Plan de travail 2002-2003. Groupe Education Recherche. Document de travail

dimanche 21 décembre 2003, par EG

Document de travail

Plan de travail du groupe éducation d’Attac Rennes

Forum social local du pays de Rennes : préparation de la table ronde du vendredi 16 mai 2003


Education : compétition ou démocratisation ?


Constat et questionnement

Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001 :
p. 10 : " L’adoption par l’école d’un esprit de compétition et sa transmission aux élèves sont-elles compatibles avec notre désir de forger des esprits libres, critiques et solidaires ? "
p. 68 : Aujourd’hui, " la dualisation du marché du travail ne réclame plus une élévation générale des niveaux de formation. L’avènement de la société de l’information et de la connaissance marque paradoxalement la fin de la massification de l’enseignement et la fin des discours de démocratisation qui l’avait accompagnée ".
p. 91 :

- Une triple évolution :

- l’adaptation étroite de l’enseignement - contenus, structures, méthodes - aux nouvelles attentes des marchés

- l’utilisation du système éducatif aux fins de stimuler les marchés

- la transformation de l’Ecole et plus généralement des savoirs en un nouveau secteur générateur de profits.

- Deux conséquences :

- l’instrumentalisation de l’Ecole au service de la compétition économique

- l’aggravation des inégalités sociales dans l’accès aux savoirs

Objectifs

Mettre à jour :

- la logique néolibérale à l’œuvre dans les évolutions actuelles de l’enseignement et de la recherche

- le processus de " formatage " des esprits destiné à les faire apparaître comme une évidence (" inéluctabilité ") et désarmer la critique.

Le contexte

Les discours

[source : Philippe Coulée, " Maman, ils ont privatisé l’école ", Le Soir (Bruxelles), publié dans Courrier International, n° 464, 23-29 septembre 199 ?] :

Le discours néolibéral

- OMC
Pour l’OMC, l’éducation est désormais "un article destiné à la consommation publique et privée".

- Table ronde des industriels européens (ERT) lobby qui inspire la politique européenne en matière d’éducation

un constat

l’entreprise doit traiter le savoir comme une marchandise ordinaire et rentabiliser son traitement

un moyen

les télécommunication tombent à pic pour donner vie à un enseignement centralisé dispensé à des élèves disséminés sur le réseau planétaire

un ennemi

les résistances des Etats soucieux de garder la mainmise sur l’éducation en tant que corps central de la citoyenneté. Et de conserver le monopole de la délivrance des diplômes et des certifications

une arme

une carte de certification personnalisée

- Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE)
Dans un rapport de 1996

" Les étudiants deviennent des clients et les établisements scolaires de sconcurrents pour obtenir une part de marché. Ces établisements sont incités à se comporter comme des entreprises. Les étudiants doivent payer tout ou parite de leurs cours ".

Les technologies du XXIe siècle, novembre 1998

" Tous les services d’intérêt collectif, notamment l’enseignement, la santé, les diverses formes de protection sociale, ainsi que les transports et les communications, sont transferés à la sphère marchande du secteur privé. Les secteurs en plein essor de la santé, de l’enseignement et de l’assurance étant aux mains d’entreprises privées, les contraintes budgétaires du secteur public devraient diminuer ".

- Claude Allègre
Ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie (1997-199 ?)
Il s’agit " d’instiller l’esprit d’entreprise et l’innovation qui fait défaut " dans le système éducatif, " vendre le savoir-faire français en matière d’enseignement à l’étranger et se fixer un objectif de 2 milliards de FF de chiffre d’affaires sur trois ans ". " Je suis convaincu qu’il s’agit là du grand marché du XXIe siècle ".

___L’autre paradigme

- Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies
décembre 1966
prescrit que les droits à la santé, à l’enseignement, à la culture sont des doits imprescriptibles des êtres humains.

- Déclaration universelle des droits de l’homme (1948)
l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personne humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales

- Déclaration des droits de l’enfant 1959 confirmée par la Convention des droits de l’enfant signée le 20 novembre 1989
les enfants ont obtenu le droit à l’éducation

- La notion de service public
— > notion d’intérêt général
objectif de l’école : former des citoyens ? des consommateurs ? des producteurs ?

Nico Hirtt

L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001 :
p. 77 : " la fonction idéologique de l’enseignement n’est pas moins présente aujourd’hui qu’hier [...]. L’Ecole ne doit pas seulement former le producteur, elle doit aussi, plus que jamais, inculquer aux jeunes générations le respect du système en place ". p. 78 : " L ’Ecole doit inculquer aux jeunes générations un respect des institutions fondé sur la conviction que nos régimes représentent le nec plus ultra en matière de démocratie ".
p. 79 : " Un esprit " citoyen "digne de ce nom, c’est à dire un regard lucide sur la société dont nous sommes membres et la possibilité réelle d’y faire entendre sa voix, exige autre chose que des cours sur les " valeurs démocratiques. Il y faut impérativement, une compréhension effective des mécanismes qui sont à la base des injustices criantes et croissantes, la connaissance des rapports économiques et sociaux qui produisent les guerres, la famine, le chômage et la destruction de l’environnement, une vision rationnelle et scientifique du monde, au-dessus des préjugés et de la " pensée unique " ".

Paul Quilès

[ministre des postes, des télécommunications et de l’espace, cité dans Le Monde diplomatique, octobre 1991]
"Les missions de service public ne peuvent s’accommoder de la rentabilité financière que poursuit une entreprise privée ; nous avons bien vu dans les pays qui se sont engagés dans cette voie, ce qui s’est produit : écrémage de toutes les activités rentables, oubli de ce qui fait la spécificité du service public, par exemple, l’égalité des usagers et les nécessités de l’aménagement du territoire".
SNES
Principes d’organisation communs des services publics :
- continuité de service public
- mutabilité-adaptabilité
- égalité
- neutralité
Règles et principes d’organisation spécifiques du système éducatif :
- laïcité
- gratuité
- obligation scolaire
- collation des grades et diplômes par l’Etat
[Document SNES]

Attac

[AF5 :]
" Il s’agit également de promouvoir le partage des savoirs, en favorisant l’accès à l’instruction et à la formation des plus démunis. De revivifier, aussi, l’esprit du service public qui, loin de l’esprit d’entreprise, et sans renier sa capacité à former les individus à un métier, revendique l’accès de tous à une instruction qui vise d’abord à l’émancipation par la raison, la culture et les connaissances. Le propos n’est pas de proposer un modèle pédagogique, ni d’exonérer l’école de la République de ses failles et de ses carences. Mais de formuler un impératif : agir pour que l’éducation, ce socle vital des civilisations, ne soit pas soumise à la marchandisation. Agir local et penser global, c’est résister, au sein de chaque école, de chaque collège, de chaque lycée et de chaque université aux méfaits et intrusions de la déferlante libérale. Mais c’est aussi, sur les plans national et mondial, favoriser l’émergence d’une éducation solidaire ".

Le contexte : une triple offensive

A l’échelle nationale :

- désengagement financier de l’Etat

- décentralisation

- de la gestion des personnels

- des centres de décision

- des financements

- adaptation au contexte économique local...

Congrès du SNESUP-FSU (28 mars 2003) : " Dans le cadre de l’éclatement du Service Public sous couvert de la décentralisation " lancée par le Premier Ministre, c’est une attaque frontale et sans précédent contre le service public, ses personnels et ses missions. Au nom de l’autonomie des établissements, il s’agit de transformer les universités en entreprises publiques à gestion privée, avec à leur tête un chef d’entreprise ayant tout pouvoir sur les hommes et les choses. Ceci avec mise en concurrence des établissements, suppression ou regroupement autoritaire d’universités (moins de 15 000 étudiants !) remise en cause des statuts des personnels [...] décentralisation des déficits de financement ".

- substitution de la logique des compétences à la logique des qualifications : remise en cause de la reconnaissance liée au diplôme et des avantages qui vont avec en termes de salaire et de stabilité de carrière... désormais, il faudra faire ses preuves toute sa vie (formation tout au long de la vie), prouver son " employabilité " + les salariés devrons financer leur formation (MEDEF) [compétences minimales, enseignement de base : lire écrire, calculer, dialoguer avec une interface informatique, travailler en équipe - abandon des objectifs de culture / d’enseignement général-e]

A l’échelle européenne :

- harmonisation des diplômes (réforme LMD)
- système des crédits d’enseignement (ECTS)

A l’échelle mondiale :

- négociation encours de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) dans le cadre de l’OMC par lequel les Etats s’engagent à réduire, voire supprimer, les obstacles pour les fournisseurs étrangers d’éducation. Pour l’instant, au sein de l’UE, tout enseignement qui est financé sur fonds publics échappe à l’accord. Mais pour combien de temps puisque tendance

- à l’augmentation des droits d’inscription à l’université

- au développement du financement des établissements d’enseignement par les entreprises

Le constat

Ecole

entrée de la publicité, édition scolaire
[José ?]

exemple : Pour améliorer les résultats des élèves, le gouvernement travailliste de Tony Blair propose aux entreprises de financer des établissements et d’y appliquer leurs méthodes. Dans la zone de Lambeth (31 écoles, 10 000 élèves), l’organe de décision sera présidé par un cadre supérieur de Shell International. Celui-ci aura le pouvoir de licencier tous les enseignants jugés incompétents. De plus, dès 11 ans, les élèves suivront des cours de savoir vivre en entreprise et se verront décerner des prix de citoyenneté et d’employabilité... (L’Expansion, 21 octobre 1998)

Enseignement secondaire

l’exemple des " Masters de l’économie "
[Mirabelle ?]

AF5 :

" Depuis 1999, Attac dénonce un " jeu-concours ", les " Masters de l’économie ", proposé sur Internet par le groupe bancaire CIC au sein des établissements scolaires. Ce " jeu " consiste à faire gérer par des jeunes (sans restriction d’âge) un portefeuille de valeurs mobilières de 40 000 euros, à optimiser en un minimum de temps. Dans ce " jeu ", les avantages de la Bourse et de la spéculation sont amplement exposés, tandis que leurs conséquences sociales, souvent dramatiques, sont totalement passées sous silence ".

Enseignement technique et professionnel

Logique des compétences et savoirs de base —> Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001, p. 83 : " A cause de la spécialisation des filières, c’est surtout dans l’enseignement professionnel et technique, fréquenté majoritairement par les enfants d’origine populaire, que toute idée de " culture générale " est abandonnée. L’autonomie des établissements scolaires se traduit par des choix pédagogiques et des priorités dans l’utilisation des heures de cours, largement déterminés par l’origine des élèves, donc par l’idée qu’on se fait de leur destinée sociale ".

Enseignement supérieur et recherche

Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001, p. 42 : " Sous la pression des forces conjuguées du marché, des recommandations d’instances supranationales et des politiques dérégulatrices des gouvernements nationaux, au prétexte " d’excellence gestionniare ", les universités se transforment petit à petit en de vulgaires entreprises à but commercial. Leur activité se recentre sur la recherche de " clients " et de sources de financements capables de soutenir leur potentiel de développement. [...] Dans les disciplines enseignées comme dans la recherche fondamentale, on néglige ou on abandonne les domaines qui ne débouchent pas rapidement sur des applications rentables ".

[Source 1 : article de Christophe Charle (référence ?)]

Les réformes / projets de réformes

CNRS

- réforme qui vise à "intégrer la plupart des laboratoires propres au Centres dans les universités, et à encourager la mobilité des chercheurs vers l’enseignement et la recherche industrielle"

- forte opposition de la communauté scientifique en décembre 1998

Enseignement supérieur

- "le modèle 3-5-8 qui, dans une logique d’harmonisation européenne, fixe à bac + 3, bac + 5 et bac + 8 les niveaux d’obtention des diplômes"

- "Par ce biais, le ministère se propose de recomposer la carte universitaire autour de quelques grands pôles mettant en réseau les universités à fort potentiel de recherche et certaines des grandes écoles".

Innovation

- "le projet de loi sur l’innovation déposé au Sénat veut faciliter la création d’entreprises par des chercheurs des organismes [de recherche] publics". L’objectif de Claude Allègre : "introduire l’esprit d’entreprise dans la recherche et permettre aux chercheurs, bien que fonctionnaires, de devenir de véritables entrepreneurs, au prix de dérogations exorbitantes du droit commun".

Les causes

"Derrière tous ces projets, on retrouve l’obsession de rentabilisation d’investissements en hausse croissante au fur et à mesure que les études s’allongent, que les effectifs augmentent et que la recherche, en se complexifiant, réclame des équipements toujours plus coûteux et des personnels toujours mieux formés"

Le modèle américain

"Les responsables européens [...] sont fascinés par un modèle américain réputé associer financement public allégé et financement privé significatif, et intégrer recherche fondamentale, recherche appliquée, innovation technologique et développement des entreprises". Cette fascination remonte à l’entre-deux-guerres : les réformes actuelles constituent une systématisation et une accélération du processus".

Un exemple

"Depuis les années 60-70, les sciences les plus coûteuses sont prises dans une double logique : d’une part, impliquer des entreprises pour dégager des applications rentables et, d’autre part, internationaliser les personnels et les ressources afin de rassembler les spécialistes sur des programmes intégrés associant plusieurs Etats, comme c’est par exemple le cas du Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN) de Genève".

Les dangers

"Ce qui est nouveau et dangereux, c’est l’européanisation aveugle du modèle américain et l’imposition d’une logique de compétition économique et d’uniformisation administrative à tous les types de disciplines, d’établissements et de recherche".

Les conséquences

La mise "sous pression" des enseignants et des chercheurs : certains pays envisagent la "défonctionnarisation" des nouveaux recrutés "afin de les mettre sous pression par l’évaluation permanente des pairs, des administrations et des étudiants" or "les dérives clientélistes et démagogiques de cette évaluation ne sont que trop prévisibles quand on sait que la dotation ministérielle repose sur le nombre d’étudiants inscrits".
[Fin source 1]

Quelques enjeux de ces réformes ( ?)

Harmonisation européenne de l’enseignement supérieur

Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001, p. 41 : " Dans leur recherche de la catégorie de main-d’œuvre la plus hautement qualifiée, les employeurs veulent bénéficier d’un champ de recrutement aussi vaste que possible : cela accroît la pression sur les salaires et augmente le choix ".

Professionnalisation des formations

- sélection sur entretien ?

- le trio " savoir, savoir-faire, savoir-être "

- et les critères d’excellence universitaire ? [AF5 : " Évaluation des compétences personnelles et sociales au même titre que les compétences académiques ".]

Comment ?

substitution des financements privés aux financements publics, l’entrée des entreprises/marques à l’université (partenariats). Exemple : cours d’économie Pernod Ricard à Toulouse 1..., recherche de " clients " et de sources de financement (cf. article du dossier de Courrier international sur une étudiante américaine à la recherche de financements pour ses études à l’université).

Lexique (discours idéologique)

La " modernisation " d’une institution " archaïque " ou l’entrée des méthodes de management de l’entreprise privée dans le secteur public : efficacité ou absurdité ? (logique du projet - management par objectif - responsabilisation - évaluation...) [Source : article Attac national ?]

Le rapport Espéret

(date ?)
 : adapter les recettes de gestion des ressources humaines
[Source : article Attac national ?]

Flexibiliser et individualiser

contrat individuel entre un universitaire et son établissement de rattachement fixant missions et charge de travail pour 4 ans
Csq :

- remise en cause du statut de la fonction publique ?

- commercialisation de l ’enseignement

Contrôler

management par objectif : instaurer une logique de projet avec des objectifs définis + évaluation de l’atteinte des objectifs sur la base de " rapports d ’activité réguliers "
Csq :

- mise en concurrence des collègues

- rapports hiérarchiques à tous les niveaux

- pressions sur les personnes

- qui fixe les objectifs en matière de recherche et d ’enseignement, et en fonction de quels critères ?

- " Sous couvert d’ " autonomie " du travailleur, [c’est] la faculté donnée aux petits chefs de faire peser les contraintes de la production sur chaque salarié pris individuellement et d’étouffer dans l’œuf toute protestation collective, puisque chacun est mis en concurrence avec ses collègues et sommé de montrer en permanence son " employabilité " ".

Alourdir la charge de travail

objectif : un service de 1600 h (alignement sur le temps de travail des fonctionnaires de l’Etat, actuellement service d’enseignement limité à 192 h pour les enseignants-chercheurs et 384 pour les agrégés et certifiés)
" Il s’agit de faire travailler plus les universitaires qui comptent parmi les derniers salariés dont le travail reste inévaluable ". Les exigences de qualité des cours, de leurs liens avec la recherche, l’autonomie du travail intellectuel sont systématiquement occultées.
[Fin source Article Attac national ?]

NTIC

les pays riches conseillent aux pauvres de cesser de se ruiner à développer un coûteux système d’enseignement supérieur alors qu’ils peuvent leur vendre des cours en ligne

Formation doctorale

[Evelyne ?] :

Il n’est pas question de mettre en cause la légitimité des préoccupations des doctorants quant à leur avenir professionnel... mais tactique et pragmatisme sont risqués, pourraient avoir des csq désastreuses et sur lesquelles il serait très difficile de revenir à nécessité de bien dégager les enjeux...
comment faire le deuil de la carrière académique ? les 2/3 des jeunes docteurs ne pourront y accéder : le rôle des Doctoriales, des Journées des Ecoles doctorales (vs le CIES ?)
le partenariat écoles doctorales / associations de doctorants
enseignements transversaux, " stages d’initiation à l’entreprise ", " élaboration de projet personnel et professionnel "... " le doctorat est une expérience professionnelle dans une logique de projet "... qui permet de développer des compétences transposables en entreprise...
le thésard est-il un étudiant, un apprenti ou un professionnel ?
financement du doctorat :
liberté de choix du sujet de thèse (en fonction des intérêts...)
réponse à une commande, rentabilité, utilité sociale, obligation de résultat
application stricte de la durée de 3 ans et ciblage des sujets
n’inscrire que les candidats ayant trouvé un financement
former des chercheurs ou des experts (chargés d’étude, consultants...) ? entretien de la confusion à deux niveaux :
recherche fondamentale - recherche appliquée (ou techno-sciences) + risque d’usage instrumental de la science
répondre à la demande sociale : celle des entreprises ou celles des citoyens ?

Recherche publique

Historique

(quand ça a commencé, politique de Claude Allègre...) [Vincent et Bertrand : auriez-vous des éléments ? Cf. article du site recherche en danger]

Plan innovation (Haigneré - Fontaine)

Analyse du dossier récupéré sur le site du ministère de la recherche.

Mettre la recherche publique au service du développement économique (innovation)

désengagement financier de l’Etat et transfert des dépenses vers le secteur privé (" partenariat recherche - entreprise ") Claudie Haigneré : " Il ne s’agit plus seulement pour la recherche de produire du savoir mais de se valoriser sous forme d’innovation afin de "créer de la valeur, de la croissance économique, des emplois et du progrès ". + Favoriser l’acceptabilité de cette politique et l’adhésion des jeunes : " sensibiliser le grand public par une action de communication forte et continue et plus particulièrement les étudiants dans les lycées, les universités et les grandes écoles ". [Evelyne ?]

Article de Christophe Charle (source 1)

"Le brouillage des frontières entre les universités, les organismes publics de recherche et les entreprises, et entre gestion publique et gestion privée des personnels vise à ériger en norme la mise de l’Etat et du service public au service de l’intérêt privé. Et cela au nom de créations d’emplois, censées tout justifier. Le "pantouflage" des hauts fonctionnaires a plus de cent ans d’existence, mais c’est sans doute la première fois que les pouvoirs publics organisent eux-mêmes le départ de leurs meilleurs éléments - ou supposés tels - vers les entreprises en leur garantissant, en cas d’échec, une retraite bien méritée ! Avec pour conséquences prévisibles, à l’intérieur des groupes de pairs au statut initial identique : démoralisation, jalousies et tensions internes accrues, corruption possible, cynisme carriériste renforcé, évaluation dominante de l’intérêt des travaux en fonction de leur valeur marchande externe".

Coordination pour le contrôle citoyen de l’OMC (CCC-OMC)

" L’Etat providence pour les transnationales : la rigueur quant aux "dépenses" de services publics, n’est plus de mise lorsqu’il s’agit de subventionner les entreprises privées" " (avril 2000).

Plan innovation : transferts technologiques et brevets

[Vincent et Bertrand ?]

Les laboratoires de recherche publique partenaires des entreprises privées

(contrats d’interface de l’INSERM) [Vincent et Bertrand ?]
Conséquence des partenariats : "Dernièrement, dans des universités de recherche médicale (San Francisco, Toronto...), des "partenaires" ou financeurs ont directement fait pression pour que les résultats de recherches publiques, en leur défaveur, ne soient pas diffusées", José Le Bourhis, La publicité à l’école, p. 8

retrouver la source de cette info à partir de la bibliographie.

Qu’est-ce que la recherche ?

"La valorisation systématique des connaissances est une menace pour la liberté intellectuelle des chercheurs en tant qu’acteurs sociaux, et in fine une menace pour la science en tant que pratique contribuant à l’élaboration d’un patrimoine culturel universel". [Vincent et Bertrand ?]

Imaginaire : idéal managérial vs idéal républicain

Pour la recherche d’alternative...

Source : Nico Hirtt

Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001, p. 34-35 : " L’esprit de compétition. Dans un rapport intitulé Stimuler l’esprit d’entreprise, l’OCDE souligne que " l’éducation peut contribuer à éveiller un état d’esprit favorable au développement de l’activité des entreprises ". [Pour cela], il faut que le jeune, le futur travailleur, s’imprègne de ce que, dans la langue de bois à la mode, il est convenu d’appeler la " nouvelle culture d’entreprise ". [Mais dans une première étape, il s’agit] d’imprégner le système d’enseignement lui-même de l’esprit de compétition qu’il est chargé de transmettre aux jeunes. L’Ecole doit pour cela s’ouvrir à la logique de marché, abandonner son état de service public, vivre au rythme de la concurrence. [...] Le mot d’ordre est d’abandonner l’enseignement de service public, dirigé centralement par l’Etat, et d’y substituer des réseaux d’établissements autonomes, en situation de forte concurrence. L’enseignant ne doit plus être un fonctionnaire, mais un travailleur attaché au succès de son entreprise - son école, son université ".

Moyen : semer la confusion dans les esprit en détournant, en dévoyant le sens/le contenu des revendications issues de la critique sociale.
Exemple : l’autonomie
Nico Hirtt, L’école prostituée. L’offensive des entreprises sur l’enseignement, Labor/Espace des Libertés, Bruxelles, 2001, p. 35 : " Depuis plus de dix ans, le discours dominant sur l’enseignement a repris à son compte cette vieille quête des pédagogues et des enseignants nourris des idées de Mai 68. [Mais] en guise d’autonomie pédagogique, on nous a servi :

- la dérégulation statutaire
- la concurrence entre établissements
- le sponsoring privé
- la décentralisation de la misère budgétaire
- l’instabilité des fonctions
- la déstructuration des programmes
- le développement des inégalités scolaires
- et, bientôt, le paiement au mérite et
- la soumission au patronat ".

Source : documents Attac France

AF3 :

" Lors d’un débat autour de l’AGCS, David Kearns, le président de Xerox pour les Etats-Unis, a décrit comment " les entreprises devront complètement revoir leur stratégie qui devra être motivée par la concurrence et la discipline du marché, des notions inconnues des enseignants ". Les lobbyistes du commerce font valoir l’argument discutable selon lequel " les écoles fourniront un enseignement de meilleure qualité s’il est adressé à des clients qui paient pour ce service, comme n’importe quelle entreprise ". Le lobby industriel américain n’a de cesse de critiquer la " culture de paresse qui persévère dans le système éducatif européen où les étudiants se permettent de suivre des cours qui n’ont aucun rapport direct avec leur secteur d’activité. Ils suivent des cours qui n’ont aucune application pratique ". Les lobbyistes américains souhaitent un système d’enseignement inextricablement lié au marché et au profit. Les cours doivent répondre aux besoins du commerce et tout ce qui a trait au développement personnel doit être supprimé.
L’éducation représente un marché très lucratif avec un chiffre d’affaires total de 3 milliards de dollars par an ".

AF5 :

" La Commission et la Banque mondiale au diapason du patronat
Un autre rapport commandé par la Commission3 indique, de son côté, que " les systèmes d’éducation ne sont pas assez conscients des contraintes de compétitivité ". C’est pourquoi, selon la proseeuphémique des " éducateurs " libéraux, il convient " d’organiser la pédagogie et les accréditations de façon que l’acquisition de savoirs et l’acquisition de comportements aillent de pair ". Les " comportements" en question sont, bien entendu, ceux de l’"employabilité " et de la " flexibilité ". Dansun autre documentde 1998, la Table ronde des industriels européens (ERT) dont font partie les PDG de 44 très grandes entreprises de 16 pays européens, réitère son appel " pour qu’une plus grande importance soit donnée à l’esprit d’entreprise dans les écoles et les collèges ". "

AF8 :

" 2) Enjeux idéologiques
Un bon salarié, quel que soit son grade, est un salarié qui répond au mieux aux exigences de son employeur. Si c’est assez difficile pour une petite structure de fondre dans un moule son personnel, pour une multinationale c’est beaucoup plus aisé, d’autant que l’éducation est le moyen rêvé pour y parvenir. D’ailleurs l’ERT l’a tout de suite compris puisque dès 1989, dans un document de son cru, intitulé "Éducation et compétence en Europe", elle voit l’éducation et la formation comme " des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l’entreprise " Quelques années plus tard elle se fait plus pressente lorsqu’en février 1995 au cours d’une réunion extraordinaire du G7 à Bruxelles consacrée à " la société de l’information ", elle affirmait dans un nouveau rapport que " la responsabilité de la formation doit, en définitive, être assumée par l’industrie. [...] Le monde de l’éducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs nécessaires à l’industrie. [...] L’éducation doit être considérée comme un service rendu [...] au monde économique. [..] Les gouvernements nationaux devraient envisager l’éducation comme un processus s’étendant du berceau au tombeau. [..] L’éducation vise à apprendre, non à recevoir un enseignement. [...] Nous n’avons pas de temps à perdre ". La Commission européenne à suivit les exigences de l’ERT, récemment dans son programme "eLearning", mais déjà auparavant dans son Livre blanc sur l’éducation et la formation "Enseigner et apprendre - Vers la société cognitive" qu’elle à voulu être une des mises en œuvre de son autre Livre Blanc "Croissance, compétitivité, emploi" où elle insiste sur le lien entre compétitivité, emploi, éducation et formation.
Ainsi, une entreprise peut rêver d’une armada d’employés modèles conçus dans un même moule pour répondre parfaitement aux exigences de ses objectifs. Elle aura à sa disposition un personnel tout voué à sa cause et formé comme une armée surentraînée au combat marchand dans un monde global. Peut importe qu’il sache ou non qui était Jules Ferry.
Cet enjeu est pris très au sérieux. La mobilité des personnes rend la reconnaissance des compétences très complexe du fait des différents diplômes auxquels il est difficile de donner des équivalences d’un pays à l’autre. L’"harmonisation" dans ce domaine semble trop complexe pour la Commission européenne. Elle a néanmoins trouvé une solution : la "carte d’accréditation des compétences". L’étudiant (devenu client) serait crédité de compétences au fil de son apprentissage qu’il aura reçu (ou plutôt acheté), via l’enseignement à distance, dans chaque discipline qu’il aura parcourue. Ces compétences seraient créditées sur un support informatisé qui ferait office de passeport pour l’emploi. Lorsqu’il recherchera un travail ce support lui servirait de C.V. authentifié par les différents prestataires d’enseignement à distance à qui il aura acheté les services. La Commission en fait même une préoccupation essentiel dans son programme "eLearning" où elle parle de " reconnaissance des qualifications et des périodes d’études et de formation, en renforçant les instruments utilisés, tels ECTS (European Credits Transfer System), le forum sur les qualifications, Europass, l’ECDL (European Computer Driving Licence), sur la base de projets développés dans le cadre des programmes Socrates et Leonardo da Vinci(2) ".
En plus de vendre leurs produits, les industriels seraient ainsi assurés de l’adhésion de leurs élèves clients à leurs thèses libérales. L’esprit critique n’aura plus de place dans ce type d’enseignement. Pourtant la Commission européenne admet que " la culture littéraire et philosophique [...] permet le discernement, développe le sens critique de l’individu, y compris contre la pensée dominante. Elle peut protéger l’individu contre la manipulation, en lui permettant de décrypter l’information qui lui parvient ". Mais elle ne va pas au delà et n’élabore aucun programme pour promouvoir cette culture le plus largement possible. Pire, selon elle ce rôle serait dévolu au médias !
Quant à ceux qui n’auront pas les moyens financiers de suivre un enseignement à distance (essentiellement destiné à l’enseignement supérieur), et qui auront reçu une éducation de base, ils représenteront sur le marché du travail la masse de travailleurs dociles et corvéables à souhait dont l’industrie aura toujours besoin.
Pour l’ensemble de ces enjeux, l’AGCS est ou sera le moyen pour les industriels de réaliser ce rêve. "

AF9 :

" - l’initiative de la Conférence des Présidents d’Université qui organise un colloque consacré à la " sensibilisation des étudiants à l’entreprenariat ", avec le Ministère de l’Education Nationale et les Chambres de Commerce, avec toujours le même glissement de sens : " apprendre à entreprendre ", quoi de plus naturel ? Mais on pose comme postulat qu’entreprendre c’est entrer dans la logique de l’entreprise, de l’entreprenariat capitaliste, et rien d’autre.
Parmi nos travaux, nous pourrions envisager la rédaction d’un lexique consacré aux connotations idéologiques données à toute une série de mots " neutres " en apparence. [...]
Il faut donc faire front contre une double hégémonie
- celle, financière, des multinationales cherchant à asseoir leur domination sur cette nouvelle mine d’or qu’est la communication
- celle, intellectuelle et idéologique des concepteurs de la pensée néolibérale. "

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