Ni gauchisme, ni modèle social-démocrate, altermondialisme !

dimanche 14 janvier 2007, par Webmestre

Ni gauchisme, ni modèle social-démocrate, altermondialisme !

Si l’altermondialisme constitue bien un objectif, un but posé comme un autre monde possible et un processus concret l’altermondialisation, le tout formant un projet non ficelé à élaboration plurielle et lente alors on peut comprendre que la tâche de définition soit toujours à reprendre, toujours discutée. La question du logement le prouve.

L’exemple du logement permet de montrer ce que signifie à mon sens un positionnement entre refus d’un modèle social-démocrate, acceptant un "capitalisme social", s’inscrivant dans la fameuse "fin de l’histoire" de Fukuyama, en un mot infra-altermondialiste, et un radicalisme gauchiste inefficace car sans perspectible crédible.

Réquisition du service public ?

L’ exigence de réquisition des logements peut tout à la fois avoir une certaine pertinence lorsqu’elle s’intègre dans une politique offensive de maîtrise du foncier ou quand elle apparait dans une lutte visant un habitat précis, des bureaux vides déjà occupé par des sans-logis par exemple mais elle est peut aussi être dépourvue de ces qualités en étant déconnectée de toute solution claire pour résorber la crise du logement ou avec un contenu imprécis susceptible de frapper les couches moyennes aisées disposant d’une résidence secondaire. La tournure gauchiste apparait lorsque la solution est présentée comme LA revendication uniquement pertinente de la situation.

Pour ma part, la résolution de la crise du logement passe par la création d’un ministère de l’habitat et du foncier et la création d’un grand service public de l’habitat et du logement (SPNLH).

Cette revendication de service public peut apparaitre à ceux qui agitent le slogan "Réquisition" comme étant dilatoire, ne visant pas à répondre à l’urgence. L’argument a sa vérité. Des solutions d’urgence existent qui peuvent certes passer par la réquisition municipale sur de l’habitat ciblé et en fonction du rapport de force mais aussi par d’autres voies, notamment une législation s’appuyant sur les propositions de création d’un service public national du logement. Une telle revendication ne se réalisera pas sans qu’un mouvement la porte. Ou alors il s’agira d’un avorton de service public. Un service public du logement Canada dry !

C’est là, certes, que la tentation social-libérale apparait. Elle est perceptible lorsque certains éléments font défauts : refus de la soumission à une logique de marché, refus d’accepter le droit opposable et dans le même mouvement valorisation d’un modèle social démocrate étranger bien inscrit dans le mode de production capitaliste. Là le danger réside de valoriser un modèle existant plus ou moins bien connu . Par exemple, la logique marchande y sera sousestimée, les exclusions y seront peut-être moins importantes qu’en France mais néanmoins réelles. La valorisation d’un modèle étranger existant sera plus ou moins bien adapté aux mentalités françaises (individualisme prégnant dans le logement).

La perspective altermondialiste passe à mon sens par la promotion offensive d’un service public national de l’habitat et du logement ( 1) et par la défense des modes de financement existants (1% logement, Livret A, etc...) sans y voir une panacée.

Christian DELARUE
Membre de la commission nationale Logement d’ATTAC

(1) Introduction au débat à l’université d’été d’ATTAC 2006 sur site ATTAC

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