La Poste en danger, par SUD-PTT (été 2004) Extrait de la Lettre d’ Attac 45 n°25-26, été 2004

Adresse aux usagers : La Poste en danger

L’assemblée nationale va bientôt débattre de l’avenir de La Poste suite à la transposition dans la loi française de la directive européenne de libéralisation postale n Si ce texte est adopté, il déclenchera la fin du service public postal que vous connaissez et appréciez depuis des années n En effet, la nouvelle loi prévoit la mise en concurrence des activités postales et la filialisation des services financiers avec la création d’une banque postale n La recherche effrénée de gains de productivité par les dirigeants de La Poste se fait au détriment du service rendu à l’usager et du service public en général.

Moins de bureaux de poste

C’est un réseau à deux vitesses qui se met en place au nom de la rentabilité. Les bureaux de poste sont menacés de fermeture car pas assez attractifs au niveau commercial. Ils risquent d’être réduits de près de la moitié, passant de 11 500 à une fourchette comprise entre 6 et 8000 établissements. En voulant réduire considérablement l’implantation de ses bureaux, La Poste tourne ainsi le dos à sa mission d’aménagement du territoire. Son objectif est de concentrer sa présence là où elle pourra rentabiliser son activité. Ailleurs ce sera un service postal minimaliste (point poste, agence postale communale ou guichet de proximité) et non plus une présence postale digne de ce nom, y compris dans certaines zones urbaines sensibles (ZUS).

Moins de facteurs

La Poste cherche à concentrer la distribution du courrier. Pour ce faire elle regroupe les distributions, redécoupe les tournées en rallongeant le temps de travail, supprime certaines tournées. Faute d’un effectif suffisant, lorsqu’un facteur est absent ou en congés, bien souvent, il n’est pas remplacé. La Poste a déjà séparé la distribution du courrier et du colis. Aujourd’hui vous pouvez avoir affaire à 4 personnes différentes selon le type de produit : La Poste pour le courrier, Médiapost pour la publicité, Chronopost pour le colis express, Coliposte pour le colis aux particuliers. Et la qualité ne s’en est pas trouvée améliorée...

Moins de centres de tri

La Poste veut supprimer près de la moitié des centres de tri sur le territoire national. Sur les 130 centres de tri existants, elle n’en conserverait qu’une cinquantaine avec une différenciation entre ceux qui relèveraient d’un intérêt national, régional ou local. Le centre de tri départemental garant d’une qualité de service à J+1 (courrier arrivé le lendemain de sa date de dépôt) aura vécu. Il n’y a plus que le service sur mesure aux entreprises, avec d’importantes remises de tarifs, qui intéresse La Poste et ses dirigeants. Le courrier des particuliers peut attendre...

Moins de personnel...

Qui n’a pas vu son courrier parvenir à son destinataire plusieurs jours, voire plus d’une semaine après l’avoir posté ? Ou bien attendre des dizaines de minutes aux guichets ? Cela est dû aux manques d’effectifs chroniques dans les services de La Poste et aux restructurations tous azimuts. En 2004, sur plus de 10 000 départs à la retraite, à peine un postier sur deux sera remplacé alors que 140 000 départs sont prévus d’ici 10 ans. Cette politique de réduction de la masse salariale conduit inexorablement à une mauvaise qualité de service et à un dépérissement du service rendu à la population.

...Et du personnel de droit privé

La Poste ne s’en vante pas, et ce n’est pas connu du grand public, mais il y a aujourd’hui 110 000 contractuels de droit privé sur les 326 000 postiers. Par ce biais, La Poste nivelle par le bas la masse salariale en développant la précarité dans l’entreprise. A la place de poste de travail à temps plein, elle multiplie les contrats à temps partiel, les petits boulots, les CDD (mais aussi des intérimaires) avec des formations minimums ou bien tout simplement formés sur le tas. Pour un même travail dans l’entreprise, un fonctionnaire et un agent de droit privé ne touchent pas le même salaire. On le voit, la privatisation de la Poste se fait par des directives ou des lois mais aussi de l’intérieur par le recrutement unique d’un personnel de droit privé.

Une poste éclatée

Depuis le premier janvier 2004, La Poste a séparé ses activités. D’un côté le courrier, de l’autre le colis et enfin les services financiers et le réseau Grand public (guichets). C’est la fin de l’unité de La Poste et le début d’une privatisation des secteurs rentables (Colis, Services financiers). C’est exactement le même processus qui a conduit à la privatisation totale de France Télécom en janvier 2004. Avec la création d’une banque postale au 1er janvier 2005, les services financiers de La Poste seront soumis au mêmes critères que les autres banques (sélection de la clientèle, rentabilité, profits). Le rôle social (accessibilité à un compte courant, épargne populaire avec le livret A) serait gravement compromis.

Moins de service public

Au rythme où vont les choses et si nous laissons faire, le service public postal sera réduit à peau de chagrin d’ici quelques années. L’ouverture à la concurrence, la filialisation des activités rentables amènent La Poste à devenir une entreprise comme toutes les autres avec pour seul critère la rentabilité et les bénéfices, niant le rôle social des postiers. Le personnel était en grève le 5 février dernier pour dénoncer la privatisation de La Poste à brève échéance. D’autres actions sont prévues et sûrement une nouvelle grève lors du passage de la loi à l’assemblée nationale avant l’été.

Un débat citoyen

L’avenir de La Poste ne concerne pas que les technocrates de Bruxelles, ni seulement les élus du Sénat ou de l’Assemblée nationale. Il concerne principalement les millions d’usagers qui ont à faire avec La Poste soit parce qu’ils ont un compte CCP, soit parce qu’ils envoient et reçoivent du courrier ou tout simplement parce qu’ils vont au bureau de poste effectuer des opérations diverses. Aujourd’hui, pour défendre le service public postal, nous avons besoin de tout le monde, il en va de son avenir. Ceci est vrai pour les postiers mais vrai aussi pour la population dans son ensemble.

Tous ensemble, défendons l’avenir du service public de La Poste !


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