Après le NON, rester ensemble pour encore gagner par Christian Delarue

samedi 11 juin 2005, par Webmestre

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Deux mots de rappel sur les collectifs avant d’aborder les enjeux des pratiques unitaires (ou non) : A Rennes deux collectifs ont été mis en place : l’un de spectre très large pour le NON (droite et gauche) mais peu dynamique, l’autre pour le NON et pour une autre Europe, particulièrement actif ATTAC Rennes et sa branche ATTAC campus ont décidé de participer à ce dernier collectif, qui a décidé de poursuivre la dynamique enclenchée.
Ce collectif est issu à la fois de l’appel des 200 initié par la Fondation Copernic et d’un appel local de citoyens initié par PAG 35. En France environ 900 collectifs de ce type ont été créés. Une réunion internationale, qui s’est tenu à Paris il y a un mois, a rassemblé divers acteurs européens pour le NON. Voilà pour la base matérielle de cette dynamique.

Abordons maintenant les problèmes de son maintien en vu de la construction d’une autre Europe. Un article récent de Libération intitulé "La gauche du NON veut durer et peser sur le PS" permet de voir que la poursuite de l’unité obtenue pour le rejet du projet de TCE ne va pas être un long fleuve tranquille. De nombreuses questions se posent alors qu’une demande de contenu en riposte de fait jour. Là est le problème. Dés lors les enjeux me semblent tenir dans une forte contradiction sociale : Les obstacles sont nombreux (I) mais la dynamique unitaire n’a jamais été aussi forte (II).

Nul ne peut donc décevoir les attentes populaires tant sur le fond que sur les pratiques sans motif réel et sérieux.

A - Les obstacles sont immenses et réels...

Chaque organisation est divisée tant sur le fond que sur les pratiques. Cela ne concerne donc pas que le PS, ni même pas que les organisations politiques.

1) S’agissant des partis politiques

Je vais être succinct car mon propos principal est ailleurs, mais ce point doit néanmoins être abordé franchement. Il importe en effet de bien mesurer l’ampleur des obstacles au maintien des collectifs et des dynamiques unitaires.

a) Obstacles internes à chaque parti.

La campagne a secoué plus le PS que les Verts, ces derniers étant plus coutumier des chamailleries de famille. Les Éléphants et leurs seconds couteaux de ces deux partis sont discrédités. Mais des équipes roses et vertes se sont positionnés clairement contre le libéralisme contenu dans ce projet de TCE. La droite du PC, évoquée dans ce texte, freine des quatre fers et la gauche de la LCR, celle qui soutenait l’accord LO/LCR, ne va pas se précipiter sans vérification d’un contenu solidement ancré à gauche.

b) Obstacles liés aux manœuvres des partis soit en vu des élections soit pour la recomposition politique
Sur fond de discrédit du social-libéralisme du PS nombreux sont ceux qui rêvent de pouvoir enfin "ancrer la gauche à gauche" (pour reprendre la formule des oppositionnels du PS) dans le cadre d’une recomposition politique. Mais cela n’est pas du goût de certains acteurs sociaux. Ainsi José BOVE a peur des récupérations du PC et de la LCR mais en même temps il semble ignorer qu’une demande forte se fait jour pour que PC et LCR marche enfin de concert avec d’autres. Les autres ce sont, s’agissant ici des partis, la gauche du PS et la gauche des Verts.

2) S’agissant des associations et syndicats

Les associations sont souvent timides dans leurs engagements dans les collectifs. Elles se méfient d’une trop forte proximité avec les partis politique. Certaines d’entre elles se voulant "constructive" se bornent à un engagement dans la sphère de la société civile contenant peu de revendications contre l’ordre dominant. Je ne développe pas pour laisser place au débat. ATTAC, bien assuré de sa "nouvelle dynamique" porteuse d’un ensemble de perspectives anti-libérales (...), semble prête pour continuer. Le CA de samedi (4juin) devrait j’espère confirmer ce point de vue.

Les syndicats vont se montrer plus sensibles à l’indépendance à l’égard des partis. De nombreux syndicalistes pro-OUI se sont discrédités par leurs pratiques antidémocratiques (Chérèque en fraction dans le PS, des CGTistes proOUI défendant leurs positions sous couvert de refuser le schéma de la courroie de transmission avec le PC...). Cette indépendance se manifestera dès le moindre opportunisme à l’égard du MEDEF et du patronat européen.

B - ... mais la demande d’unité est aussi très forte

La demande d’unité et de rassemblement est là. Dès lors il s’agit de "tenir les deux bouts" : pas de rapport de force efficace sans rassemblement et travail en commun (B) mais aussi pas d’unité pour recommencer les "erreurs du passé" (A).

1) La demande sur le fond : "l’ancrage à gauche".

Ce thème va être développé par Jacqueline DANG TRAN mais pour les seules propositions d’ATTAC. Ici je m’en tiens aux aspects globaux, aux tendances lourdes qui est le fond commun de ce qui apparaît comme un vote de classe ici ou là. (Point à débattre).

a) Cette demande prend appui sur un mécontentement renouvelé et sur des aspirations profondes mais détournées

Le mécontentement provient des années de déception de la gauche plurielle (cf. l’appel dit Ramuleau "Pour une alternative à gauche" afin de sortir du cycle sans fin des alternances libérales. Ces mécontentements ont eu ces dernières années de nombreuses occasions de se réaffirmer sous la droite.
Ces aspirations "d’ancrage à gauche" ne se sont jamais manifester aussi massivement. Comme il a été dit la culpabilisation du vote NON a été réduite grâce aux campagnes d’ATTAC et des autres partenaires. Les aspirations pour "autre chose" ont été constamment détournées non seulement par le patronat et la droite mais aussi par la gauche plurielle et par certains syndicats et idéologues de la "fin de l’histoire". Souvenez-vous d’un certain Jean-Paul HUCHON qui n’est pas rennais mais qui dans un ouvrage a repris et actualisé pour la France les thèses de Fukuyama. Les élites bleues, roses ou vertes se construisent contre le peuple, contre les salariés et les paysans. Avec le NON, elles sont menacées ; elles crient aux illusions néfastes. Une crise couve à bas bruit.

b) Le fond antilibéral est articulé aux pratiques.

Je résume la demande ainsi : ni sectarisme d’une avant-garde prête à avoir raison toute seule dans l’inefficacité la plus totale ni opportunisme rassemblant sans rivage et ou la force du nombre masque alors des éclatements futurs sur des projets non clarifiés, non débattus.

2) La demande sur les pratiques : l’importance du maintien de la dynamique unitaire.

Outre la participation aux luttes à venir deux conditions doivent être mises en application pour ce maintien.

a) la participation citoyenne

- son importance : Il importe prioritairement d’assurer un mode de participation citoyen pour qu’il n’y ait pas une déconnexion des citoyens qui veulent voir le bout de leurs actes, qui se politisent. Les mouvements sociaux, associations et syndicats, doivent pouvoir se maintenir dans le processus en cours. ATTAC ne devrait pas rester longtemps en "entre-deux" comme le dit l’article de Sylvia ZAPPI . Le débat est en cours et sera tranché lors du prochain CA d’ATTAC France.

- sa signification : participation citoyenne ne signifie pas absence et exclusion des partis politiques. Je laisse le débat ouvert ici.

c) Clarification par le débat

C’est en mettant en débat les contenus de l’antilibéralisme et de l’anticapitalisme et des projets pour l’Europe que nous voulons que la clarification avancera. Chacun pourra décider ainsi des conditions du "Après le NON rester ensemble pour encore gagner"

Christian DELARUE ATTAC Rennes

(1) Les mobilisations collectives - Une contreverse sociologique . Sous la direction de Pierre Cours-Salies et Michel Vakaloulis PUF Actuel Marx

(2) contribution personnelle -site attac 35

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