Perspective altermondialiste : un véritable service public national du logement est nécessaire. par christian Delarue

samedi 17 septembre 2005, par Webmestre

Sur cette question du logement, et plus exactement du SPNL, qui doit faire l’objet d’un atelier lors de l’Université d’été 2006, la perspective altermondialiste que je souhaite développer doit pouvoir aisément être complétée par l’analyse syndicale ou associative (DAL) partant des luttes en cours et des réponses à la fois défensive "contre " les reculs quotidiens et positive "pour" de nouvelles conquêtes sociales. Je crois que le propos de la CGT, dont la démarche est quelque peu différente, sera complémentaire au mien. Mon intervention suppose d’ailleurs la sienne. Sans elle il manquerait une analyse plus concrète partant de l’existant. Un membre du PCF a aussi fait une proposition de loi qui mérite d’être connue .

- "Lever les yeux au-dessus du guidon"

Il n’est pas mauvais de "lever les yeux au-dessus du guidon" pour voir vers ou on veut aller. C’est un des mérite reconnu à ATTAC de permettre cela . Il ne s’agit pas là de poser un idéal totalement utopique ; ce qui serait d’ailleurs faire comme si le passé n’avait pas existé . Car on a bien, tant en France qu’ailleurs, l’expérience d’un service public certes loin d’être parfais - pas de mythe en la matière - mais dont la vocation "sociale" était nettement plus large qu’aujourd’hui . La perspective altermondialiste, en matière de logement et d’habitat comme dans d’autres domaines, est faite tout à la fois d’une critique de l’existant, d’une expérience du passé, laquelle est parfois idéalisée mais porteuse d’une profonde dynamique de changement qu’il faut dégager du conservatisme ambiant.

Le service public du logement peut être posé comme une organisation qui a vocation à la satisfaction des aspirations et besoins de logement d’une très large fraction de la population. Si l’on veut employer le langage administratif classique adopté pour le service public on parlera de la satisfaction de l’intérêt général sous cette compréhension là, c’est à dire en commençant par en bas mais en embrassant largement la société. Il ne s’agit donc ni d’une version caritative réservée pour les plus pauvres, ni d’une version qui fonctionne que lorsque les plus riches sont concernés. Une telle prise en charge nécessitant un régime de droit exhorbitant au droit du marché il ne peut être correctement réalisé par une personne publique, et par une administration obeissant à une logique de service radicalement opposée à une logique marchande . En somme ce qui est à valoriser c’est une conception socialiste de l’activité et de l’organisation sociale face à une conception marchande et capitaliste.

On peut aussi employer le langage juridique fondamental et évoquer un droit au logement opposable. Ici le mot opposable renvoie à une organisation chargée du suivi de ce droit décliné dans tous ses aspects afin qu’il soit réellement appliqué et non simplement posé comme principe directif ou comme droit supportant la prééminence d’un autre droit plus légitime : droit des propriétaires, etc...

- Un vrai service public national du logement est nécessaire.

Au-delà du langage il s’agit de satisfaire les aspirations et besoins de logement. Une certaine vision conservatrice et égoiste s’accomode bien de l’existant : Les pauvres sont à la rue ou très mal logés : réponse par le silence . Les autres couches sociales moins pauvres, vu les prix pratiqués, n’ont accés qu’à de petits logements : mais c’est mieux que rien ! dira-t-on alors. Il importe de combattre ce cynisme.

- Un état des lieux reste à faire . La CGT du secteur a produit des documents a actualiser . Sauf à se cacher la tête dans le sable, on sait que les besoins de logements sont immenses, tant en quantité qu’en qualité. A traverser certaines villes on voit bien qu’il faudrait reconstruire des quartiers entiers. Il s’agit de planifier un grand programme de reconstruction de logement spacieux et de qualité pour tous répondant aux normes d’isolation modernes .

- Surgit une question à propos du SPL : Peut-on envisager une réponse à la satisfaction des besoins de logement qui relativise la distinction location, acquisition ? On restera longtemps pris par cette distinction mais il est possible de penser qu’un SPL ambitieux dans son offre puisse satisfaire les besoins de logement et d’habitat sans nécessairement passer par l’acquisition.

- Cette suggestion appelle une autre question :Peut-on envisager un logement gratuit ou à tarif réduit ne répondant donc plus à des prix de marché - locatif ou d’appropriation - ? Les prix du marché fonctionnent à l’exclusion car d’une part l’offre doit rencontrer une demande solvable élévée, et d’autre part les professionnels privés de la contruction cherchent à élever sans cesse le taux de profit. Répondre positivement à cette question suppose de s’inscrire dans une dynamique global de changement de société. C’est ici que l’on voit la portée de notre altermondialisme très peu compatible avec le libéralisme en version ultra ou socialibérale.

Pour reprendre une expression de Michel Husson à propos de la Sécu on peut dire du service public du logement qu’il est pris en tenaille d’une part par la financiarisation "en haut" et d’autre part "en bas" par la mise en place d’un service public "universel" réduit à la version minimal de la conception libérale.
Entre les deux le service public à vocation sociale large subit la marchandisation et l’appropriation privée.

Les offices publics HLM passent en société anonyme et leurs personnels - fontionnaire de l’Etat puis des collectivités territoriales - passent sous régime de droit privé. Les modes de gestion "industrielle et commerciale" les éloignent d’une logique de sercice public orientée vers la satisfaction des besoins sociaux dans le respect des normes de préservation de l’environnement. Autre question : Que faire des sociétés privées de gestion qui agissent en parasite sur le marché entre lesl ocataires et les propriétaires ? Doit-on se contenter de cete situation ? La nationalisation ou la municipalisation n’est-elle pas envisageable ?

Et les grandes SCI recyclent l’argent sale.

- Oui un véritable service public est possible !

Encore faut-il l’inscrire dans une autre perspective budgétaire et fiscale. Cela suppose de s’en prendre à la finance et aux inégalités de répartition des richesses donc de changer la fiscalité.
Une maitrise du budget dégagée de l’emprise de la finance permettrait d’orienter l’investissement vers la production

Christian DELARUE Rennes

06 87 07 28 78

Répondre à cet article