« Les enjeux démocratiques de la critique des médias », avec Henri Maler

dimanche 10 février 2008, par Webmestre

Mercredi 20 février à Rennes, réunion-débat, coorganisé par Attac-Rennes et Acrimed 35 : « Les enjeux démocratiques de la critique des médias », avec Henri Maler (Acrimed), Maison du champ de Mars, 6 Cours des Alliés, à 20h30

Conférence de Henri Maler, enseignant à l’Université de Paris VIII, co-animateur de l’association Acrimed (Action Critique Média)

« La contestation de l’ordre médiatique gagne un nombre croissant de pays. Elle prend pour cibles la concentration des médias, la prostitution de l’information et de la culture aux marchés financiers, un pluralisme anémié et, par conséquent, une démocratie mutilée (comme on a pu le voir à l’occasion des Référendums sur le Traité Constitutionnel européen).

De cette contestation multiforme, les médias dominants préfèrent ne rien savoir. Aux yeux de leurs dirigeants, le pire étant toujours ailleurs (ou derrière nous), tout va - presque - pour le mieux ici. Ils s’emploient donc à conforter leur propre pouvoir (sous couvert de défendre l’indépendance du journalisme), à promouvoir la concurrence des « marques » (sous couvert de défendre le pluralisme) et à se réserver le quasi-monopole du droit d’informer et de débattre (en guise de défense du droit à l’information).

Et force est de constater qu’ils bénéficient de silences complaisants. Du côté des forces politiques installées, quand, libéralement de droite, elles « pensent » que les marchés proposent et que les politiques disposent ; ou quand, discrètement de gauche, elles limitent leur ambition à vouloir réguler une prétendue fatalité.

Ces silences suffiraient à justifier la multiplication des publications et des associations qui, à un titre ou un autre, interpellent les médias dominants, ceux qui les dirigent, ceux qui les financent ... et ceux qui laissent faire.

Les enjeux de ces interpellations se laissent assez aisément définir : informer sur l’information et la culture (au lieu d’abandonner le quasi-monopole des enquêtes sur le journalisme aux médias eux-mêmes), contester l’ordre médiatique (au lieu d’en accompagner les dérives de quelques soupirs), proposer des alternatives (au lieu de réfugier dans de pieux silences). Quoi de plus démocratique ?

Et pourtant, pour se protéger de toute critique indépendante, quelques journalistes l’ont immédiatement dénoncée comme une tentative d’instaurer un ordre pétainiste de contrôle des journalistes, voire comme une véritable police de la presse.

Une telle outrance laisse perplexe. Cette défense belliqueuse de la bienséance médiatique vise à protéger la critique des pratiques du journalisme contre toute ingérence « extérieure ». Les gardiens de l’ordre médiatique prétendent réserver la critique aux seuls professionnels de la profession, aux chercheurs qu’ils consacrent et aux ...courriers des lecteurs, comme si la critique des médias devaient avoir pour seuls acteurs, arbitres et destinataires les journalistes eux-mêmes.

Ou plutôt certains d’entre eux. En effet, la critique « interne », indispensable quand elle émane de syndicats rebelles ou des quelques sociétés de rédacteurs encore autonomes, menace d’être confisquée par les chefferies éditoriales et les capitaineries financières, alors que les résistances à l’ordre médiatique ont de enjeux qui les dépassent.

En effet, un énorme trou noir a englouti les projets de transformation et d’appropriation démocratiques des médias, alors même que leur concentration, leur déploiement multinational et multimédias, leur financiarisation et leur soumission à la logique du profit en faisaient des acteurs et les zélateurs de la mondialisation libérale. Les résistances à l’ordre médiatique n’ont d’autre objectif que de redéfinir de tels projets. Quoi de plus démocratique ? »

Contact : attac35@attac.org ; acrimed35@gmail.com

Acrimed. Action Critique des médias

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