Ouverture à la concurrence dans l’électricité : catastrophe annoncée

jeudi 24 mai 2007, par Webmestre

En France, le 1er juillet, l’électricité devrait être totalement ouverte
à la concurrence. Le bilan des étapes précédentes de la libéralisation
s’avère pourtant catastrophique en matière de prix. C’est l’expérience
qu’ont vécue les industriels et les professionnels : le prix du
kilowattheure s’est envolé sur le marché « libre ». En France, pour les
entreprises qui ont préféré conserver les tarifs régulés d’EDF,
l’augmentation n’a été « que » de 11 %. Par contre, celles qui ont choisi le
marché dérégulé ont vu leur facture d’électricité croître de 76 %. De
nombreux industriels qui ont opté pour le marché demandent d’ailleurs
aujourd’hui à pouvoir revenir à la « protection des tarifs réglementés d’EDF
et de Gaz de France ». Il en est de même à l’étranger : en 5 ans, de 2001 à
2006, le prix du kilowattheure a augmenté de 39 % en Espagne, de 49 % en
Allemagne, de 67% en Finlande, de 77 % en Suède, de 81 % au Royaume-Uni, de
92 % au Danemark !
Contrairement à ce qui avait été annoncé, la libéralisation du secteur
électrique a donc fait s’envoler les prix. Elle a entraîné en outre de
graves dysfonctionnements, des pannes, des coupures de courant, et des
sous-investissements dans les moyens de production et le réseau, qui seront
la source d’autres disfonctionnements à l’avenir.

En fait, l’électricité a deux caractéristiques particulières qui font
que le système de marché est fondamentalement inadapté. D’une part, elle ne
se stocke pas, ce qui, conjugué avec le caractère massif et continu du
besoin en électricité, produit un risque de rupture d’approvisionnement très
peu maîtrisable par le marché. D’autre part, elle se transporte mal à cause
des pertes sur le réseau, ce qui entraîne un gaspillage d’énergie. Il est
donc aberrant de vouloir un marché électrique européen pour permettre de
produire dans un pays ce qui sera consommé dans un autre (par exemple
produire avec du nucléaire en France pour vendre en Roumanie).

A l’évidence, la libéralisation du secteur électrique ne peut qu’avoir
de graves conséquences négatives. Pourtant, la marche aveugle vers
l’ouverture du marché à la concurrence se poursuit. La politique
énergétique, avec ses conséquences en termes environnemental et social,
échappe toujours aux citoyens.

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