Les ravages du libéralisme : Bilan de l’Education dans le monde

vendredi 9 novembre 2001, par Webmestre

Les ravages du libéralisme : Bilan de l’Education dans le monde

Par le groupe Éducation d’attac35

« L’Education est l’arme la plus puissante

qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »

Nelson Mandela (1998).

De prime abord, quelques chiffres apparaissent nécessaires à rappeler :

- La fortune des 3 personnes les plus riches du monde dépasse le produit intérieur brut cumulé des 48 pays en développement les plus pauvres.

- 40 milliards de dollars par an suffiraient à satisfaire les besoins essentiels de l’ensemble des pays en développement (nourriture, eau potable, santé, ...et, bien sûr, éducation !) (1)

- Dans le monde, sur 6 milliards d’êtres humains, on recense près d’un milliard d’analphabètes (960 millions d’adultes), dont les deux tiers sont des femmes.

- Dans l’ensemble des pays en développement, l’analphabétisme touche un adulte sur deux.

- 140 millions d’enfants, dont une majorité de filles n’ont pas accès à l’éducation de base.

- Parmi les enfants scolarisés dans le monde, un sur cinq quitte l’école avant la cinquième année.

- 250 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent.

- Dans les pays en développement, un enfant sur quatre travaille.

- Il y aurait actuellement 200 000 enfants-soldats, âgés de moins de 15 ans.(2)

- Un tiers des adultes, dans tous les pays, même « développés », n’a pas accès au savoir par les livres.

- L’U.N.E.S.C.O. estime qu’entre 1990 et 1995, le nombre d’enfants qui ne vont pas à l’école a globalement diminué, passant de 129 millions à 110 millions ; cependant, en Afrique du Sud et en Asie du Sud, l’explosion démographique entraîne l’accroissement de la non-scolarisation des enfants de familles pauvres (plusieurs millions) (3)

L’éducation étant l’un des piliers du développement (Condorcet), il est intéressant de ce

pencher sur les relations des politiques libérales et leurs rapports avec ces états de fait.

Dès les années 80, des Programmes d’Ajustements Structurels sont imposés aux états en développement, en échange d’énormes prêts. Les pays emprunteurs doivent se plier à une politique économique draconienne : ouverture des frontières au marché, privatisations, déréglementation du marché du travail, réduction importante des déficits et des dépenses publiques,... soit : moins d’investissements dans le social, la santé et l’éducation, qui deviennent les parents pauvres des politiques d’application des pays en développement.(4)

Dans les années 90, suite aux augmentations importantes des taux d’intérêts, les prêts sont renégociés et n’ont pour conséquence que d’augmenter les dettes des pays emprunteurs ; les principaux créanciers étant des organismes internationaux associant l’ensemble des pays les plus riches (Banque Mondiale, Fond Monétaire International) et des organismes privés (Fonds Spéciaux Quantum dirigé par Georges SOROS, Citygroup dirigé par M.W.RHODES, Banque d’affaires Goldman and Sachs, Club de New-York,...) (4)

Les pays en développement paient, de plus, les conséquences des mouvements de capitaux volatils à l’échelle de la planète. Dès que des investisseurs, par intérêts spéculatifs, par actions politiques ou simplement par panique (de tout perdre), décident de retirer leurs investissements, les pays concernés subissent, alors, des crises économiques dramatiques. La plupart de ces mouvements de capitaux s’effectuent sans aucunes réglementations et ne tiennent pas compte des conséquences au niveau de ces pays. Etant très souvent liés économiquement les uns aux autres, certains subissent, alors la conséquence des crises, par effet « dominos ». Ce fut le cas dans les années 70, 80, mais aussi, dernièrement, en 1990 , où l’Indonésie, la Thaïlande, la Corée, puis le Mexique, en 1994, la Russie et le Brésil, en 1997, virent leurs économies s’effondrer. (5)

Aussi, tout comme pour le social ou la santé, l’éducation devient-elle rapidement, dans l’ensemble de ces pays, un parent pauvre des politiques économiques exigées par les créanciers. Quelques exemples en disent long sur les désastres de ces politiques libérales.

L’Amérique Latine, directement sous la coupe des Etats-Unis, subit une influence grandissante du marché.

La dette extérieure actuellement de L’Equateur est de 14 milliards de dollars. L’Etat doit consacrer 40 % de son P.N.B. au remboursement. Le gouvernement est prié de se plier aux « thérapies » prescrites par le F.M.I. et ne consacre plus que 13 % du P.N.B. à l’Education ; et seulement 3 % à la santé. Le nombre de pauvres avoisine les 80 % de la population et 64 % des enfants âgés de 6 à 15 ans ne vont pas à l’école. Le 21 janvier 2000, après la chute du Président Jamil Mahuad,suite aux protestations de la population, un nouveau prêt de 300 millions de dollars a été accordé, sous condition de...baisser les dépenses publiques ! (6)(7)

Celle de la Bolivie atteignait les 4,8 milliards de dollars en décembre 1998. Le pays consacre le tiers de ses exportations au remboursement. Elève appliqué des recettes prônées par ses créanciers de la communauté financière internationale, les résultats sont catastrophiques : seul le tiers de la population a l’électricité, l’eau potable, le tout-à-l’égout ; la pauvreté est proche de 70 % de la population. ; le taux de mortalité atteint 69 pour 1000 ; 10 % des enfants de moins de cinq ans soufrent de dénutrition ; un enfant sur deux va à l’école ; les maladies infantiles comme la malaria, le choléra et la tuberculose ont refait leur apparition. Javiert GOMEZ, directeur exécutif du Centre d’études pour le développement agraire (CEDLA) affirme que les réformes structurelles imposées par le F.M.I. et la Banque Mondiale « ont entraîné plus de pauvreté car plus de richesse dans peu de mains, avec, parallèlement, une moindre capacité de l ‘Etat pour combler la brèche. ». De l’avis même des responsables politiques qui se sont succédés au pouvoir depuis 1985, cet échec remet en cause, non seulement le modèle ultralibéral, mais risque de faire chanceler la démocratie en place depuis 1982) (8)

Au Chili, là aussi, les conséquences sur l’éducation des politiques libérales sont dramatiques. En effet, l’école ne devient plus qu’un bien marchand que les individus consomment et s’approprient. Dès 1973, la répression frappe les enseignants. Ils perdent leurs statuts de fonctionnaires et voient leurs salaires s’effondrer. Ils se sentent d’autant plus menacés qu’ils agissent sous la présence des militaires présents à l’intérieur des écoles. En 1979, on privatise les écoles techniques. Après 1979, le système unique de formation, notamment des Ecoles Normales, a été supprimé et le système éducatif est décentralisé : les écoles sont transférées aux municipalités qui prennent en charge le personnel, les salaires des enseignants, les infrastructures , les équipements et même les horaires et une partie des programmes. L’Etat accorde des subventions en fonction du nombre d’élèves fréquentant l’école. Les écarts deviennent énormes entre les collectivités pauvres et riches. Le principe de « flexibilité » s’applique aux programmes et aux cursus scolaires, les écoles étant libres du choix ( et du financement) des sujets autres que les disciplines de base. On ne considère plus la valeur culturelle et pédagogique, mais leur rentabilité économique. Le nombre d’écoles payantes se développe. Les universités deviennent des institutions compétitives ; leur financement public ne peut excéder 50 %. Le marché impose même ses règles « consumériste » à la culture : on détruit les livres, on augmente les prix de ceux qui ne sont pas mis à l’index et on encourage l’achat d’autres produits. Même l’Eglise se désengage de son appui suite à ses directives. L’augmentation des jeunes au savoir va décroissante. Il n’est plus question de donner une culture universelle au citoyen, mais de vendre des prestations à des « clients ». Le nombre d’élèves inscrits en première année de « l’école de base » passe de 436 000 en 1971 à 322 000 en 1981. Entre 1970 et 1972, 17,3 % des élèves abandonnent l’école après les trois premières années, ce chiffre passe à 23,2 % entre 1974 et 1976. Le nombre d’analphabètes s’est accru dans le pays. L’accès sélectif à l’instruction a creusé les inégalités et a appauvri le patrimoine du pays. Dernièrement, le ministère de l’Education chilien a décidé d’utiliser désormais l’anglais dans ses publications.

Et pourtant, les conséquences au Chili du modèle néolibéral n’ont pas empêché la Banque Mondiale de s’en inspirer dans les décennies suivantes. (9)

En Argentine, l’enseignement public, véritable orgueil national et modèle naguère envié par les Etats-Unis, est quasiment en ruine ; suite aux pressions économiques imposées par la Banque Mondiale et le F.M.I. qui ont, en 1989, alloué des crédits presque illimités à Carlos Menen, faisant passer la dette de l’Argentine de 43,5 millions de dollars à 63 millions ! Des privatisations en chaînes ont alors eu lieu, ainsi qu’une très forte augmentation du chômage, faisant apparaître des nouveaux pauvres :fonctionnaires, retraités et...instituteurs ! Plus de 50 000 chercheurs et scientifiques ont quitté ce pays, où la formation éducative était considérée comme la première d’Amérique Latine. Le nombre de jeunes qui abandonnent le système scolaire avant la fin est supérieur à 30 % dans le primaire, supérieur à 49 % dans le secondaire et supérieur à 51 % dans les études supérieures.(9) En décembre 2000, en virtuelle cessation de paiement, le gouvernement n’a dû son salut qu’à un « sauvetage » financier du F.M.I. d’un montant de 39,7 milliards de dollars. La nouvelle équipe (ultralibérale) a accentué les coupes brutales dans les dépenses publiques (et particulièrement dans l’éducation !). L’expérience n’a réussi qu’à déclencher des grèves, occupations d’universités,... (42)

De 1985 à 1990, la dette du Brésil passe de 247,5 à 270,2 millions de dollars. Le nombre de pauvres passe alors de 12 % à 14 % de la population ; plus de 70 % sont des enfants. Il demeurait en 1989, le pays le plus endetté du monde !

Les gouvernements successifs ont renoncé à mener une politique sociale, d’éducation et de santé, accentuant les inégalités sociales. En 1994, le Président Henrique Cardoso accentue les privatisations, démantèle les services publics et accepte la parité réal/dollar. Il élabore ainsi le programme demandé par le F.M.I. (Plan Réal). Le 13 novembre 1998, un prêt de 41,5 millions de dollars est accepté par le F.M.I.. Cette somme sera dilapidée en quelques mois ! Le 13 janvier 1999, une crise monétaire touche à nouveau le Brésil. Actuellement,70 % des sans-logis y sont encore des enfants ! (5) (10) (11)

En Afrique , la situation n’est pas meilleure. Dans la plupart des pays, la priorité est affichée pour le développement, l’éducation étant toujours trop souvent le parent pauvre des politiques gouvernementales, sous pression des organismes financiers internationaux (Angola, Tchad, Erythrée, Guinée, Mozambique, Namibie, Zaïre, Zambie, Nigeria, Rwanda, Gabon,...). En 1982, une hausse des taux d’intérêts a été décidée, amplifiant encore plus leurs dettes. Ainsi, les pays du sud ont déjà remboursé plus de quatre fois ce qu’ils ont emprunté ! ! L’Afrique sub-saharienne dépense quatre fois plus pour rembourser que pour ses dépenses de santé et d’éducation ! Sa dette représente près de 1 500 milliards de francs, sur la base des remboursements actuels ; il faudrait donc à l’Afrique sub-saharienne plus de 156 ans pour la rembourser ! (3) Depuis une décennie, il y a une régression de la qualité et de la couverture éducative en Afrique, problème amplifié par un accroissement démographique sans précé- dent.(3)(12) La population d’illettrés est passée de 125,9 millions, en 1980, à 140,5 millions, en 1995. Globalement, depuis dix ans, le taux de scolarisation a baissé en Afrique de plus de 3,3 % ! Il est compris entre 24 % et 37 % dans les pays sub-sahariens( dont la plupart subissent les P.A.S.) ; mais dépasse les 50 % dans l’Afrique francophone qui subit moins de pressions économiques. (13) Nombreux sont encore les pays qui demeurent sous la coupe des investisseurs internationaux : Angola, Tchad, Erythrée, Guinée, Mozambique, Namibie, Zaïre, Zambie, Zimbabwe, Nigeria, Rwanda, Gabon, Sénégal, ... (14)

L’Asie est, sans doute, le continent où la volatilité des capitaux spéculatifs ont faits le plus de dégâts, en déclenchant des crises économiques en chaîne. La dernière eu lieu en 1998 et toucha la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, la Corée, puis...le Japon. Dans tous ces pays les frais de scolarité ont augmenté et le taux de scolarisation a chuté ; sans parler des vagues de suicides de jeunes, suite à ces crises, en Corée et au Japon, où , en 1999, la dette publique atteignait 127 % du P.I.B., soit environ 1 000 milliards de dollars. En mars 1990, une conférence mondiale de l’Education pour tous, organisée à Jomtien, en Thaïlande, sous l’égide de L’U.N.E.S.C.O., de l’U.N.I.C.E.F., de la Banque Mondiale et du Programme des Nations Unies pour le Développement (P.N.U.D.) a eu lieu. Les représentants de 155 pays étaient présents et ont signé un certains nombre d’engagements : universaliser l’enseignement primaire d’ici l’an 2000, exiger un niveau minimum d’acquisitions pour tous, réduire d’ici l’an 2000 le taux d’analphabétisme des adultes de moitié, améliorer la diffusion des connaissances, permettre l’accès à l’éducation pour tous les enfants entre 5 et 15 ans d’ici l’an 2000 et développer l’aide aux personnels pour mieux gérer et généraliser des expériences éducatives innovantes. Cette réunion est restée une véritable chimère.(12) (23)(40)

Pour exemple, le Vietnam développe de plus en plus un système d’écoles privées et payantes, au dépend d’une scolarisation dans les établissements publics. Rappelons, aussi, qu’en Asie 250 millions d’enfants travaillent (UNICEF). (17)

De nombreux autres exemples existent dans ces pays en développement. De 1985 à 1995, les dépenses publiques d’enseignement de ces pays ont diminué de plus de 7%. Le coût de l’armement, le remboursement de la dette et les ajustements structurels expliquent en partie cet état de fait. Par ailleurs, l’aide au développement ne cesse de baisser , ainsi que les prêts de la Banque Mondiale pour les dépenses d ‘éducation.(3)

Le modèle libéral, essayant de s’imposer dans les pays en développement, est cependant bien présent dans les pays dits « industrialisés ». Il serait impensable de ne pas parler de celui qui lui vaut une gloire démesurée. Là aussi, les conséquences sur l’éducation sont nombreuses.

L’enseignement aux Etats-Unis fait face à une remise en cause générale. La privatisation rampante pointe son nez dangereusement. De plus en plus, la concurrence entre université devient la règle ; elle apparaît aussi entre les collèges et lycées ; et même, entre les écoles primaires ! . Bien qu’il y ait une légère remontée du niveau des élèves de l’enseignement public, en 1995, dans une comparaison internationale des pays les plus développés, les élèves de terminale américains arrivaient nettement sous la moyenne des 21 pays analysés, en mathématiques et en sciences. L’éducation étant du ressort des autorités locales, Darwin vient d’être exclu des manuels au Kansas, et, par contre, les dix commandements deviennent obligatoires dans les programmes du Dakota du sud, du Kentucky et de l’Ohio. Dans environ 40 % des écoles les cours commencent par le journal télévisé et les spots publicitaires de Channel One (programme contesté !) ; un cahier enseigne l’arithmétique aux enfants du primaire en leur faisant compter des bonbons de la marque Toosie ; un cours de commerce apprend aux élèves la valeur du travail en prenant pour exemple la gestion des Mc Donald’s ; des contrats de plusieurs millions de dollars transforment certains établissements scolaires en points de vente de Coca et de Pepsi. Le mercantilisme prend le pas sur l’enseignement ! Près de 600 écoles aux Etats-Unis négocient actuellement des partenariats avec des fabricants de boissons non-alcoolisées. Pour la plupart des étudiants en faculté, le financement de leurs études demeure un véritable travail de titans, car les bourses sont attribuées au compte-goutte et la plupart des études sont payantes. Georges Bush, dans son programme électoral, se définit comme pour la mise en place généralisée des « chèques éducatifs », permettant aux parents de choisir leurs écoles ; un bon moyen de faire passer les aides publiques vers des établissements privés ! Afin de gérer la violence des établissements scolaires, « ... en période de pénurie fiscale, l’augmentation des budgets et celle des personnels consacrées à l’emprisonnement n’ont été possibles qu’en amputant les sommes vouées aux aides sociales, à la santé et à l’éducation ! Les Etats-Unis ont de facto choisi de construire pour leurs pauvres des maisons d’arrêt et de peine plutôt que des dispensaires, des garderies et des écoles. » (17) Dernièrement, lors d’un meeting politique le nouveau président des Etats-Unis n’a-t-il pas affirmé devant les télévisions présentes que « ...L’Education n’est pas l’une de mes priorité ! ! »(Georges Bush).

De nombreux exemples des conséquences du libéralisme dans ce pays illustrent bien les dégâts.

Au Lycée Chaparral High School, Etat du Colorado, les horaires des cours ne sont pas décidés par les écoles, mais par une société (privée) de transport scolaire. Chaque mercredi, les professeurs sont tenus d’être là à l’aube, à attendre dans le cas où les élèves auraient des questions. Depuis peu, dans le Colorado, les élèves sont testés, mais ce sont les établissements qui reçoivent la note. Si celle-ci est bonne, l’école recevra des récompenses financières publiques ou privées ; dans le cas contraire, elle sera confiée à une gestion privée.

A Palmer High School, Colorado Springs, Etat de New-York, les élèves longent des couloirs tapissés de noms de marques locales et nationales. Plus de cinquante entreprises ont passées un contrat de partenariat avec l’établissement pour des montant de 1 500 à 12 000 dollars. Celles qui mettent le prix obtiennent des droits de publicité sur les bus scolaires et durant les matchs de base-ball et de football. Le contrat le plus important est celui passé avec Coca-Cola, de 8,4 millions de dollars, obligeant l’établissement à des résultats de vente ! Aussi, la direction de l’école a-t-elle autorisée les élèves à boire du coca en classe !

Parallèlement, Coca organise, pour les élèves de terminale, un concours où une chevrolet est a gagner. Berkeley High School, état de New-York, Pepsi-Cola a offert 90 000 dollars et un nouveau tableau électronique, Nike a proposé au directeur de fournir tous les équipements sportifs à condition que les élèves portent la marque au dos de leur maillot ! Dans le district de New-York, il y avait 400 postes vacants dans les écoles , l’an dernier. Au Texas, une école a signé un contrat de dix ans d’une valeur de 3,5 millions de dollars avec Seven Up et Dr. Pepper pour que leurs logos figurent sur les bâtiments de l’établissement. L’Association des Enseignants de Denver, au Colorado, a décidé de lier le salaire des professeurs aux résultats de leurs élèves ! une proposition similaire a été effectuée à Philadelphie. La ville de Cincinnati a installé un salaire à la performance pour les enseignants ; ils pourront être licenciés selon les résultats des élèves. Une école de Columbus, dans l’état de l’Ohio, a notamment introduit un système de primes pour les professeurs liée au taux de réussite de leurs élèves. Les frais de scolarité à l’Université de Pennsylvanie s’élevant à 35 000 dollars (250 000 francs) par an. A Los Angeles, 25 000 enfants issus des classes ethniques et dominées ont été refoulés des écoles primaires par manque de place. 94 % des enfants issu des ménages gagnant plus de 100 000 dollars par an accède à l’Université ; alors que seulement un enfant sur dix issu de ménage gagnant moins de 15 000 dollars par an y accède. En Californie, Noirs et Latinos ne représentent que 45 % des lycéens. Au lycée de Littleton, dans le Colorado, la gestion de la violence dans l’établissement à été donnée à un organisme privé : caméras de surveillance, badges d’identification informatisés, détecteurs de métaux, policiers et vigiles dans l’établissement. En Californie, le budget de la détention est supérieur à celui des universités.( 17) (18) La ville de Cincinnati vient d’instaurer un salaire à la performance pour les enseignants classés en quatre niveaux (« avec mention », « efficace », « basique » et « insuffisant »). Dans l’Etat du Massachussetts, ingénieurs et juristes pourront, sans diplômes, devenir professeurs en sciences de l’éducation. A Miami, une prime aux résultats été mise en place pour les enseignants. Les 210 écoles publiques de Chicago sont sommées par la ville d’évaluer les parents d’élèves pour « les inciter à s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants ». Ce carnet est une check-list en 23 points dans lequel les enseignants devront indiquer si les parents communiquent bien avec l’école, s’impliquent d’une manière générale, si leurs enfants assistent à tous les cours, s’ils sont en bonne santé,... Certains établissements scolaires de l’Ohio ayant passés des contrats de vente avec Coca-cola et Pepsi-cola pour des montants de 40 000 dollars par an sont menacés par l’Etat de suppressions de subventions.

En Europe aussi, le libéralisme arrive à nos portes. L’éducation devient un enjeu majeur et un marché très important !

En Angleterre, l’université gratuite n’existe quasiment plus, pour financer leurs cursus les étudiants britanniques doivent désormais s’endetter lourdement auprès des banques. Le nombre des étudiants issus de milieux défavorisés à chuté avec l’introduction, de droits d’inscription énormes.

Entre 1998 et 1999, le nombre d’inscrits à mi-temps dans les universités est passé de 5 000 à 218 000 ; ceux-ci devant travailler pour vivre et payer leurs études. Tony Blair vient de généraliser l’utilisation des « chèques éducation ». Depuis son arrivée, les dépense publiques pour l’éducation ont chuté de 40 %, le nombre de licenciements d’enseignants a été augmenté. Désormais, la recherche doit aussi être rentable, sous peine de ne plus être subventionnée que cela soit par les fonds publics ou privés. Dans le comté de Summerset, McDonald propose un « pack éducatif ». L’Angleterre subit une forte crise de recrutement des enseignants et, afin de palier à ce problème, vient de faire appel à des enseignants d’Afrique-du-Sud ! !(19)(20) Depuis 1994, les conservateurs britanniques ont lancé les « partenariats public-privé » ; l’opération a été étendue par le premier ministre, Tony Blair, sous le nom de « d’initiative de financement privé ». Fermement opposés à l’entrée du capital privé dans les établissements d’enseignement, les syndicats, pourtant alliés du parti, ne cessent de protester.(41)

En Suisse alémanique, plusieurs écoles élémentaires et maternelles ont inauguré le salaire au mérite à la rentrée scolaire de 1999. Le canton de Zurich vient d’abroger le statut de fonctionnaire en 1996 et a supprimé l’indexation automatique des salaires de ses employés dès 1992. A Saint-gall, les enseignants sont évalués sur un dossier ou l’appréciation externe d’un membre du conseil des écoles et une auto-évaluation du professeur. En cas de non-satisfaction, le professeur risque un déclassement de salaire et même, dans les cas extrêmes, le licenciement. Trois domaines sont pris en compte : les capacités personnelles de l’enseignant (formation continue, engagement professionnel, organisation du travail), les compétences techniques (composition du programme, direction de la classe, pédagogie) et des compétences sociales (rapport aux élèves, rapport aux parents, engagement vis-à-vis de l’école). Parmi ces neuf critères, six sont choisis en accord avec l’enseignant.

En Allemagne, une commission d’experts, représentant dix-huit universités, a proposé, en septembre 2000, que 15 à 20 % du salaire des enseignants soit variable et lié « à l’engagement » des professeurs d’université ; une sorte de récompense. Une autre proposition lie le salaire à des évaluations prises par les collègues ou...les étudiants, eux-mêmes !

En Pologne, depuis les années 80, les étudiants, de plus en plus nombreux, sont prêts à payer le prix fort pour obtenir un diplôme. Les établissements privés se sont multipliés et les écoles supérieures d’Etat organisent des formations du soir payantes pour les étudiants.

Bruxelles, en Belgique, abrite la Commission Européenne en charge de la politique de l’éducation et de l’enseignement à distance, depuis le traité de Maastricht. Elle subit des pressions d’ entreprises regroupées au sein de la Table Ronde des industriels Européens( E.R.T.) qui espère transformer l’éducation en un marché économique (très juteux : 6,3 milliards de francs !). (18) (19) (20)

Nombreux sont les enfants qui sont obligés de travailler dans des pays dits « développés » (Royaume-Uni, Grèce, Portugal, Etats-Unis, ...)

La Nouvelle-Zélande est sans doute le pays du monde qui a mis en place le système d’éducation le plus libéral du monde. Dès 1984, tout un programme législatif permet la libéralisation de l’ensemble de l’Education ; c’est désormais le marché qui va gérer ce domaine.

La gestion des établissements scolaires est confié à des conseils élus par des parents d’élèves et composés essentiellement de bénévoles. La concurrence fait rage pour attirer les élèves ; Les parents sélectionnent les meilleurs établissements pour leurs enfants. Dix ans après, le bilan est très favorable pour certaines écoles, mais catastrophique pour une école sur quatre qui devient sinistrée. Le choix des parents s’est fait dans la majorité des cas sur des critères ethniques et socio-économiques.

Sous la pression de l’opinion public, le gouvernement commence à faire marche arrière et, en 1998, les hauts -fonctionnaires du ministère de l’Education australienne admettent que les lois (libérales) du marché sont inapplicables...(39)

Cependant, il est actuellement possible d’observer les limites de ces politiques économiques. Le système « tout libéral » est de plus en plus contesté et les P.A.S. sont un échec avéré.

« La crise financière asiatique serait donc l’occasion de repense les limites de l’utopie du marché libre autorégulateur » (le sociologue Karl POLANYI). (21)

Le dernier rapport de la Banque Mondiale (rapport Metzer), en mars 2000, mit en évidence les carences et échecs des politiques de P.A.S. mis en place jusqu’à présent. Il insiste sur le fait de tenir compte, prioritairement, des institutions publiques (santé, culture, éducation,...) et sociales du pays dans le processus de croissance et de réduction de la pauvreté.. Il conclu à l’urgence d’accorder une vraie voix aux pays pauvres dans les institutions internationales. Suite à ce rapport, le président de la Banque Mondiale michel Candessus a démissionné, ainsi que de nombreux hauts-fonctionnaires du F.M.I., écoeurés par les politiques mises en place par ces organismes internationaux. Ceux-ci ont depuis décidé de confier de plus en plus la gestion des aides financières à des O.N.G. indépendantes (environ 47% des fonds attribués) (23)

A Davos, en janvier dernier, l’échec des politiques libérales a été avoué par les grands argentiers de ce monde. Un « mea-culpa » nécessaire, mais ...suffisant ?

Malgré ces résultats désastreux, le Table Ronde des Industriels Européens, L’O.C.D.E., la Commission européenne continuent à vouloir libéraliser tout un pan de l’éducation ! (22) Cet objectif demeure inchangé, comme le démontre l’activisme des services du commissaire Pascal Lamy dans le domaine : ventes de programmes, campus clés en main, favoriser le développement des grandes maisons d’éditions, généraliser l’utilisation de logiciels, ...la main mise sur les outils, mais aussi les valeurs et idéologies de l’éducation est en voie d’être en place par l’Accord Général sur le Commerce et les Services qui sera voté en octobre 2001.

Depuis les années 90, le fossé entre les pays riches et les pays pauvres a triplé !

Des contestations grandissantes apparaissent un peu partout dans le monde, démontrant le refus des populations à être dépendants des maîtres économiques. De nombreuses révoltes ont eu lieu suite aux politiques économiques imposées par le F.M.I. et la Banque Mondiale : émeutes de la faim à Rio, en 1984 ; manifestations à Buenos-Aires, Caracas et à Lima en 1989, en Equateur en 1994 ; au Mexique (Chiapas) depuis quelques années, mais aussi des révoltes en Bolivie et au Guatemala ; manifestations et critiques de la population, des partis politiques, du SANGOCO (qui regroupe les organisations non-gouvernementales d’Afrique -du-Sud ), et même du Conseil des Eglises d d’Afrique -du-Sud, en 97 ; mobilisation au Brésil de millions de personnes contre le plan « Cruzado », dès 84, puis contre le plan « Real », à partir de 94 ; en Corée du Sud , en 98,... (26)(39) Certains pays émergents, comme le Chili ou la Malaisie, ont décidé d’imposer des contraintes à la circulation des flux financiers afin de stabiliser leurs économies.

Parmi les plus grandes manifestations de mécontentement, on ne peut oublier, les rendez-vous de Seattle et de Porto-Alegre qui ont rassemblés un nombre impressionnant de personnes venus de tous les pays du monde et démontrant aux maîtres économiques qu’un autre monde est désormais possible et ...nécessaire ! L’objectif de ces rendez-vous étaient de dénoncer la libéralisation des services (dont l’éducation).

Une campagne, menée par un collectif d’associations de solidarité internationale( dont Terre des Homme) et des syndicats enseignants, appelée « Demain le monde...(39) l’éducation pour tous » a dénoncé le non-respect des engagements pris à Jontien, en Thaïlande, lors d’une conférence mondiale sur l’éducation, en mars 1990. Ils dénonce de plus, la baisse de l’aide publique au développement et la tentative néo-libérale de « marchandiser » l’éducation. Son président est très clair : « L’éducation est la clé de l’évolution de l’humanité et du développement Se donner les moyens, sur le plan financier, de parvenir à l’éducation pour tous, marque la sincérité des pouvoirs politiques et économiques ». Ce collectif a pris, d’ailleurs, part au Forum Mondial de l’Education qui s’est tenu à Dakar, du 16 au 18 avril 2000, apportant quelques 75 000 chèques-pétitions revendiquant le droit à l’éducation pour tous ; la délégation française, conduite par Charles Josselin, a finalement renoncé à les recevoir ! Peu de ministres étaient présents, aucun Premier ministre occidental et pas l’ombre d’un chef d’Etat de pays riche ! A ce forum, les pays de l’O.C.D.E. se sont opposés à la proposition, émanant des O.N.G., de créer un fond spécial pour l’éducation pour tous. A l’issue de la conférence, un cadre d’action a été adopté afin que d’ici 2015 tous les enfants, et notamment les filles, suivent jusqu’à son terme un enseignement primaire de qualité. Finalement, le forum de Dakar n’aura été que le report à 2015 des engagements pris en matière d’éducation en mars 1990 à la conférence de Jontien (3)(25)(40).

Un peu partout la contestation grandit.

Les enseignants du district de Philadelphie se sont mis en grève contre la généralisation du salaire à la performance. Le désaccord porte aussi sur l’extension programmée de la journée et de l’année de travail. En Californie ou la « ségrégation scolaire » était plus ou moins devenue la règle, les noirs et latinos demeurant les parents pauvres de l’accès aux écoles et à l’instruction, le processus de libéralisation a du revoir sa copie. En effet, la pression politique de ces minorités monte pour que l’Etat utilise ses pouvoirs budgétaires et réglementaires de manière à mettre les écoles du centre-ville au niveau de celles fréquentées par les communautés plus aisées. Le ministre de l’Education californien est tombé des nues lorsqu’il a été traîné devant les tribunaux, car les inégalités évoquées par l’accusation avaient paru chose normale durant des dizaines d’années. (24)

Au Sénégal, des enseignantes se sont mobilisées pour la scolarisation des filles. Lors d’un forum qui a eu lieu fin août à Fatik (sud de Dakar), elles ont préconisé la gratuité des fournitures scolaires et la multiplication des cantines. La faiblesse du réseau scolaire oblige plusieurs villages à partager une école.

Au Bénin, contrairement aux directives des P.A.S., les gouvernements insistent pour que l’enseignement primaire, obligatoire, deviennent progressivement gratuit en fonction des moyens de l’Etat. (14)

Tout démontre qu’ un autre monde (éducatif) est possible.

En décembre 1998 à Ouagadougou, l’Organisation de l’Unité Africaine à analysé la mise en place d’une meilleure éducation pour les pays africains et surtout a mis en avant les facteurs qui l’entravent. La généralisation de l’enseignement primaire est perçu comme un acte d’équité et de justice sociale.

La promotion de l’accès des filles à l’école, ainsi que la formation du personnel enseignant et administratif d’éducation a semble important. (12) Un ensemble de pays s’est engagé à mettre en place une scolarisation primaire pour l’ensemble de enfants (Botswana, Cap Vert, Congo, Mawali, île Maurice, Afrique du Sud, Swaziland, Togo, Zimbabwe...).

Pour nombre d’entre eux la valorisation d’expériences locales devient l’une des clés de la réussite de développement de l ‘éducation. De même, des actions éducatives de plus en plus indépendantes des Etats, défaillants, sont mises en place un peu partout afin de palier leurs carences.(27) Nombre de projets éducatifs sont de plus en plus confiés à des Organisation Non Gouvernementales (même par le F.M.I et par la Banque Mondiale !).

Le Bénin a la volonté de mettre en place progressivement l’école gratuite et obligatoire ( en fonction des possibilités de l’Etat). Il faudrait pour cela renforcer les capacités des états à gérer leur économies et non plus être à la merci des décideurs internationaux.(12)

Au Togo, l’association « Aides et Actions »et le Groupement de Retraités Sans- Frontières (G.R.E.F.) ont mis en place un projet de « Pédagogies actives » et le « Mouvement des Enseignants Novateurs »(Mouven). Ceci afin de mettre en place un noyau d ‘enseignants volontaires pour mettre en œuvre des techniques pédagogiques dites « actives », inspirées de la pédagogie Freinet, jusqu’alors ignorées par le Togo.(28)

Au Sénégal, de plus en plus de villages misent sur la création d’écoles afin d’accroître les chances de développement de leurs communautés.(29)

L’association « Aides et Actions » permet, grâce à des dons, à plus de 500 000 enfants en Afrique, en Inde et à Haïti de recevoir une éducation de base.(30)

L’Ouganda s’est mobilisé depuis 1996 pour scolariser tous les enfants en investissant plus d’argent dans les structures et fournitures scolaires.(40)

L’Inde invente le « collège aux pieds nus » ; concept d’éducation du soir, où dans les villages reculés, les enfants qui travaillent durant la journée ont un accès à l ‘école après leur travail de garde des troupeaux. Les cours sont dispensés par les habitants du village eux-mêmes. Les écoles sont équipées par d ’anciens élèves devenus ingénieurs. Au terme de leur scolarité, les enfants resteront dans leur communauté où ils amélioreront la vie de tous. Des Parlement d’enfants, des réunions d’enseignants et de parents d’élèves ont été généralisées grâce à ce projet qui, depuis 1975, s’est essaimé dans plus de 150 villages au Rajasthan. Les classes sont fréquentées par plus de 3 000 enfants, parmi lesquels 1 800 filles. (31)

En Egypte, l’Association « Terre des Hommes » travaille avec « l’Association pour la Haute Egypte » afin de permettre aux filles et aux femmes du milieu rural d’acquérir une formation de base (alphabétisation, apprentissage d’un métier, éducation des enfants,...)à laquelle elles n’ont pas accès, le plus souvent, dans le système officiel d’éducation.

Au Bangladesh, le « Center for Mass Education in Science », système d’écoles de base pour les enfants pauvres qui ne peuvent suivre un enseignement d’Etat, a été mis en place. Les enfants y apprennent à lire, compter et reçoivent une formation professionnelle. Ce centre peut aussi aider à trouver du travail et finance certains projets professionnels. L’Association « Gonochetona », développe l’émancipation des femmes. Elles sont alphabétisées et apprennent leurs droits, l’hygiène, la nutrition et s’initient à l’épargne et au petit crédit. (3) De nombreuses associations non-gouvernementales développent une scolarisation axée en grande partie sur les filles.(40)

Au Brésil, le projet « Axe » visant à réinsérer de 940 enfants des rues a vu le jour grâce à des réseaux d’associations de femmes. (32)

Au Salvador, le recensement des enfants a été décidé ; début d’une politique d’aide aux enfants de ce pays.

Dans de nombreux autres pays en voie de développement (Salvador, Colombie, Inde , Mongolie, ...) des actions, très diverses, visant à développer la scolarisation se mettent en place

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, adopté en 1948, proclame que « Toute personne a droit à l’éducation (...)L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales »(art. 26). Il semble important de rappeler que l’éducation est un droit que les enfants ont obtenus en 1959, par la Déclaration des Droits de l’Enfant, et à partir du 20 novembre 1989 par la signature des 54 articles de la Convention des Droits de l’enfant. Jusqu’à présent, 191 pays l’ont ratifié et signé ( les Etats-Unis et la Chine l’ont, toujours, refusé ! ! ). (3) Cet organisme se réunira prochainement, en septembre 2001. Un bilan des directives de la Convention sera effectué quant à l’application des Droits de l’enfant.

C’est la pauvreté qui est la cause principale du travail des enfant. Ils sont exploités par des grandes entreprises, parfois par leurs Etats eux-mêmes ! (2)

L’instruction demeure le premier outil de développement de l’être humain

Rappelons aussi que le Ministère de l’Education Nationale français insiste énormément sur les actions pédagogiques et la connaissance des droits de l’enfant( B.O. n°39, du 4 novembre 1999). (33)(34)(35)

La plupart des pays qui ont négocié des prêts avec les organismes internationaux(F.M.I., Banque Mondiale,...) ont déjà remboursé plus de quatre fois ce qu’ils ont emprunté. Aussi, il serait logique que cette dette qui étouffe les pays en développement soit annulée. Cette requête devient, depuis quelques temps, générale et est avancée par de plus en plus d’organismes, d’associations et même par les membres de notre gouvernement. Des efforts ont été dernièrement effectués au niveau de la France. Il faut, cependant, amplifier cette décision et encourager d’autres pays a aller dans ce sens. Certains pays du sud se mobilisent également pour l’annulation de cette dette : les représentants de 35 pays se sont réunis à Gauteng en Afrique du Sud du 18 au 21 novembre 1999, pour en discuter. (3)

La dette du Mozambique, de la Bolivie et de l’Ouganda, a été annulée à 80 % par les organismes internationaux. Or, ce dernier pays en a profité pour augmenter ses achats d’armes. Aussi, il est nécessaire que la remise de la dette soit en contrepartie de dépenses sociales, médicales et éducatives au niveau du pays et que les gouvernements de ces pays s’engagent à suivre ces directives, sous l’observation d’organismes internationaux reconnus (O.N.U., Croix Rouge, Médecins du Monde, ...). (36)

Les mouvements incontrôlés des capitaux spéculatifs demeurent une source d’instabilité constantes pour les pays en voie de développement qui subissent inlassablement des crises économiques catastrophiques. Aussi, la maîtrise de ces flux financiers apparaît nécessaire ; soit, comme la Malaisie ou le Chili qui ont décidé de faire un blocage aux mouvements de capitaux et ainsi de conserver une certaine stabilité financière dans les investissements internes au pays, soit, par la mise en place d’une taxe ( Taxe Tobin : imposer toute opération de change à seulement 0,1 %) qui ralentirait l’importance des spéculations. Les gains de cette taxe pourrait être utilisés pour satisfaire les besoins essentiels de l’ensemble des pays en développement (nourriture, eau potable, éducation, santé, etc.)(37). 40 milliards de dollars par an seraient suffisant, une somme qui représente 4 % de la richesse cumulée des 225 plus grandes fortunes mondiales.

La lutte et la dénonciation des paradis fiscaux vont dans le même sens.

Une réforme des principaux organismes internationaux décideurs (F.M.I., Banque Mondiale, O.M.C.,...) et bailleurs de fonds des pays en développement est plus que nécessaire, elle a d’ailleurs déjà commencé. Une transparence et une modification des modes de décisions ( où les Etats-Unis ont une prépondérance actuelle du fait des côtes-parts : « un dollar = une voix ») serait plus juste. (38). De même, l’attribution de ces aides financières, leurs gestions, leurs utilisations et un réel contrôle devraient être effectués, soit par des O.N.G. sur place, soit par des élus ou des organismes attitrés réellement indépendants. Cela permettrait de vérifier leurs impact social, sanitaire, éducatif, mais aussi écologique sur ces pays.(37) « Dans de nombreux pays, la solution est une meilleure utilisation des ressources existantes », estime Sven Osttveit, de l’U.N.E.S.CO. Dénonçons les carences de l’Etat de ces pays en développement qui favorisent le détournement des aides ou les trafics au dépend d’une réelle politique sanitaire, alimentaire, éducative et sociale dans leur pays

Il faut s’opposer à tout abandon de souveraineté des Etats au prétexte du « droit des marchands » et permettre à ces pays, en développement, de mettre en place une économie réellement indépendante, en favorisant le micro-crédit, la gestion participative et les actions éducatives locales (adaptées aux moyens et surtout aux besoins).

L’application du droits des femmes et de celui des enfants devrait être aller de soi. Continuons d’encourager tous les mouvements d’annulation de la dette qui étouffe littéralement les pays en développement. Demandons la mise en place d’un revenu minimum international.

Les Etats réduisent, actuellement, leurs aides au développement ; il devient important d’encourager une réelle solidarité Nord-Sud et un partenariat (scolaire) grâce aux diverses associations internationales.

Sournoisement, grâce à un nouvel accord « l’A.G.C.S. » (Accord Général sur le Commerce et les Services), le milieu libéral veut privatiser tout un pan de l’éducation (formation continue tertiaire, formation à distance). Aussi, faudra-t-il être très attentifs quant aux prochaines décisions qui seront prises à ce niveau à l’automne 2001 !

Références :

(1) ATTAC, 9 bis rue de Valence, 75 005 Paris.

(2) Le Journal des Enfants, du 16 novembre2000.

(3) Bulletin de Terre des Hommes France, Délégation d’Ille-et-Vilaine.

n° 77, Printemps 2000.

(4) « D’une vérité à l’autre, les politiques de la Banque Mondiale », Nicolas Guilhot.

Le Monde Diplomatique, septembre 2000.

(5) « Recolonisation progressive au Brésil », de Michel Chossu Dovsky.

Le Monde Diplomatique, mars 1999.

(6) « L’Equateur en éruption », de José Maria Tortosa.

Le Monde Diplomatique, mars 2000.

(7) « Naufrage de l’Equateur », Bernard Cassen. .

Le Monde Diplomatique, septembre 2000.

(8) Le Monde, mardi 19 septembre 2000.

Nicole BONNET.

(9) Idées en mouvement.

« Néo-libéralisme et enseignement :l’autre crime », deTeresa Longo.

Teresa Mariano Longo a présenté, à l’université de Paris VIII, une thèse intitulée :

« Les politiques néo-libérales et leur impact sur la profession enseignante.

Le cas du Chili (1973-1983) » , qui lui a valu le grade de docteur en sciences de l’éducation.

(10) « Quand l’argent fait la loi », Bernard Cassen.

Manière de voir, novembre-décembre 1997.

(11) « Le pacte des élites brésiliennes », Emir SADER.

Le monde Diplomatique , octobre 1998.

(12) « Entre décentralisation et mondialisation », de Djibril Mama Debourou.

Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

(13) Le Monde Diplomatique, mars 2000.

Supplément.

(14 ) Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

Supplément.

(15) « Quand la Banque Mondiale nie l’évidence », de Christian de Brie.

(16) Dossiers et Documents du Monde.

n° 265, mai 1998.

(17) « l’emprisonnement des classes dangereuses aux Etats-Unis » de Loïc WACQUANT

Le Monde Diplomatique, juillet 1990.

(18) « chères études. Ecole, université : l’argent roi. »

Dossier Courrier International, ? 1999.

(19) « Un digne héritier » de Keith Dixon.

(20) Le Monde Diplomatique, septembre 1999.

Christian Charles.

(21) « Quant l’Asie vacille ». Philip. S. GOLUB.

Le Monde Diplomatique, septembre 1999.

(22) « Nouveaux Regards », de Daniel Rallet.

N°10, été 2000, Institut de Recherche de la F.SU.

(23) « D’une vérité à l’autre : les politiques de la Banque Mondiale », de Nicolas GUILHOT.

(24) « Les institutions sous le feu de la critique », B.Cassen.

Le Monde Diplomatique, septembre 2000.

(25) The New-York Times, Brent Staples.

Lignes d’ATTAC n°8, septembre 2000.

(26) « Amérique Latine : du Che à Marcos ».

Manière de voir n°36, novembre-décembre 1997.

(27) « L’avenir de générations entières », de Jean-Pierre VELIS.

Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

(28) « Célestin Freinet au Togo », de Gisèle Bongra.

Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

(29) « Tout a commencé par l’alphabet », R.P.Paringaux.

Manière de voir 51

(30) « Parrainer un enfant », de Jean-Pierre VELIS.

Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

(31) « L’Inde invente le collège aux pieds nus », de Bunker ROY.

Le Monde Diplomatique, décembre 2000.

(32) « Sauver les enfants du Brésil », de Daniel Hazard.

Manière de voir 51.

(33) « Les Droits de l’Enfant », Bibliothèque de travail Junior de juin 1996, publication de l’Ecole moderne française.

(34) « le grand livre des droits de l’enfant », de Alain Serres, édition Messinor/La Farandole.

Affiches U.N.I.C.E.F.

(35) « Mobilisation générale des O.N.G », de Cynthia Guttman.

Le courrier de l’U.N.E.S.C.O., mars 2000.

(36) « Briser la spirale de la dette », Eric TOUSSAINT .

Le Monde Diplomatique, septembre 1999.

B. Cassen.

(37) Le Monde Diplomatique, mars 2000.

B. Cassen

(38) Le Monde Diplomatique, septembre 2000.

« Les peuples en résistance ».

ATTAC, Edition Syllepse.

(39) « Nouvelle-Zélande : les exclus de l’école néo-libérale », E.B. Fiske et H.L.Ladd.

Le Courrier de l’U.N.E.S.C.O., novembre 2000.

(40) Collectif Demain le monde...regroupant 18 associations de solidarité internationale(c/o

Ligue de l’Enseignement-3, rue Récamier-75 341 Paris Cedex 07 Site internet : www. Globenet.org/demain-le-monde/ Autre site à consulter : www.education.unesco.org/efa.

(41) Le Monde, lundi 9 juillet 2001.

(42) Le Monde Diplomatique, juillet 2001.

« Entre dette et pillage, une économie à genoux », par Jorge BEINSTEIN (Université de BUENOS-AIRES)

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