Pour un moratoire des expérimentations d’OGM

mardi 24 septembre 2002

Suite à l’expérimentation en plein champ, par la Société Monsanto, d’une culture de maïs génétiquement modifié Round Up Ready sur la commune de Maxent (35), Attac Rennes, le Comité des 4 cantons, la Confédération Paysanne d’Ille et Vilaine, Eau & Rivières de Bretagne, Greenpeace et les Verts du Pays de Rennes ont décidé de lancer une pétition commune pour demander un moratoire sur les expérimentations privées et les expérimentations en plein champ de cultures OGM en Ille et Vilaine.

Pour un moratoire des expérimentations privées et des expérimentations en plein champ d’OGM en Ille et Vilaine

Suite à l’expérimentation en plein champ, par la Société Monsanto, d’une culture de maïs génétiquement modifié Round Up Ready sur la commune de Maxent (35), Attac Rennes, le Comité des 4 cantons, la Confédération Paysanne d’Ille et Vilaine, Eau & Rivières de Bretagne, Greenpeace et les Verts du Pays de Rennes ont décidé de lancer une pétition commune pour demander un moratoire sur les expérimentations privées et les expérimentations en plein champ de cultures OGM en Ille et Vilaine.

Le mardi 17 septembre, plusieurs membres du collectif ont fait signer la pétition, place de la Mairie à Rennes, pour apporter leur soutien aux prévenus du Tribunal de Foix, pour l’arrachage d’un plan de colza transgénique. La pétition sera relayée localement dans tout le département par plusieurs associations locales de protection de l’environnement."
Le but est d’avoir le maximum de signatures avant de contacter tous les maires d’ille et Vilaine pour leur demander de refuser toute culture de plantes génétiquement modifiées sur le territoire de leur commune ainsi que la consommation de tous produits génétiquement modifiés dans la restauration scolaire communale et toute restauration communale.

D’autres séances de signatures vont être organisées place de la Mairie, sur les Marchés...Contacter Attac-Rennes ou la MCE pour plus de précisions.


Le tract d’explication ci-dessous est joint à la pétition :

Eléments d’informations sur le Champ de maïs transgénique « Roundup Ready » expérimenté par Monsanto France à Maxent (35) en 2002

Qu’est ce qu’un OGM

Un Organisme Génétiquement Modifié est une plante ou un animal dont on a modifié le patrimoine génétique en introduisant un gêne d’une autre plante ou d’un autre animal. L’ajout de ce gêne extérieur confère à l’organisme une caractéristique nouvelle : la résistance à un herbicide, la résistance à un insecte.

Qui est Monsanto

Avec 14700 salariés, Monsanto est une entreprise mondiale présente dans plus de 90 pays. Ses trois principaux secteurs d’activités : les pesticides, les OGM et les semences conventionnelles. En 2000, Monsanto réalisait un chiffre d’affaires de 5,5 milliards F, dont 20% sur le marché français. Depuis le 30 juillet 2002, Monsanto est devenu la filiale « agricole » du groupe américain Pharmacia. Avec cette acquisition, Pharmacia conforte sa position de contrôle d’une grande partie des activités relevant de la santé humaine et de l’alimentation dans le monde.

Qu’est ce que le Round Up

Propriété de Monsanto, c’est le désherbant total le plus vendu dans le monde. Commercialisé depuis 1976, il est utilisé dans 130 pays sur plus de 50 types de cultures. Le principe actif du Round Up s’appelle le glyphosate. Comme tout pesticide, le temps de dégradation du glyphosate dépend de l’activité des bactéries et micro-organismes présents dans le sol. Ce temps peut varier de quelques dizaines de jours à plusieurs mois suivant le type de sol. Une expérience conduite à (programme Bretagne Eau Pure) a révélé la présence de glyphosate dans les eaux de ruissellement 6 mois après application.

Antécédents juridiques de Monsanto

En 1991, le Procureur général de l’Etat de New York a déposé une plainte contre Monsanto estimant que ses publicités sur ses produits contenant du glyphosate (notamment le Roundup) pouvaient induire en erreur le consommateur. En 1997, Monsanto accepte de retirer les mentions « biodégradable » et « respecte l’environnement » de ces désherbants commercialisés dans l’Etat de New York et de verser 50 000 $ pour éviter un règlement judiciaire coûteux.

En mars 1999, l’ASA, l’Autorité anglaise de vérification de la publicité (Advertising Standards Authorithy) a condamné des slogans utilisés par Monsanto dans sa campagne publicitaire pro-OGM. L’ASA a estimé que certaines affirmations étaient : « susceptibles d’induire en erreur » le consommateur, « scientifiquement non prouvées » et même « inexactes ».

En 2000, les associations de la Maison de la consommation et de l’environnement ont alerté les services de la répression des fraudes et Eau & Rivières de Bretagne a porté plainte contre les messages « biodégradable » et « respectueux de l’environnement » présents sur les désherbants Round up. Le dossier est actuellement chez le procureur de la République de Lyon.

Qu’est ce que le maïs transgénique « Roundup ready »

Ce maïs expérimenté par Monsanto à Baulon résiste au désherbant total Round up. Un gêne créé par la Société Monsanto a été introduit dans le code génétique de ce maïs afin de ne pas mourir après une pulvérisation de Roundup. 77% des cultures OGM produites dans le monde sont des cultures résistantes à un désherbant total. En 2001, les cultures OGM représentaient 52,6 millions d’hectares. 6 pays représentaient 99% de la production : Etats Unis (68%), Argentine (22%), Canada (6%), Chine (3%). Les grandes firmes comme Monsanto vendent la semence et l’herbicide ou l’insecticide qui va avec !

Quelles sont les principales critiques émises par la société civile (associations, syndicats, ONG)

- la question de l’utilité : La faim dans le monde est principalement due à la guerre, la pauvreté et la disparition des cultures vivrières. La solution est d’abord politique et économique : accéder dans la dignité à une nourriture qualitativement et quantitativement suffisante implique d’avoir un pouvoir d’achat décent ou de produire sa propre nourriture. C’est l’accès aux moyens de production, surtout à la terre, et la répartition des richesses dans la population, qui posent problème. Il n’y a pas de relation directe entre la quantité de nourriture produite par un pays et le nombre de mal nourris qui y vivent : 80% des enfants souffrant de malnutrition vivent dans des pays qui exportent des denrées alimentaires. Une partie des Argentins ne mange pas à sa faim, alors que ce pays est le 2ème exportateur mondial de plantes génétiquement modifiées ; le Brésil est le 4ème exportateur de denrées alimentaires alors que 40% de sa population souffre de malnutrition..Les récoltes sont suffisantes pour nourrir toute la planète, le problème vient de la répartition des aliments. Et de nombreux champs en Europe sont mis en jachère du fait de l’excédent de production !

- Un instrument de pouvoir et de domination économique : Seulement 4 firmes contrôlent la totalité du marché des OGM et 60% du marché des semences : Aventis, Dupont, Monsanto et Syngeta. En 1998, Monsanto commercialisait, à elle seule, 90% des plantes transgéniques. Ces sociétés privées ont engagé de coûteuses recherches qu’elles doivent amortir le plus rapidement possible en les appliquant dans des OGM mis sur le marché. Plus la commercialisation et les bénéfices qui en résultent se font attendre, plus l’action en bourse baisse. Ces sociétés font donc pression pour mettre les OGM en culture le plus rapidement possible. Face à la résistance européenne, elles ont choisi la stratégie du fait accompli à l’échelle mondiale : profiter de l’absence de législation et de moyens de contrôle pour disséminer un maximum d’OGM, entraînant ainsi une pollution génétique irréversible qui rendrait impossible la poursuite d’une agriculture non OGM. Pour ces compagnies, les enjeux en terme de marchés sont colossaux. Les OGM sont des plantes brevetées, sur lesquelles les firmes détiennent juridiquement un monopole d’exploitation commerciale : elles interdisent aux agriculteurs de réutiliser une partie de leur récolte pour la replanter l’année suivante. Cette pratique est pourtant un des fondements de l’agriculture, aussi bien pour les paysans du Sud que du Nord. En Afrique, 80% des paysans utilisent des semences fermières, dont le contrôle est un enjeu vital. Autant de manque à gagner pour les firmes productrices d’OGM, qui cherchent à mettre sur le marché des semences stériles, de type Terminator. A la force juridique du brevet s’ajouterait ainsi la stérilisation génétique, qui permettrait à ces 4 firmes de contrôler les ressources génétiques et de disposer pour de bon de l’arme alimentaire. La viabilité, à terme, de l’industrie biotechnologique, repose sur la vente systématique et annuelle des semences et du paquet d’intrants qui les accompagne. Les OGM augmentent la dépendance des agriculteurs du monde entier aux firmes agro-pharmaceutiques. Les OGM ne sont ni un progrès pour l’agriculture, ni une solution à la faim : ils sont un instrument de conquête d’un des plus grands marchés de la planète : l’alimentation.

- Les OGM permettraient de produire moins cher ? : Le maïs Novartis sécrète une toxine Bt qui tue la pyrale du maïs, ce qui diminuerait l’usage d’insecticides. Pourtant d’autres méthodes de lutte contre la pyrale existent déjà, et les agriculteurs biologiques ont montré depuis longtemps qu’ils savaient s’en prémunir naturellement. Dans la culture du maïs, ce sont les semences qui coûtent le plus cher, et les paysans ne sont pas du tout certains d’amortir le surcoût du maïs OGM par rapport au maïs traditionnel. La dépendance des agriculteurs se traduit par une augmentation des coûts d’exploitation : contraints chaque année d’acheter les graines génétiquement modifiées, les cultivateurs doivent également, pour la majorité des OGM, acheter le désherbant qui va avec. Une étude récente de l’Union Européenne confirme que, si les OGM étaient cultivés à grande échelle, tous les agriculteurs devraient faire face à des coûts de production supplémentaires élevés et mettre en place des mesures onéreuses et compliquées pour éviter les contaminations, tandis que l’agriculture biologique serait menacée de disparition.

- un risque écologique : Les cultures OGM ne permettent pas pour le moment de diminuer les utilisations de pesticides. Les cultures OGM posent un risque de dissémination des gênes génétiquement modifiées et de développement de résistance de certains insectes ravageurs ou de certaines « mauvaises » herbes.

- un risque sanitaire : Les OGM posent un risque d’allergies alimentaires et de résistance aux antibiotiques.

- un problème de responsabilité : Les assurances refusent de couvrir les problèmes qui résulteraient de l’introduction de cultures OGM. Qui sera responsable des pollutions génétiques ?

- un problème lié à l’indépendance de la recherche : De nombreuses recherches engagées par l’INRA sont financées par les firmes multinationales. Des chercheurs ayant émis des réserves sur les OGM ont été démis de leurs fonctions.

- un problème éthique : en posant des brevets sur des gênes que l’on trouve dans la nature pour pouvoir les introduire et les commercialiser dans des OGM, les multinationales s’approprient ce qui appartient à tous et modifient le patrimoine génétique de plantes ou d’animaux.

Plutôt que les OGM :

- a) Reconnaître le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes : chaque pays doit pouvoir choisir librement son mode d’approvisionnement et mettre en ouvre la politique agricole de son choix. L’Organisation Mondiale du Commerce doit substituer ce principe de souveraineté alimentaire à celui du libre-échange, particulièrement dévastateur en matière d’agriculture.

- b) Promouvoir des pratiques agricoles durables sur le long terme, adaptées à leur milieu et prenant en compte les besoins et les connaissances des paysans locaux.

- c) Réorienter la recherche agronomique : pour une meilleure utilisation de la biodiversité et des interactions entre les espèces, la recherche agronomique, qui a un rôle important à jouer, doit redéfinir ses priorités en soutenant les producteurs locaux plutôt qu’en participant à la stratégie des firmes multinationales.

- d) Défendre le principe de précaution et le droit des Etats à interdire les importations d’OGM sur leur territoire et à protéger leurs ressources végétales de la contamination génétique.

- e) Refuser les brevets sur le vivant et sur les gènes pour garantir le droit d’accès de tous aux ressources génétiques et interdire les techniques de stérilisation de type "Terminator" .
Appel lancé par : ATTAC Rennes, Comité des 4 cantons, Confédération Paysanne d’Ille et Vilaine, Eau & rivières de Bretagne, Greenpeace, Les Verts du Pays de Rennes


Pour compléter l’information, lu dans Le Monde d’aujourd’hui :

Les OGM camouflent la crise agricole américaine

. LE MONDE ECONOMIE | 23.09.02 | 19h24

http://www.lemonde.fr/imprimer_article_ref/0,9750,3209—291548,00.html

Knoxville (Iowa, Etats-Unis) de notre envoyé spécial

Une des fiertés de Corwin Fee, c’est ce champ pentu sur lequel son 4 × 4 bringuebale. Il appartenait à un voisin, qui le laissait en jachère : la pente le rendait trop érosif. En 1995, Corwin l’a remis en culture en composant un savant damier de parcelles cultivées et de parcelles herbeuses, celles-ci retenant l’eau et la terre qui pourrait glisser. Comme sur toute son exploitation de 400 hectares, près de Knoxville, dans l’Iowa, Corwin Fee travaille avec un profond souci de l’environnement. Et sur ce point il n’a pas d’inquiétude sur les organismes génétiquement modifiés (OGM), qu’il utilise quand besoin est : "Je passe moins souvent l’herbicide sur le soja transgénique que sur du soja classique. Une fois suffit, en général. Et puis les OGM constituent une sorte d’assurance : si des herbes adventices apparaissent dans le champ en été, je sais que je pourrai passer l’herbicide - cela serait impossible avec un soja classique, il serait tué par le produit." Mais le gain économique est ténu : si les exploitants gagnent sur le temps et la consommation d’herbicides, ils doivent payer leurs semences plus cher. Ainsi, cette année, Corwin cultive du soja non transgénique : "J’ai un marché à un prix supérieur. C’est marginal, mais les prix du soja sont tellement bas que ça en vaut la peine."

L’approche de Corwin Fee est représentative de celle des agriculteurs américains face aux OGM : pragmatique, plutôt positive, mais sans adhésion profonde. Dans la crise que traverse actuellement l’agriculture américaine, un facteur joue un rôle essentiel : en limitant le passage des herbicides, les OGM font gagner du temps. "Le soja OGM ne donne pas une meilleure récolte, explique Darrin Ihnen, exploitant à Hurley, dans le Dakota du Sud, mais comme il permet de diminuer le travail, il est plus rentable." Sur des exploitations qui doivent sans cesse s’agrandir pour simplement maintenir un revenu stable, ce temps gagné explique le succès américain des OGM - qui est donc étroitement corrélé à la crise agricole.

Les variétés transgéniques se sont imposées de manière fulgurante pour le coton et le soja (respectivement 71 % et 74 % des surfaces cultivées pour ces plantes en 2002, selon l’USDA, ministère américain de l’agriculture), mais beaucoup moins pour le maïs (32 %). Les chiffres ont progressé en 2002, mais marginalement. D’abord, peut-être, parce que le plus facile a été fait : "Je ne vois pas d’autre plante pour laquelle la résistance à l’herbicide serait aussi intéressante que le soja, dit Frederik Buttel, professeur de sociologie rurale à l’université de Wisconsin, à Madison. Le soja est une anomalie." Ensuite, parce que la résistance des pays européens et asiatiques aux OGM freine les exportations, ce qui pèse sur les prix et favorise des concurrents, comme le Brésil, qui exporte du soja affiché comme non-OGM. L’Europe refuse les importations de maïs transgénique et, partiellement, de soja ; le Japon et la Corée du Sud, chez qui le soja est destiné à la consommation humaine et non animale, comme en Europe, refusent aussi les OGM. La Chine, autre grand importateur, multiplie les freins bureaucratiques au soja américain.

POTENTIEL ALLERGÉNIQUE

Même aux Etats-Unis, la confiance des consommateurs a été ébranlée depuis que, en septembre 2000, des associations écologistes ont retrouvé dans des chips de maïs (tacos) du maïs transgénique Starlink, non autorisé à la consommation humaine en raison de son potentiel allergénique. Le "non-OGM" trouve donc un marché, et le circuit de distribution des grains a commencé à séparer les deux types de produits.

Les OGM trouvent également une opposition de poids dans le milieu agricole : celui de l’agriculture biologique. Marginale en termes de chiffre d’affaires, mais en progression constante, elle présente la particularité d’être le seul domaine rentable d’un secteur qui ne tient plus que par les subventions. Or l’agriculture biologique est entrée en guerre contre les OGM, qui contaminent les champs non transgéniques : "Les compagnies ont des brevets sur quelque chose d’incontrôlable", s’exclame Theresa Podoll, dans sa ferme de Fullerton, dans le Dakota du Nord. Au Canada, les associations d’agriculture biologique ont lancé un procès sur ce thème contre les compagnies Monsanto et Aventis. Et il ne fait pas de doute qu’une sévère bataille sera lancée si Monsanto tente de lancer son blé transgénique en 2003 ou 2004, comme l’industriel en a l’intention.

L’opinion publique américaine reste cependant indifférente à la question, ce qui est le principal atout des partisans des OGM. Ils tablent par ailleurs sur l’arrivée prochaine de variétés transgéniques, tel un maïs résistant à l’insecte chrysomèle (Diabrotica virgifera). Et le gouvernement américain reste fermement engagé dans le soutien aux OGM : la principale question qu’il se pose à leur propos est de savoir s’il portera plainte contre l’attitude européenne devant l’Organisation mondiale du commerce.

Hervé Kempf

1 Message

  • Pour un moratoire des expérimentations d’OGM Le 16 juin 2007 à 20:01, par GAÏA

    Stop.... je ne veux plus être polluée par ce que l’homme a fabriqué, sans se soucier de ma santé et de celle de millions d’individus vivant à ma surface. Arrêtez toutes vos expérimentations visant à modifier les gènes des animaux ou des plantes. Allez vous encore longtemps faire passer vos interêts personnels avant la vie et la santé des habitants ? Stop aux OGM, Stop aux desherbants style roudup qui polluent atrocement ma surface et provoquent des allergies de toutes sortes chez les humains et les animaux. Les plantes également souffrent de vos poisons.STOP, STOP, STOP.....
    Nous sommes tous solidaires. Ce que fait l’un d’entre vous, tout le monde le subit un jour ou l’autre. Et ce que vous faites subir aux autres, vous devrez le supporter un jour ou l’autre. Tous les pollueurs de cette terre, attendez vous à répondre de vos actes un jour ou l’autre.

    La terre.

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