Peut-on parler d’une crise du logement en france.

samedi 20 janvier 2007, par Webmestre

PEUT-ON PARLER D’UNE CRISE DU LOGEMENT EN FRANCE ?

Avec plus de 360 000 logements construits en 2004[1], 410 000 en 2005 et probablement 445 000 en 2006[2], la France construit comme elle n’a jamais construit depuis 25 ans. Un record ! nous dit le gouvernement.

Alors, pourquoi parler de crise ?

Que cachent de tels chiffres ?

En réalité, la part de logements sociaux qui sont réellement construits, oscille entre 15 et 20 % de ces totaux annuels, et ces 3 dernières années, ce sont seulement 75 000 logements sociaux qui ont été construits en 20041, 55 000 en 2005 et 65 000 prévus en 20062.

De plus, sur ces logements dits "sociaux", 25 à 30 % (38 % en 2006) relèvent de la catégorie intermédiaire, PLS[3], et sont donc inaccessibles à 60 % des ménages les plus modestes, 70% si nous comptons les personnes vivant en locaux insalubres, chambres d’hôtel, etc., à qui le logement social est théoriquement destiné. En effet, 70% de la population française ont un revenu mensuel inférieur à 1500¤. Ils peuvent donc prétendre à l’attribution d’un logement social, puisque le plafond de revenu mensuel doit être inférieur à 1600 ¤ pour une personne seule, et 2500 ¤ pour un couple avec enfant2.

Ainsi en 2006, sur les 445 000 nouveaux logements, ce sont seulement 40 000 logements véritablement sociaux, soit moins de 10% du total, qui seront construits et sensés réduire la demande. Un record ?

Mais qu’en est-il exactement de la demande de logements sociaux ?

1,3 million de demandes de logements HLM ne sont pas satisfaites en 2003, 1,6 aujourd’hui en 2006 1, et probablement plus de 2 millions en 2010 ! La Fondation de l’abbé Pierre estimait qu’en 2005[4], 3 millions de personnes souffraient du "mal logement" et en particulier les jeunes, puisque 55 % des 19-26 ans vivent chez leurs parents, même quand ils sont en couple !

Si nous prenons en considération seulement ce nombre de demandes HLM, il faudrait construire environ 300 000 logements HLM par an pendant 7 ans pour résorber en 2013 la demande de 2010 ! D’autre part, il faut savoir que beaucoup de jeunes ménages, sachant que les demandes ne sont pas satisfaites avant de nombreuses années, ne déposent pas de dossier. De même, l’augmentation du nombre de familles monoparentales ou recomposées nécessite aussi plus de logements et des logements plus grands pour permettre la garde alternée. Or on constate que la taille moyenne des logements locatifs diminue puisqu’elle est passée de 69,2 m2 en 1996 à 67,7 en 20011 et ce phénomène ne fait que s’accroître depuis[5], ce qui est en outre, contradictoire avec l’évolution du taux de fécondité français, passé de 1,6 enfant par femme, dans les années 70 à 1,8 en 2001[6]. C’est donc probablement l’estimation de la Fondation Abbé Pierre qui est la plus proche de la réalité, étant entendu qu’elle englobe les personnes vivant en logements surpeuplés ou insalubres (qui existent de plus en plus, même dans les HLM), en meublés garnis, chambres d’hôtels occupées de façon permanente, habitations de fortune et d’hébergement d’urgence, soit entre 400 et 600 000 logements d’après les administrations publiques1, ce qui correspond au minimum à 60 000 logements supplémentaires par an.

Ce sont donc en réalité, environ 360 000 logements sociaux et d’hébergement qu’il faudrait construire chaque année et pendant 7 ans, pour s’approcher de la demande réelle vers 2013.

la suite dans le document joint.