Les sommets du G8 sont l’expression d’un pouvoir illégitime et d’une mondialisation impopulaire

mercredi 9 juillet 2008, par Webmestre

Depuis 1975, les principales puissantes de la planète se réunissent à huis clos
pour échanger et proposer des réponses aux problèmes mondiaux. Lors de ses
premières réunions, il s’agissait pour le G8 – Allemagne, Etats-Unis, France,
Japon, Royaume Uni, rejoints en 1976 par le Canada et l’Italie, puis en 1999 par
la Russie – de trouver des solutions à la fin du système monétaire international
adopté en 1944 lors des accords de Bretton Woods (qui avait pour principe la
convertibilité du dollar en or) et au premier choc pétrolier de 1973. D’emblée,
ces Sommets annuels ont manifesté leur caractère oligarchique : les principales
puissances mondiales se réunissent entre elles pour décider de ce qui est bon
pour l’ensemble des peuples !

Rapidement, les réunions du G8 ont couvert l’ensemble de l’actualité mondiale ;
et sont devenues le lieu du pouvoir mondial. Le G8 a en effet toujours émis des
recommandations (le G8 ne prend aucune décision mais émet « seulement » des
recommandations) permettant de mettre en place l’ordre néolibéral que l’on
connaît aujourd’hui, grâce aux institutions financières internationales (Fonds
monétaire international - FMI - et Banque mondiale - BM) où les Etats membres du
G8 détiennent la majorité des voix.

Véritable directoire mondial, le G8 est illégitime : aucun des chefs d’Etat ou
de gouvernement présents lors des Sommets des Huit ne dispose du moindre mandat
démocratique pour gérer les affaires concernant l’ensemble de la planète. Le G8
ne saurait trop rappeler des époques passées lorsque les grandes puissances se
partageaient le monde lors de discussions fermées...

Toutefois aujourd’hui le pouvoir du G8 est affaibli par celui de puissances
émergentes. Mais ce ne sont pas les propositions de son élargissement aux
membres du G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud) qui pourront lui
retirer son caractère illégitime !
Il est au contraire nécessaire de réformer et de renforcer une institution telle
l’Organisation des Nations unies (ONU) afin qu’un véritable espace démocratique
puisse voir le jour pour aborder les sujets concernant l’ensemble des peuples.

Mais peut-être sont-ce justement les peuples que les gouvernements voudraient ne
pas voir...
A l’instar de la construction européenne où les chefs d’Etat ou de gouvernement
n’hésitent pas à remettre en cause les suffrages populaires exprimés, le G8
cherche à faire taire la contestation et les propositions d’alternatives au
néolibéralisme.

Ainsi, avant même le début du contre-sommet organisé par les ONG et mouvements
altermondialistes, les entrées sur le territoire japonais ont été sévèrement
restreintes. De nombreuses personnes (universitaires, journalistes,
syndicalistes) connues pour leur expertise scientifique et pour leur rôle de
contre-pouvoir ont été longuement interrogées ; certaines d’entres elles restant
plus d’une douzaine d’heures dans les locaux de la police des frontières.

L’entrée au Japon a été refusée à 23 personnes, dont notamment celles des deux
délégations coréennes de la Fédération des syndicats démocrates et des
agriculteurs. D’autres personnes du Bangladesh, des Philippines, du Népal, etc.
ont vu leur visa refusé bien qu’elles aient été invitées officiellement par des
organisations reconnues pour leur participation aux forums. Quelques autres ont
été autorisées à séjourner au Japon mais pour une durée significativement
réduite, les empêchant d’intervenir lors des conférences publiques pour
lesquelles elles avaient été invitées.

Comme lors du G8 en Allemagne l’an passé, ce sont des mesures d’exception qui
sont appliquées à l’encontre des militants altermondialistes, assimilant la
contestation pacifiste du système néolibéral à une opération terroriste en
puissance.

Les arguments contradictoires à ceux portés par les gouvernements membres du G8
doivent pouvoir être exprimés librement au sein des forums et des
manifestations. Toute entrave à la liberté d’expression est une atteinte aux
libertés fondamentales reconnues dans les Etats démocratiques modernes.

Nous dénonçons les mesures policières déployées par les gouvernements à
l’occasion des Sommets du G8 ; nous demandons la fin des arrestations des
journalistes et des militants témoignant sur place de l’impopularité mondiale du
G8 et de ses « recommandations » nous exigeons la suppression du G8 et la mise
en place d’un organisme mondial démocratique soumis à la Déclaration des droits
de l’Homme et auquel les autres institutions internationales (dont notamment
l’Organisation mondiale du commerce - OMC) seraient subordonnées.

Attac France,
Montreuil, le 9 juillet 2008

http://www.france.attac.org/spip.php?article8727

Répondre à cet article