Le langage educ pop d’ATTAC

mardi 19 juin 2007, par Webmestre

Le langage EDUC POP d’ATTAC

Le thème de l’éducation populaire au sein d’ ATTAC a fait couler de l’encre, beaucoup d’encre avec de longues contributions. J’avais donné aussi alors une contribution. En voici le résumé.

L’éducation populaire dans un sens large peut être comprise une activité éducative très diversifiée pratiquée hors du champ scolaire et familial et plus ou moins institutionnalsée. En un sens plus restreint, elle consiste à s’instruire, et instruire l’autre à partir de savoirs orientés vers l’action, L’éducation populaire d’ ATTAC du fait de son contenu militant relève plutôt de cette pratique . Cependant, plusieurs vecteurs peuvent être employés mais les outils traditionnels restent dominants : conférérences, cours-débats, cinéma engagé, etc... Une remarque s’impose : il s’agit d’un processus dialectique car "celui qui sait" n’a pas la prétention de tout savoir et il s’instruit aussi par le débat . Un enrichissement partagé s’opère dans l’échange . Et cette richesse ne se réduit pas à une accumulation d’un savoir. Cet échange ou ce discours unilatéral passe par un langage. Lequel ? Pour être d’éducation populaire, ce langage écrit ou parlé doit avoir certaines qualités de formes (1) qui préservent un contenu spécifique (2).

I. - UN LANGAGE AMENAGE DANS LA FORME

La destination particulière (A) de son message oblige à sa transformation (B) afin qu’il soit bien reçu et bien assimilé. La pédagogie est l’art de la transmission entre un contenu plus ou moins difficile et un ou des sujets qui le reçoivent.

*A) Un langage qui s’adresse au peuple*

Le langage d’éducation populaire doit sortir du temple, du cercle interne d’ATTAC qui du Conseil scientifique au Conseil des Fondateurs et aux diverses commissions et comités locaux participent à son élaboration pour s’adresser à ses destinataires.
Il s’agit d’un langage pensé pour la fraction dominée de la population, non pour les élites dominantes des firmes multinationales, des Etats, des institutions internationales, des Hautes administration.
Mais le peuple est hétérogène, notamment dans son degré d’apprentissage scolaire et universitaire. Il y a eu une démocratisation de l’école qui a beaucoup élevé le niveau scolaire mais certaines couches en sont restés exclues et d’autres ont perdu les savoirs acquis dans la jeunesse. Donc ce langage sera multiforme.

*B) Un langage de vulgarisation d’un contenu*

Pour penser, la science use de concepts, d’un agencement de notion et de concepts qui passe volontiers pour un discours incompréhensible aux non-scientifiques. Un propos d’éducation populaire devra donc opérer une "traduction" - irrémédiablement idéologique - qui simplifie le discours scientifique en lui conservant son aspect instructif. Car la science instruit non seulement la communauté scientifique mais aussi le reste de la population tant les libéraux que les autres. Elle instruit et n’éduque pas.

II. - UN LANGAGE AYANT UN CONTENU SPECIFIQUE

Ce contenu est varié mais il doit tendre à l’intégration des deux aspects suivants

*A) Un langage qui préserve le contenu critique*

Toute science repose en principe sur le postulat que l’explication n’est pas immédiatement donnée à l’observateur ; la découverte du réel exige des investigations qui vont au-delà des apparences, afin de saisir l’essence des choses. Toute science ne peut se constituer qu’en récusant l’observation commune, l’explication qui viendrait "naturellement". Le bon sens est à l’opposé de la science. Copernic a raison contre Ptolémée, parce qu’il remet en cause l’observation naïve. Ceci dit les "sciences" sociales universitaires, notamment en droit, sont plus descriptives et idéologique que scientifique.

*B) Un langage "alter", vers autre chose. *

Il s’agit toujours de montrer non seulement que nous résistons à la lame de fond du néolibéralisme tant dans sa version libérale que socialibérale . La critique de l’ultralibéralisme ne saurait suffire . Dans la même veine ATTAC lutte non pas pour un monde meilleur ou mieux mais pour un autre monde radicalement différent de celui-ci . Il ne s’agit pas de laisser entendre sous couvert d’ éducation populaire que des accommodements pourraient suffire pour réparer les dégâts du capitalisme et du productivisme : nous voulons aussi aller vers un au-delà de l’existant non par dogmatisme mais par nécessité. Il s’agit donc d’amener par le débat ou tout autre moyen adéquate à proposer des buts réellements altermondialistes . Ce que l’on veut n’est déjà présent que sous forme de bribes, d’espaces microscopiques.

Si l’hypocrisie consiste en "exhibition de signes masquant un déficit de contenu" (Patrick TORT) alors en peu de mots on peut dire beaucoup de choses vraies qui changent la vie .

Christian DELARUE

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