Pour le droit au logement pour toutes et tous Attac soutient les mobilisations en faveur des SDF, des sans-logis et des mal logés.

vendredi 5 janvier 2007, par Webmestre

Attac prend note de l’engagement du président de la République de faire
voter une loi intégrant le droit au logement opposable dans les prochaines
semaines.
Elle rappelle que cela n’aurait pas été possible sans la
mobilisation exemplaire des, "Enfants de Don Quichotte" (l’espace "forum" permet aux
personnes de s’organiser sur toute la France) qui campent quai de
Jemmapes à Paris depuis trois semaines, et des associations signataires de
la plate-forme pour le droit au logement opposable, qui les soutiennent.
Attac lui apporte son soutien, ainsi qu’à l’ensemble du mouvement de
solidarité avec les SDF, les sans-logis et les mal-logés qui s’étend
aujourd’hui à toute la France.
Attac soutient également la réquisition
organisée par les associations Droit au logement (DAL), Jeudi Noir et Macaq
(Mouvement artistique et culturel d’animation de quartier) d’un immeuble de
1000 m2 situé à proximité de la Bourse et propriété de la Lyonnaise des
Banques, inoccupé depuis trois ans maintenant à des fins de spéculation
immobilière, pour le transformer en "Ministère de la crise du logement".

Pour prendre la mesure de cette mobilisation, Attac tient à rappeler
quelques données, tirées notamment des enquêtes annuelles du Secours
catholique et de la Fondation Abbé Pierre, qui ont alimenté ses propres
travaux et ceux des organisations mobilisées en faveur du droit au logement
depuis de nombreuses années. La France compte aujourd’hui plus de 3 millions
de personnes vivant une situation forte de mal logement (5 % de la
population) et près de 5,7 millions de personnes en situation de réelle
fragilité à court ou moyen terme en matière de logement. Au total, plus de
12 % de la population est concernée par des mauvaises conditions de
logement. Le taux d’effort des ménages ne cesse d’augmenter. La construction
de logements sociaux n’est pas à la hauteur : il en manquerait aujourd’hui
près d’1 million ! Quant au nombre de logements vacants, il a nettement
augmenté : 850 000 en 1962, 1,860 millions en 1990, 1,900 million en 1999 et
encore 1,850 million au recensement de 2004... Dans cette situation, le
nombre d’expulsions est passé de moins de 88 000 en 1997 à plus de 103 000
en 2004, et a plus que doublé en vingt ans. Véritable condamnation à la rue ! Faut-il ajouter que les SDF sont atteints d’une très forte mortalité (pas
seulement l’hiver), avec une "espérance" de vie qui ne dépasse pas 50 ans
pour les plus jeunes, et que certains parmi eux ont un emploi salarié sans
pouvoir pour autant accéder au logement compte tenu des garanties demandées
et de la flambée des prix de l’immobilier ?

Les responsabilités premières sont connues : désengagement de l’Etat depuis
la réforme "Barre" de 1977 et une politique qui favorise essentiellement les
mécanismes spéculatifs de marché en particulier par le développement de
l’aide fiscale (aide fiscale, De Robien). De plus, la diminution ou la
quasi-disparition de l’aide à la pierre, qui avait un effet régulateur
vis-à-vis du marché, a pour contre-partie une augmentation du coût du
logement pour les ménages mais aussi pour la collectivité au travers de son
système d’aide à la personne. Les politiques publiques ne se sont jamais
attaquées aux causes structurelles de la crise, en particulier à la
réduction constante, voire à la disparition du parc à bas loyer disponible
pour les ménages modestes. Ceci est particulièrement vrai dans le parc privé
 : tous les ans, il y "disparaît" en moyenne 3 à 5 fois plus de logements à
bas loyer qu’il n’y a de logements sociaux produits (HLM et parc
conventionné privé). Mais c’est également vrai dans une certaine mesure pour
le parc public HLM : absence de financement du parc existant et obligation
faite par l’Etat aux HLM de financer en partie la réhabilitation par des
augmentations de loyers ; loyers encore trop chers des logements sociaux
neufs par rapport aux ressources des ménages les plus touchés par la crise -
parmi lesquels des salariés victimes de la faiblesse insigne de leurs
revenus.

Face à cette crise sans précédent qui a produit des effets sociaux
catastrophiques durables, voire pour certains irréversibles, il est
également bon de rappeler que contrairement à une idée reçue, la France
dépense peu pour ses aides au logement : les aides au logement représentent
1,8 % du PIB, ce qui situe la France légèrement en dessous de la moyenne
européenne (par comparaison, la très libérale Angleterre se situe elle à
près de 2,6 %).

Le droit au logement est indissociable de la promotion d’un socle de droits
sociaux et économiques visant à garantir les conditions de vie dignes pour
toutes les citoyennes et tous les citoyens. A cet égard, Attac se félicite
de ce que les revendications qui se réfèrent à l’accès aux droits pour tous
s’imposent de plus en plus dans le débat public comme une alternative au
fondamentalisme de marché et au néolibéralisme.
Elle y voit un succès du mouvement altermondialiste dont Attac se veut un
des acteurs déterminés.

Pour que cet engagement à concrétiser le droit au logement opposable ne
vienne pas rejoindre le catalogue des promesses électorales non tenues, et que les principes portés par la Charte du Canal Saint Martin soient
effectivement soutenus, la mobilisation auprès des sans domicile fixe, des
sans-logis et des mal-logés ne doit pas faiblir.
Attac appelle toutes ses adhérentes et tous ses adhérents à la renforcer et
à apporter leur soutien aux campements des Enfants de Don Quichotte et aux
associations qui les soutiennent, y compris par leur présence ou l’envoi
d’aide matérielle (tentes, duvets, couvertures...).
Le lancement prochain de son Manifeste 2007 sera l’occasion pour Attac
d’avancer une série de propositions visant à rendre effectif le droit au
logement pour toutes et tous et contribuant à ce mouvement de solidarité.

Attac France,
Le 5 janvier 2007

http://www.france.attac.org/a6827

Pour plus d¹informations sur le droit au logement opposable et la crise du
logement, vous pouvez également consulter les sites :

- de la Fondation Abbé Pierre :

- de l’Aitec

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