Et maintenant, tous à l’eau !

vendredi 25 octobre 2013, par Attac Saint-Malo Jersey

Voici le communiqué de presse que nous avons publié :

S-EAU-S PAYS de ST MALO !

Pour la première fois dans son histoire le pays malouin, vaste territoire représentant la moitié nord du Pays de Saint-Malo, s’apprête à réunir dans un syndicat aux mains d’intérêts privés un bien collectif vital : l’eau !

En effet à partir de décembre 2013 un délégataire unique pourrait être choisi, les délégations de service public précédentes arrivant à échéance au 1er juillet 2014.
Les différents syndicats de production d’eau sur la région malouine fusionneront en une seule entité. Le débat qui anime certains malouins est donc de savoir quelle sera la forme que devra prendre cette construction.

Mais pour comprendre l’enjeu de cet événement il faut revenir en arrière pour faire le bilan de la politique de DSP (délégation de service public) que pendant longtemps beaucoup de communes ont appliquée.
Cela concerne au premier chef bien sûr l’eau. Sa production et sa distribution ont été confiés aux trois sœurs qui se sont partagées le territoire (SAUR, Véolia, Suez environnement).
Le bilan est loin d’être positif : nous payons notre eau fort cher. Nos élus ont perdu une partie de la maîtrise de leur territoire, nous devons rémunérer des actionnaires qui ne nous rendent aucun service !
Tout récemment, en 2012, Véolia et Suez ont même failli fusionner en un seul groupe. Le projet a été abandonné pour des raisons de concurrence : en France, le nouvel ensemble aurait été en situation de quasi-monopole.
Cependant depuis ces dix dernières années, un mouvement s’est amorcé , dont nous devrions tirer des leçons. Certaines villes ont fait d’autres choix. Tout commence à Grenoble en 2001 qui remunicipalise, puis c’est le tour de plusieurs autres villes moyennes et enfin de Paris en 2010 !!
Aujourd’hui nous sommes confrontés dans le pays de Saint Malo à une décision de grande importance pour les années à venir sans que cela n’ait suscité aucun débat publique. Autrement dit les habitants sont dépossédés de leurs droits de citoyen.

Le collectif malouin de l’eau exige qu’une véritable discussion s’engage sur les points suivants :

1/ La place du citoyen dans le choix du futur producteur.
Qui prend cette décision ? Des élus de troisième voire de quatrième niveau, pourquoi ?
Les citoyens élisent leurs conseillers municipaux,
Les conseillers municipaux élisent leurs représentants dans les syndicats de distribution d’eau,
Ces syndicats désignent ou élisent ceux qui vont siéger au Syndicat mixte,
Le Syndicat mixte entérine des décisions prises (parfois souvent) par le bureau.
Il ne s’agit pas de mépriser nos élus, mais on pourrait espérer une participation citoyenne plus large
2/ Eau, bien public géré par le public :
Or l’eau, essentielle à la vie, est l’un des plus lourds poste postes de dépense pour un foyer et c’est sur son dos que se sont enrichis les actionnaires de Véolia, Saur et Cie, ces trente dernières années, alors même que la matière première, l’eau, est un bien commun.
3/ Maîtrise de la production = maîtrise du prix
Il faut que chacun comprenne que dans la crise économique que nous vivons se cache la guerre que les grands groupes industriels mènent pour maîtriser ce qui appartient aux citoyens. Ce contrat peut à lui seul constituer un puissant frein à toute évolution du prix de l’eau, lorsque l’argent part dans les poches des actionnaires de Véolia, de la SAUR ou consorts il est toujours plus difficile de rendre gratuits les premiers m3 nécessaires à la vie et d’adopter une tarification progressive favorisant les comportements économes et écologiques.
L’observatoire des inégalités nous montre qu’entre 2008 et 2010, les 10 % les plus pauvres ont perdu 520 millions d’euros, alors que les 10 % les plus riches se sont enrichis de 14 milliards.
4/ Gestion vertueuse de l’ eau. Enfin si les citoyens n’ont rien a gagner à une gestion privée de leur eau, la nature, si c’était possible, encore moins.
Les élus se sont bien souvent réfugiés derrière les solutions technologiques (comme l’utilisation de sels d’aluminium dans le traitement de l’eau) de plus en plus lucratives que les groupes proposaient opportunément au lieu de mettre en place de vraies mesures de protection des milieux.

Nous prétendons que les services publics sont l’héritage et la fortune des citoyens modestes et que seul un service de l’eau sous contrôle public et citoyen permettra de répondre aux aspirations du plus grand nombre dans des conditions économiques et écologiques de qualité.
Le comité malouin de l’eau va donc organiser des actions pour faire connaître son point de vue auprès des élus et surtout des citoyens de la région malouine.
Une conférence débat sera organisée le Mardi 19 Novembre avec Gabriel AMARD** pour éclairer nos élus et les malouins, pour les aider à tenir compte des options possibles et leurs permettre de prendre la décision la plus juste pour tous !

* Le collectif malouin de l’eau : ATTAC, EELV, NPA, PCF, PG, PS

** Gabriel AMARD Président de la Communauté d’agglomération Les Lacs de l’Essonne et Conseiller municipal de Viry-Châtillon (Essonne) qui a dirigé la remise en régie publique de l’eau dans son secteur.

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