Résultats des élections au Conseil d’administration d’Attac. Premières réactions

mardi 12 décembre 2006, par Webmestre

La tendance gauchiste et communautariste s’installe à la direction d’Attac
lundi 11 décembre 2006 par Jacques Nikonoff, Aurélien Bernier, Michèle Dessenne, Pascale FOURIER

Lundi 11 décembre 2006.

COMMUNIQUE DU RESEAU AVENIR D’ATTAC

La tendance gauchiste et communautariste s’installe à la direction d’Attac

Les résultats de l’élection au Conseil d’administration d’Attac ont été connus dimanche 10 décembre 2006 tard dans la soirée. Ils donnent la victoire à la tendance gauchiste, communautariste et sectaire portée par les directions de certaines organisations fondatrices de l’association.

Ce sont 7 593 adhérents qui ont participé au vote, soit 1 300 de plus que lors de l’élection de juin 2006. Loin de céder à la démobilisation, ces adhérents, en votant en nombre, ont manifesté leur attachement à Attac au moment où une crise profonde traversait l’association.

La liste bloquée des fondateurs est élue de justesse. Elle n’obtient en effet que 3 868 voix, soit 52,9 %, alors que les votes contre obtiennent 2 837 voix soit 38,8 % et les abstentions 605 voix, soit 8,3 %. Le rejet constaté depuis 2002 s’amplifie. La liste des fondateurs avait alors obtenu 87% des suffrages, puis 64,3% en juin 2006. Les votes contre (21,1% en juin 2006) progressent donc de 17,7%, avec 1 600 voix supplémentaires. Cette tendance profonde et ce score étriqué devraient conduire les fondateurs à s’interroger sur leur légitimité.

Pour l’élection de 24 membres actifs au Conseil d’administration, 63 candidats étaient en lice. Parmi eux une grande majorité se réclamait de 4 textes d’orientation différents, les autres se présentant individuellement sans référence à un document collectif.

Si l’on additionne les résultats individuels des candidats qui se référaient à un texte d’orientation, on obtient les résultats suivants :
- La liste « Altermondialiste et démocratique », 76 030 voix (47,9 % des suffrages exprimés), obtient 20 sièges au conseil d’administration (soit 83% des sièges).
- La liste du réseau « Avenir d’Attac », 57 572 voix (36,3 % des suffrages exprimés), obtient 4 sièges (soit 17% des sièges).
- La liste « Pour un projet émancipateur », 9 378 voix (5,9 %), n’obtient aucun siège.
- La liste « Sursaut », 8 502 voix (5,3%), n’obtient aucun siège.
- L’ensemble des candidats individuels, 7 159 voix (4,5%), aucun d’entre eux n’obtenant de siège.

Ainsi, tout en obtenant 83 % des sièges au CA, la liste gagnante ne représente pas la majorité des votants et ne constitue pas un CA représentatif de la diversité des adhérents. Elle a pourtant bénéficié de la mobilisation massive d’une écrasante majorité des organisations fondatrices d’Attac, en tout premier lieu de celles dont les directions sont porteuses d’une ligne gauchiste, communautariste et sectaire. Ainsi, l’hebdomadaire Politis, qui compte encore bon nombre d’adhérents et de sympathisants d’Attac parmi ses lecteurs, a mené une campagne grossièrement partisane pour la liste « Altermondialiste et démocratique ». Son nouveau directeur n’a pas hésité à occulter ou caricaturer les argumentaires des autres listes, ne donnant la parole qu’aux candidats de cette liste qui avait ses faveurs.

La liste gagnante a également bénéficié du concours appuyé de l’un des deux co-présidents de la commission d’enquête mise en place à l’initiative de l’ancienne direction, à propos de la fraude électorale intervenue aux élections précédentes. Manquant à son devoir de réserve et d’impartialité, il a non seulement appelé à voter pour cette liste, mais a également jeté le discrédit sur la liste du réseau « Avenir d’Attac » en la présentant comme liée aux fraudeurs, sans l’ombre d’une preuve et sans que la justice se soit encore prononcée.

Les actes déloyaux et les calomnies se sont multipliés. Les candidats du réseau « Avenir d’Attac », pour ne prendre que cet exemple, ont été accusés sans aucun fondement d’avoir détourné le fichier des adhérents pour les besoins de la campagne ;

Au Conseil d’administration, les 4 élus du réseau Avenir d’Attac se feront les porte-parole des très nombreux adhérents qui ne se sentent pas représentés par la liste gagnante et la direction dont elle se dotera.
Présents et actifs dans leur association, les membres du réseau « Avenir d’Attac », forts de l’ampleur du soutien qu’ils ont obtenu, appellent les très nombreux adhérents qui en avaient manifesté l’intention à ne pas quitter l’association. Ils continueront à militer pour qu’Attac s’inscrive avec beaucoup plus de détermination dans le combat contre le néolibéralisme. Dans cette perspective, alors même que le rassemblement antilibéral vit une crise grave, comme en témoigne la réunion des collectifs de ce week-end à l’Ile des Vannes, à Saint-Ouen, des initiatives seront rendues publiques dans les prochaines semaines.

Aurélien Bernier, Michèle Dessenne, Pascale Fourier et Jacques Nikonoff,
Porte-parole du réseau « Avenir d’Attac ».


UNION SYNDICALE SOLIDAIRES
11 Décembre 2006

L’Union syndicale Solidaires se félicite du résultat des élections au Conseil d’administration (CA) d’Attac. Cette élection a été, à double titre, exemplaire. Par la participation des adhérents d’abord : près de 7600 d’entre eux ont participé au vote, soit la participation la plus importante pour une élection au CA de l’association depuis sa naissance. Par son organisation ensuite : après la fraude électorale qui a marqué les élections de juin, il fallait un vote irréprochable. Il l’a été. Le CA qui vient d’être élu jouit donc d’une légitimité incontestable.

Le vote qui vient d’avoir lieu prend, dans ce cadre, une double signification. Il manifeste d’abord la volonté des adhérents d’Attac de laver l’affront de la fraude électorale et d’indiquer clairement qu’Attac ne peut se construire que sur une déontologie des comportements qui soit conforme aux valeurs portées par l’association. En élisant nettement la liste présentée par le collège des fondateurs et les candidats de la liste « Attac : altermondialiste et démocratique », ils ont marqué aussi leur volonté qu’Attac continue à être un lieu de rassemblement pour le combat antilibéral, un lieu de construction de convergences qui permette à Attac de se situer au cœur du mouvement altermondialiste.

Après des mois de crise, il s’agit maintenant de faire repartir réellement Attac avec toutes ses composantes, collège des fondateurs, conseil scientifique, Attac campus, comités locaux. La rédaction du Manifeste a montré que, malgré les affrontements, Attac était réunie sur l’essentiel, c’est-à-dire sur les alternatives à proposer face à la mondialisation libérale. C’est de bon augure pour l’avenir. L’Union syndicale Solidaires, qui, avec deux de ses composantes, le SNUI et SUD-PTT, a participé à la création d’Attac, continuera pour sa part à prendre toute sa place dans la construction et le développement de l’association.
le lundi 11 décembre 2006


Nouvel Obs

ALTERMONDIALISTES


Attac : les opposants à Nikonoff majoritaires

12.12.2006

La liste des détracteurs de Jacques Nikonoff ont remporté 38 sièges sur les 42 que compte le conseil d’administration.

Les opposants à l’ancienne direction d’Attac ont remporté ce week-end les élections au sein du conseil d’administration de l’association altermondialiste, a-t-on appris lundi 11 décembre par l’association.
D’après ces résultats, les détracteurs de la direction sortante, emmenés par le syndicaliste Pierre Khalfa et l’économiste Susan George, sont désormais largement majoritaires au sein du CA d’Attac, avec 38 sièges sur les 42 que compte le conseil. Ils contestaient la ligne défendue par l’ancien président Jacques Nikonoff, Bernard Cassen (ex-président d’honneur) et la secrétaire générale sortante Michèle Dessenne.
"La liste Attac altermondialiste et démocratique, qui est en fait la liste des opposants à Jacques Nikonoff, a gagné 20 sièges sur les 24 dévolus aux membres actifs au sein du CA et la totalité des 18 sièges réservés aux membres fondateurs avec 57,7% des suffrages", a déclaré le porte-parole de l’association.

Double défaite de Nikonoff

"La liste des partisans de M. Nikonoff, regroupés au sein d’Avenir d’Attac, n’a récolté que quatre sièges en tout", a-t-il précisé.
L’élection de la nouvelle direction est prévue samedi au cours d’un CA extraordinaire, a-t-on précisé.
"On n’exclut pas une co-présidence voire une direction collégiale", a indiqué Pierre Khalfa, représentant l’Union syndicale Solidaires, qui a été la première à se féliciter de la "double défaite de M. Nikonoff".
Par ce vote, "les adhérents "ont marqué leur volonté qu’Attac continue à être un lieu de rassemblement pour le combat antilibéral, un lieu de construction de convergences qui permette à l’association de se situer au cœur du mouvement altermondialiste", a déclaré Solidaires dans un communiqué.
Les 21.257 adhérents d’Attac à jour de cotisation en 2006 et inscrits sur les listes électorales avaient reçu leur matériel de vote mi-novembre et avaient jusqu’au 5 décembre dernier pour voter.


Humanité

Article paru dans l’édition du 12 décembre 2006.

Nouvelles élections, et nouvelle donne pour ATTAC

ALTERMONDIALISTES . Les proches de Susan George et Pierre Khalfa remportent 38 des 42 sièges au conseil d’administration.

Dénouement ou rebondissement de la crise ? Une question présente dans la tête de tous les adhérents depuis le dépouillement des votes, ce week-end à Paris, pour le renouvellement anticipé du conseil d’administration (CA) d’ATTAC. Depuis 2005, l’organisation altermondialiste est en effet secouée par des tensions internes, que les fraudes au cours de l’élection du CA en juin dernier à Rennes ont fini d’attiser. Tombés dimanche en fin de soirée, les résultats donnent une large majorité aux opposants à l’ancienne direction d’ATTAC : 38 sièges contre 4 pour « Avenir d’ATTAC », la liste des partisans de l’ex-président Jacques Nikonoff. « La « liste "ATTAC altermondialiste et démocratique " a gagné 20 sièges sur les 24 dévolus aux membres actifs au sein du CA et la totalité des 18 sièges réservés aux membres fondateurs avec 57,7 % des suffrages », déclare-t-on au siège d’ATTAC.

Pour tenter d’éteindre le feu, les 7 593 votants sur 21 257 membres - une participation record depuis la création d’ATTAC - ont choisi d’installer aux commandes de l’organisation altermondialiste les proches de Susan George et Pierre Khalfa. « Par ce vote, les adhérents ont marqué leur volonté qu’ATTAC continue à être un lieu de rassemblement pour le combat antilibéral, un lieu de construction de convergences qui permette à l’association de se situer au coeur du mouvement altermondialiste », a ainsi réagi le syndicat Solidaires. La rétractation de Jacques Nikonoff est confirmée, lui qui en septembre avait déjà dû remettre prématurément son mandat suite aux confirmations de fraudes lors de sa réélection. « C’est la tendance gauchiste et communautariste qui s’installe à la direction d’ATTAC », une tendance qui « ne constitue pas un CA représentatif de la diversité des adhérents », admonestent Jacques Nikonoff et Michèle Dessenne. Selon eux, ces élections marquent au contraire un désaveu des membres fondateurs d’ATTAC, la Confédération paysanne et la FSU en tête, car leur liste « bloquée » obtient moins de voix (52,9 % en comptabilisant les abstentions) que lors des précédentes élections (87 % en 2002 et 64,3 % en juin dernier).

Au terme de huit ans d’existence, la capacité d’ATTAC à digérer cette crise profonde va décider de son avenir. Selon Gus Massiah, représentant du CRID au collège des fondateurs, « beaucoup de comités locaux s’étant inscrits dans la dynamique des comités unitaires antilibéraux, il faudra attendre quelques mois avant de dresser un bilan de santé ». En attendant ce check-up, les 42 membres du tout nouveau CA doivent se réunir le week-end prochain pour élire la nouvelle direction. « Il n’y aura pas un nom à la tête d’ATTAC », a d’ores et déjà avancé Gus Massiah. Au siège de l’organisation à Montreuil, certains parlent d’une « direction collégiale complète » pour assurer les fonctions du bureau. Mais les noms de Jean-Marie-Harribey et Aurélie Trouvé sont également évoqués pour incarner une coprésidence... Fin du suspense samedi prochain.

Christelle Chabaud


La direction sortante d’Attac perd les élections internes après plusieurs mois de crise

LE MONDE 12.12.06

Attac a communiqué, lundi 11 décembre, les résultats du dépouillement des élections à son conseil d’administration, bouclé dimanche 10 décembre dans la nuit. La liste des opposants à l’ancienne direction de Jacques Nikonoff a remporté cette consultation qui devait mettre un terme à la crise interne.

D’après les résultats vérifiés par huissier, les opposants emmenés par Pierre Khalfa, syndicaliste de Solidaires, et l’économiste Susan George obtiendraient 38 sièges sur 42. La participation, de 36 %, a été plus forte qu’attendue, dans un climat de tension extrême entre les deux camps. Sur les deux collèges - membres fondateurs et adhérents directs -, les partisans de M. Khalfa sont majoritaires.

Ces élections interviennent six mois après le psychodrame qui avait vu la direction sortante accusée de fraude. Lors du renouvellement des instances en juin, des bulletins avaient été substitués à d’autres, mettant en minorité les opposants pourtant gagnants. Des manipulations avaient été mises en évidence par plusieurs expertises indépendantes.

Jacques Nikonoff, président contesté, a dû démissionner de son poste en août après que le conseil d’administration ait demandé son départ. Une plainte contre X... a été déposée dans la foulée. La bataille interne n’a pourtant pas cessé, les partisans de M. Nikonoff et de Bernard Cassen, fondateur de l’association, n’admettant pas de perdre la direction.

DEUX CAMPS SE DÉCHIRENT

Voilà trois ans que les deux camps se déchirent sur l’orientation politique à donner à l’association altermondialiste. Les pro-Nikonoff veulent construire un mouvement dégagé du regard des associations et syndicats membres fondateurs et plus engagé dans la vie politique. Les partisans de M. Khalfa souhaitent, à l’inverse, garder "l’esprit" d’Attac, en maintenant la diversité assurée par ses fondateurs et un ancrage au sein du mouvement altermondialiste.

L’épisode de l’élection est clos mais la crise risque de durer. "La tendance gauchiste et communautariste s’installe à la direction d’Attac", dénoncent M. Nikonoff et l’ancienne secrétaire générale de l’association, Michèle Dessenne, dans un communiqué. "Les sortants sont battus. Nous avons une vraie majorité", se réjouit pour sa part M. Khalfa.

La crise a atteint l’image d’Attac. Alors que l’association comptait 29 000 adhérents début 2005, elle n’en comptait plus que 25 000 début 2006. Aujourd’hui, 21 500 membres seraient recensés.

Sylvia Zappi

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