Mulcair veut abolir le moratoire sur l’exportation d’eau douce !

Il restait une promesse à violer, c’est maintenant fait ! Durant sa campagne électorale, Jean Charest avait en effet promis que son parti ne toucherait pas au moratoire sur l’exportation d’eau, qui avait été décrété en 1999. Nous apprenons maintenant que Thomas Mulcair, actuel ministre québécois de l’environnement, compte ouvrir ce moratoire d’ici janvier 2005 et ainsi permettre l’exportation de l’eau en vrac. Il compte soulever le débat au cours des forums ayant lieu en ce moment dans 19 régions du Québec. L’eau exportée irait sans doute aux États-Unis, qui lorgnent déjà depuis un bon momment sur nos réserves d’eau, occupés qu’ils sont à gaspiller les leurs !

Si nous commençons à exporter notre eau en vrac, celle-ci changera de statut et passera de bien commun à marchandise commercialisable, au même titre que le pétrole ou le gaz naturel. Selon la Coalition pour une gestion responsable de l’eau (Eau secours), l’eau, en devenant une marchandise, serait soumise à l’article 11 de l’Accord de libre-échange Nord-Américain (l’ALÉNA), article qui stipule que tout gouvernement signataire faisant obstacle au commerce (en limitant l’exploitation d’une resource natuerelle par exemple) s’exposerait à des poursuites.

Et ce ne serait pas une première pour le Canada ! En 2001, la compagnie américaine Sun Belt Water, invoquant l’article 11 de l’ALÉNA, a poursuivi le Canada pour 10 milliards de dollars US pour son refus d’exporter de l’eau en vrac de la Colombie-Britannique. Une fois qu’une ressource naturelle est tombée dans l’engranage de l’ALÉNA, il n’est plus possible de faire marche arrière. C’est irréversible.

Mulcair prétend que l’exportaton d’eau en vrac équivaut à l’exporter par camion, ce qui se fait actuellement pour l’eau destinée à être embouteillée. Cependant, aux yeux des lois du commerce, ce n’est pas le cas. L’eau ne peut actuellement être soumise à l’article 11 de l’ALÉNA. Peut-être est-ce parce que les quantités d’eau prélevées sont plus petites ou parce que les compagnies qui viennent nous la pomper ne paient pas de redevances, bref parce qu’on leur "donne" notre eau, de façon plus ou moins volontaire bien sûr et qu’un don n’est pas un achat. Peut-être ne suffit-il qu’elles en paient pour que l’eau devienne une marchandise, ce qui serait catastrophique pour l’environnement, même si la seule alternative semble être de les regarder piller nos ressources...

Mulcair compte également se servir de la carte du développement des régions et de la lutte à l’exode des jeunes pour parvenir à ses fins. Il n’hésitera pas à faire miroiter les profits que les régions pourraient supposément réaliser en exportant leurs ressources hydriques. Il passera sans doute sous silence le fait que le niveau de nos cours d’eau a sensiblement baissé à cause des changements climatiques, selon les participants à la 57è conférence annuelle de l’ACRH intitulée "Eau et changements climatiques" qui a lieu en ce moment du 16 au 18 juin prochain à Montréal !

Nous n’avons pas le temps d’attendre les prochaines élections. Il sera trop tard alors pour inverser le processus. Il nous faut ameuter l’opinion publique et les médias et exiger du gouvernement Charest le maintien du moratoire sur l’exportation d’eau. L’eau n’est pas une vulgaire marchandise qu’on a le choix de consommer ou pas ! Il s’agit d’une ressource essentielle à la vie qu’on ne peut remplacer par rien ! La vie, ça n’a pas de prix !

Stéphanie LeBlanc
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