De la "représentation" à la "gouvernance néolibérale" ou du dévoiement de la critique de la représentation à son rétablissement possible

dimanche 1er octobre 2006, par Webmestre

mercredi 16 août 2006

Auteur Christian Delarue

La gouvernance doit permettre le dépassement de la démocratie libérale représentative, ce que nous contestons (II) . Cette volonté procède d’un constat fataliste de l’évolution du monde devenu complexe et d’une reprise des critiques de la représentation (I).

I. - LA REPRISE DES CRITIQUES CLASSIQUES DE LA REPRESENTATION

Ces critiques connues ( ces deux points sont exposés par D Turpin dans la revue Pouvoirs en 1978 ! ) mais malgré leur ancienneté, bien antérieure à la mondialisation néolibérale, elles n’ont que peu débouché sur un renouvellement démocratique, sur un réel dépassement de la démocratie dite représentative. Car la démocratie libérale est le moins mauvais des gouvernements ! Elle doit être circonscrite. Et du temps de la "menace socialiste" il a fallu l’étendre, il importe désormais de la réduire.

A) La représentation, une fiction juridique.

Pour Carré de Malberg "Le régime dit représentatif n’est pas un régime de représentation, car le corps des députés ne peut être considéré comme représentant, ni des citoyens, ni de la nation" (in Contribution à la théorie générale de l’Etat. tII p228) L’élu ne représente pas ses électeurs. Il n’y a aucun lien entre électeurs et élu. L’assemblée ne représente pas la nation. L’idée de représentation est une fiction ou une métaphore car le contrat de mandat est inexistant . Il y a impossibilité juridique et logique du fait, au moment de la passation du contrat, de la double absence de 1 mandant (quelle volonté de la nation avant la constitution de l’assemblée ?) et 2 de mandataire (l’assemblée ne vit qu’après l’élection de ses membres).

B) La représentation, confiscation de la démocratie.

La formule est au service de la classe politique. La science politique renforce ce point de vue avec divers paramètres constitutif du "métier" de politicien : rééligibilité, indemnité, hostilité envers le référendum ou la dissolution. (cf. D. Gaxie) Une entourloupe au service de la classe bourgeoise D’Holbach pensait déjà que "c’est la propriété qui fait le citoyen" Marx puis à Lénine ont théorisé et étendu la critique contre la démocratie bourgeoise Qu’on fait les libéraux et sociaux-libéraux de ces critiques ? Ils les ont rabaissés sur un mélange d’acteurs de négociations et de décisions.

II. - DU DEVOIEMENT DE LA CRITIQUE DE LA REPRESENTATION POUR CONSOLIDATION DE LA GOUVERNANCE A SON RETABLISSEMENT EN VUE DU RENOUVEAU DEMOCRATIQUE.

A) La représentation comme technique dépassée à l’appui de l’apologie de la gouvernance

1 - La représentation est une technique dépassèe à deux titres.

quant à la représentativité des élus quant à l’efficacité des représentants.

2 - Il faut abandonner les conceptions perfectionnistes de la représentation

L’essentiel est le libre choix des gouvernants L’introduction d’éléments technocratiques est une fatalité

Accessoirement : on peut "intégrer" les syndicats à ces cercles de décisions.

B) La critique de la gouvernance : de la crise en cours peut naitre un renouveau de la démocratie.

1 - La critique altermondialiste de la gouvernance

Des éléments invoqués sont réels mais ne justifient pas le retour à moins de démocratie

La pluralité des intervenants : experts, patronat, syndicats, religions, ONG ne saurait remplacer la nécessaire démocratisation des institutions.

L’intégration des syndicats est un danger pour leur indépendance

La critique de l’efficacité et de la rapidité avant tout

La gouvernance financière comme retour à la "démocratie censitaire", à la caricature de démocratie bourgeoise

2 - Un renouveau démocratique vers l’alterdémocratie

Les règles existent : tout n’est pas à inventer : mandat réduit, délégation, etc... La voie du dépassement : du démocratisme à l’alterdémocratie.

a) Alterdémocratie comme but et changement qualitatif de la citoyenneté

Atteindre les lieux stratégiques de décisions économiques et sociales * dans le domaine des grands choix économiques hors des lieux de travail privés ou public :
réinventer les moyens de maitrise réelle de la production de l’existence en vue d’un alterdéveloppement : ce qui passe par des mesures d’intervention des citoyens dans les choix économiques de production planifiée (au plan régional et national puis continental) ? * dans le domaine des lieux de travail
des droits nouveaux tant pour les travailleurs que pour les clients et usagers
visant à accroitre les posibilités d’intervention dans les entreprises et les administrations

b)Un processus de démocratisation conflictuel : passer du démocratisme à l’alterdémocratie

* En négatif : Faire reculer la gouvernance financière à tous les niveaux : démocratisme comme éloignement du citoyen des lieux de décision
Faire reculer la pseudo-démocratie participative d’appui des politiques des élus locaux : démocratisme comme instrumentalisation du désir démocratique * En positif :
Contrôler les médias et les grands appareils d’influence idéologique

Brider les pouvoirs de la Haute Administration ? Répondre aux interrogations de Yves Roucaute : Le PCF et les sommets de l’Etat etc... Pantouflage, rémunérations,

Christian DELARUE

1 Message

  • Cet article est très général. Il ne donne que peu d’indications sur les moyens pour atteindre l’objectif. Par exemple sur quoi doit porter la planification et où doit-elle s’arrêter (et laisser place au marché par exemple), comment "contrôler les médias" sans porter atteinte à la liberté d’expression etc....
    Ce qui est proposé dans la brochure "Quelques pistes de réformes institutionnelles pour régénérer une démocratie chancelant" n’embrasse pas toutes les questions relatives à une vraie démocratie mais a le mérite de proposer des moyens très concrets et fondamentaux(Voir le dernier "Lignes d’ATTAC")
    Amitiés à Christian ( et à ses collègues)
    Jean-Claude Bauduret (ATTAC 32)

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