Information sur la délinquance financière et certaine réalités sociales d’un « paradis fiscal et judiciaire »

mardi 12 septembre 2006, par Attac Saint-Malo Jersey

Invitation Rencontre avec Jersiais

Saint-Malo, le 12 septembre 2006

Conférence de Presse

Information sur la délinquance financière et certaine réalités sociales d’un « paradis fiscal et judiciaire »

Comité Local
ATTAC Pays de Saint-Malo et Jersey
Maison des Associations
Rue Ernest Renan
35400 Saint-Malo

Madame, monsieur,

la presse régionale s’est faite l’écho, à plusieurs reprises ces derniers mois, des contacts politiques et commerciaux entre l’île anglo-normande de Jersey et le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine. Le Pays Malouin évoquait, par exemple, le 18 mai 2006, un partenariat économique et concluait : « le trafic frêt par bateau pourrait être développé. Et là le port de Saint-Malo a incontestablement une carte à jouer ». Le 5 mai 2006, Ouest-France publiait un article intitulé : « L’Ille-et-Vilaine, partenaire idéal pour Jersey », qui se terminait par les souhaits de Ken Vibert, vice-premier ministre de Jersey : « Traduire nos belles paroles en action pour le bien de nos deux communautés ». Une remarque du Président J.L Tourenne illustrait un aspect particulier de l’échange envisagé : « Jersey n’appartient pas à l’Union Européenne. Certaines réglementations devraient être moins strictes ».

L’association ATTAC a eu l’occasion depuis quelques années de s’intéresser très particulièrement à l’évolution des îles anglo-normandes et d’y nouer des relations précieuses avec des jersiais inquiets de l’évolution de leur île. A la suite de notre journée « Etonnants Paradis » du 9 juin 2001 qui a permis de faire découvrir certaines réalités jersiaises à un grand nombre de médias français et européens, une antenne de notre groupe local Attac Pays Malouin s’est développée à Jersey. En liaison avec d’autres organisations et avec l’appui scientifique d’organismes universitaires ou professionnels reconnus à l’échelle européenne et mondiale comme Tax Justice Network, nous avons développé une vigilance particulière à l’égard de ce centre financier « offshore ». Jersey, en dépit de campagnes de « relations publiques » et d’ assurances régulièrement réitérées à l’usage des institutions internationales comme l’OCDE, Tracfin, ou l’Union Européenne, est le théatre d’opérations financiéres discrètes voire secrètes dont la motivation majeure reste l’évitement fiscal, et l’évasion fiscale tout simplement, sous couvert d’ingénierie financière et d’ « optimisation fiscale ». Régulièrement, des scandales mettent à nouveau Jersey au centre de la vie judiciaire internationale dans les cas les plus flagrants, parfois avec la réelle volonté des autorités locales de freiner les « excès », comme dans les scandales des fonds du dictateur nigérian Abacha ou des fonds du FMI détournés par des hiérarques russes... Tout récemment, le seul journal de l’ïle évoquait l’implication probable du fond Indrus et des filiales locales de Barclays dans un des sous-dossiers du scandale « nourriture contre pétrole » lié à Saddam Hussein1. Le seul recensement pour le mois de juillet des affaires dans lesquelles des banques ou organismes financiers jersiais sont impliqués renvoyait à douze cas évoqués dans la presse anglophone2... A un niveau local et apparemment anecdotique mais significatif, un directeur d’ agence bancaire filiale du Crédit Agricole du Calvados signalait il y a deux ans dans un entretien à Ouest-France : « Nous sommes extrêmement vigilants quant au blanchiment de l’argent... On ne prend rien provenant des îles anglo-normandes »3 .

Nos amis jersiais et nous-mêmes, citoyens malouins, souhaitons sincérement une réelle prospérité à nos deux communautés et des échanges économiques, culturels et humains riches à garantir un développement vraiment durables pour nos régions. Certaines observations cependant nous amènent à émettre des doutes sur la pertinence et la sincérité des partenaires officiels jersiais. La pauvreté réelle de nombreux jersiais, la faiblesse des conditions sociales faites aux travailleurs de l’île pourtant douée d’une richesse phénoménale, sans parler de l’épisode récent du fiasco annoncé de la compagnie maritime Emeraude résultant en grande part de la politique officielle de « laissez-faire » du gouvernement de Jersey en contradiction avec les discours précédemment énoncés devant leurs homologues français, tout cela nous conduit à une mise en garde très solemnelle de nos représentants élus vis-à-vis de certains aspects des coopérations annoncées et des différents dangers - y compris politiques- à s’y engager sans réserve.

Eu égard aux points signalés de façon succinte par la présente, nous aimerions pouvoir nous entretenir davantage avec vous et vous faire part de notre connaissance du dossier afin d’en informer nos concitoyens. Le samedi 30 septembre, à partir de 15h 30, une dizaine d’habitants de Jersey seront à Saint-Malo avec nous à l’Anse St Père, au pied de la tour Solidor, à Saint-Servan, avec une solution de repli prévue en cas de pluie.
. Ils seraient heureux de pouvoir alors répondre à vos questions et de vous faire part d’un certain nombre de faits qui démentent sensiblement l’image d’un paradis touristique prospère et assuré de son avenir. Nous nous tenons, bien sûr, à votre disposition pour finaliser les conditions de cet éventuel entretien. Avec nos remerciement pour l’attention que vous voudrez bien porter à cette lettre, nous vous prions d’agréer, monsieur/madame, nos respectueuses salutations,

Contacts :

1.Michèle Rault, présidente Attac St Malo Tel.02 99 56 24 73 Courriel
2.Jacques Harel, commission délinquance financière et contact groupe Jersey Tel. O2 99 81 72 36 Courriel : jacques.harel@wanadoo.fr
3.Ms Pat Lucas and Ms Jean Anderson, President and secretary of Attac-Jersey E-mail : jeananderson42@ hotmail.com

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