des allocations
familiales sous des prétextes divers, stages dans la police et l’armée
pour les jeunes considérés comme de futurs délinquants...) constitue une
attaque contre la jeunesse, les pauvres et les travailleurs.

Mais nous refuserons toute manoeuvre du gouvernement qui viserait à
remplacer le CPE par un CPE bis réservé aux jeunes et marqué une nouvelle
fois du sceau de la précarité. De plus, nous ne croyons que ce que nous
voyons. Actuellement, loin d’être dénaturé, le CPE est entré en vigueur :
dans l’aménagement proposé par Chirac, le patron n’a toujours pas à
justifier le licenciement, mais simplement à en signaler la raison. La
période d’essai, même ramenée à un an, reste la promesse de la précarité à
vie : après le CNE et le CPE, le gouvernement nous prépare le Contrat de
Travail Unique.

Il n’y a pas de négociation possible sur ces bases, nous exigeons le
retrait total de la LEC et du CNE. La Coordination Nationale de Lyon
rappelle par ailleurs qu’au-delà de ces revendications, elle déplore tous
les projets allant dans le sens d’une accentuation de la précarité, et
notamment le projet de loi CESEDA qui considère les immigrés comme des
êtres humains jetables.

Persistant dans la brutalité caractéristique du gouvernement, le ministre
de l’éducation a décidé de mettre fin à la grève en usant de tous les
moyens à sa disposition : chantage aux examens, fermetures administratives
des facs et déblocages des lycées et des universités par la force. À cette
pression sur les étudiants, les lycéens et les personnels, s’ajoute une
répression policière toujours plus massive. Le ministère annonce 5000
arrestations en fin de semaine. Les comparutions immédiates se multiplient
et aboutissent à des sanctions lourdes (TIG, amendes, prison ferme). Nous
dénonçons également la répression croissante des mouvements sociaux, et
exigeons l’amnistie de nos camarades inculpés. Ces attaques ne font que
renforcer notre détermination.

Nous voulons la réouverture des facs fermées administrativement, nous
exigeons que nul étudiant ou lycéen ne soit pénalisé d’aucune manière que
ce soit en raison du mouvement de contestation dans les lycées et
universités. Nous réaffirmons que le gouvernement, par son immobilisme et
la stratégie de pourrissement qu’il a adoptée, porte l’entière
responsabilité de la situation délicate que connaissent aujourd’hui les
universités. Dans ce contexte, nous demandons à la Conférence des
Présidents d’Université de s’assurer que les examens de second semestre
ou de fin d’année ne porteront pas sur des enseignements qui auraient été
délivrés pendant toute la période de mobilisation étudiante. Pour le
reste, nous affirmons la souveraineté des Assemblées Générales locales
qui, seules, sont aptes à discuter avec leur président d’université des
modalités d’examen.

Notre priorité absolue est de contribuer à la mobilisation des
travailleurs : c’est maintenant le moment d’y aller tous ensemble. Il faut
convaincre directement, par des diffusions de tracts, des discussions et
des assemblées générales jeunes/salariés que le seul moyen de gagner sur
nos revendications, c’est la grève générale reconductible. Nous appelons
les salariés à ne plus attendre un premier secteur qui se mettrait en
grève pour entraîner les autres : ce secteur, c’est la jeunesse en lutte
depuis deux mois. Dans cette perspective et pour franchir une nouvelle
étape dans la mobilisation, nous appelons les syndicats à rompre
immédiatement toute négociation et à appeler immédiatement à des
manifestations régionales et à la grève générale jusqu’à satisfaction de
nos revendications.

Les étudiants et lycéens mobilisés doivent donner confiance aux salariés.
Pour cela, il faut avant tout que le mouvement, la grève et les blocages
se poursuivent, même là où les vacances débutent. Il faut aussi multiplier
les actions communes avec les salariés et les équipes syndicales, sans
oublier les manifestations massives.

Nous appelons donc dès maintenant les salariés et leurs organisations à
tenir des AG en vue d’élire des délégués pour la prochaine Coordination
Nationale Unitaire. Le rapport de force que nous construisons permet
d’obtenir aussi des victoires rapides sur le plan local. Nous soutiendrons
toutes les revendications des salariés et des précaires en lutte. Le
mouvement que nous construisons est capable, après des années de défaites,
d’inverser la balance, de changer le rapport de force : gagner sur nos
revendications, en finir avec ce gouvernement, c’est possible.

Avec l’aide des syndicats locaux qui y appellent déjà, nous ferons du 11
avril un succès.

Nous appelons dès maintenant les jeunes, les sans-papiers, les précaires,
les salariés et leurs organisations à manifester et à faire grève à
nouveau le 18 avril. Nous souhaitons que cette journée puisse donner lieu
à des débats et des AG unitaires où étudiants, salariés, sans-papiers et
précaires puissent ensemble se donner des perspectives de lutte.

Coordination nationale lycéenne, étudiante et salariée de Lyon

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