Médicaments, décroissance ou alterdéveloppement ? par Christian Delarue

lundi 26 septembre 2005, par Webmestre

Une inégalité mortifère traverse les continents . Alors que l’Afrique ne dispose pas du minimum pour se soigner un gaspillage insensé perdure au nord en matière de médicaments.

Pour autant s’agit-il de culpabiliser les consommateurs du nord ? Ceux-ci ne sont-ils pas le dernier maillon du système . Ce système est-il simplement "productiviste" ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une filière de recherche et de production orientée vers le profit et maitrisé par les multinationales ?
Oui, le gaspillage du capital industriel pharmaceutique doit cesser.

Contre une opinion courante osons dire que le gaspillage des médicaments n’est pas à mettre au compte des assurés sociaux irresponsables, ni meme principalement sur le dos des médecins meme si le système de la médecine libérale ne donne pas satisfaction . Ce sont les industries pharmaceutiques qui sont les premières et principales responsables. C’est la production privée et marchandisée qui est en cause.

La production privée fait du médicament une marchandise ou la valeur d’usage existe certes mais n’est pas l’essentiel , ce qui importe c’est surtout une valeur d’échange . Cette logique marchande débouche sur le gaspillage .

C’est que le capital industriel pharmaceutique cherche d’abord à rentabiliser ses couts de production et de circulation et d’autres faux frais (publicité, démarchage, packaging..). Il lui faut surtout faire du profit. La logique capitaliste l’exige.

Déjà le fait de buter sur un système de Sécurité sociale fonctionnant immédiatement en reditribution de valeur d’usage réduit les débouchés de sa production.

Des médicaments pour tous...

Il s’agit de passer de clients nécessairement minoritaires à usagers du monde entier. C’est la perspective. Le but spécique à conserver en ligne de mire. Se soigner est un droit humain fondamental.

Pour qu’ils soient une véritable richesse sociale, les médicaments devraient faire l’objet d’une production déprivatisée et socialisée ; une production orientée quasiment pour la seule valeur d’usage, vers la satisfaction des besoins sociaux, ceux primordiaux de la santé. Ils devraient donc être délivrés la plupart gratuitement, pour d’autres sur tarification mais non en fonction d’un prix de marché.

La production et la distribution des médicaments pourrait être l’objet d’un grand service public national. Cette logique doit être promue au niveau européen et dans les rapports de l’UE avec les pays ACP ( Afrique, Caraibes et Pacifiques)

S’attaquer au capital

S’attaquer au capital, revendiquer une appropriation publique suppose de savoir ce qu’est le capital . Le capital est un rapport social dans lequel le capitaliste a le pouvoir d’achat non seulement des usines, entreprises, bureaux et machines mais aussi et surtout de la force de travail. Un rapport nécessairement inégalitaire car fondé sur l’exploitation des capacités de travail pour dégager du profit.

Ce n’est pas tout de rappeler cela. Comme l’explique ATTAC Fribourg (in "la mondialisation de l’économie capitaliste" d’ou est issu ce résumé), le capital se diffuse sous trois formes qui sont, dans l’ordre d’apparition historique :

1) l’internationalisation du commerce : on échange des marchandises dont la production reste nationale, c’est-à-dire continue à être réalisée dans le pays exportateur. Le simple échange de marchandise laisse à l’État national une large marge pour orienter l’économie .

2 ) l’internationalisation de la production : le processus de production - et non plus son produit - franchit les frontières des pays jadis exportateurs de marchandises. Ce déplacement coïncide globalement avec "l’investissement direct à l’étranger".

3) l’internationalisation du capital financier : la spéculation sur les actions et obligations a pris une dimension globale, planétaire. Le rôle des grandes banques est central mais les FMN ont participé à cette globalisation de la finance. Le FMI et la BM ont encouragé ce processus notamment par la promotion de la capitalisation des retraites.

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