La grève des étudiants à l’Université Rennes 2 - Haute Bretagne (5 novembre - 5 décembre 2003)

dimanche 21 décembre 2003, par EG

Point sur la grève de Rennes II, dans l’optique organisationnelle.

Lors des grèves étudiantes, il fut mis en place une structure de lutte classique composée en :

- Assemblée Générale : instance décisionnelle.

- comité de grève : instance de préparation de l’AG.

- commissions : 4 instances de propositions (interne, externe, action, réflexion).

Dès le début, s’est mis en place plusieurs lieux permettant la convivialité et la communication :

- les piquets de grève : devant chaque bâtiment, où circulaient les informations et les échanges d’idées, principalement au début de la grève.

- le stand café : s’étant constitué à partir du stand de collecte pour les cars du FSE, et fonctionnant sur le bon vouloir.

- le lieu art-plastique : confection des affiches, panneaux... En libre-service.

- le point info. : relayant les informations sur les réformes, les horaires des commissions, films, manif’...

- les diffusions de films : prises en charge par quelques personnes, surtout de la CNT, à partir de la troisième semaine de grève.

Parallèlement, d’autres lieux, plus informels et contestataires, se sont constitués :

- l’atelier de lutte : rassemblant de nombreuses personnes autour de l’idée de constituer la grève en ateliers, en s’opposant radicalement aux commissions. L’alternative proposée telle quelle était inenvisageable (trop destructurée pour porter un mouvement aux revendications ciblées), mais avait le mérite d’apporter des idées et une critique qui aurait pu être constructive.

- les réunions alter-grévistes : s’efforçant de proposer des formes d’actions pour une lutte sans le blocage de la fac (peu de propositions, malheureusement trop stériles et pas assez argumentées pour apporter de nouvelles idées).

Tout ceci était porté par une minorité d’étudiants (disons 4000 personnes au plus fort des AG, dont au grand maximum 1000 actifs, comparativement aux 22000 inscrits de Rennes II), auxquels se rajoutent :

- une majorité d’étudiants non-participants, contre les réformes ou sans avis tranché.

- des étudiants pro-réformes libérales.

- les enseignants et personnel IATOSS qui soutenaient le mouvement (mais pas forcément la forme, dont beaucoup contestaient la lisibilité de nos revendications), surtout syndiqués.

- les enseignants et IATOSS pro-réformes libérales.

- la Présidence, qui voulait que l’on reprenne les cours et ne communiquait que très peu avec nous.

La grève avec blocage a durée du 5 novembre au 5 décembre. Les deux premières semaines étaient palpitantes, la troisième marqua le début des conflits internes alors que le mouvement semblait battre son plein au niveau national, avec la mise en place d’une coordination et l’ouverture sur la lutte européenne, et la quatrième nous mena à une suspension nécessaire, suite à l’envenimement d’un débat se bornant à la forme elle-même plus qu’au fond.

La difficulté de tenir plus longuement fut appuyée par les manoeuvres d’une Présidence hostile, de médias dénigrants, d’un gouvernement stratégiquement efficace, et du manque de suivit des enseignants et personnels de Rennes II (suite, sûrement, à une mauvaise communication de la part des étudiants). Mais, autant le travail de sape que les problèmes d’extension étaient, de mon point de vue, inhérents à et ingérables dans ce cadre de lutte, où la structuration telle quelle devait faire avorter de fait la grève, suite à un problème général de communication , traduisant un enfermement des différents groupes sur eux-même (les actifs se fatiguant, n’étant jamais remplacés), menant à des difficultés à discuter et à informer des problèmes de fond (ce pourquoi nous nous étions mis en lutte...) et à penser les alternatives possibles (d’autres réformes LMD).

La lutte continue, des journées de blocage sont proposées chaque semaines (mais la Présidence réprime ces actions, quitte à réouvrir les portes à la hache !), le hall B est toujours vivant et occupé (café, art plastique, informations, films, commissions...), et un petit groupe de personnes s’est mobilisé afin d’interpeller et d’informer largement sur l’AGCS (José a fait une bonne discute hier à une trentaine de personnes, suite à une demande de ce groupe faite à Attac-Rennes).

Mickaël Simon

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