Services publics : neige et Constitution européenne s’invitent à Guéret

GUERET (AFP) 20h44 - Plusieurs milliers de personnes ont manifesté sous la neige samedi à Guéret (Creuse) pour défendre les services publics, la Constitution européenne s’invitant au débat dans un cortège rassemblant leaders politiques de gauche, syndicalistes et usagers.
"C’est une réussite, avec quelque 7.000 personnes dans les rues de Guéret. Et sans la neige, nous aurions facilement atteint les 10.000 participants", a affirmé Bernard Defaix, porte-parole du collectif creusois pour la défense des services publics, organisateur de ce rassemblement. La police a pour sa part recensé 3.900 personnes.
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Sous un pâle soleil puis de gros flocons, élus locaux, responsables politiques de gauche, syndicalistes, responsables associatifs, salariés et usagers ont défilé deux heures durant dans les rues du chef-lieu de la Creuse.
Le département est devenu le symbole du déclin des services publics depuis le mouvement de révolte de 263 élus de toutes les tendances politiques, qui avaient présenté leur démission de manière fracassante le 23 octobre 2004.

Bureaux de postes, trésoreries, maternités, hôpitaux, SNCF : les défenseurs des services publics marchaient derrière une banderole clamant "En Creuse comme partout, défendons nos services".

A leurs côtés, de nombreux partisans du "non" à la Constitution européenne arboraient des pancartes "Pour une europe sociale, non au traité".

"Il y a un débat qui divise cette manifestation, c’est celui du +oui+ ou du +non+ à la Constitution européenne", a reconnu Alain Lipietz, député Vert européen.

"Le sens de notre présence, c’est de défendre les services publics. Défiler en détournant l’objet même de la manifestation c’est rendre le meilleur service à Jean-Pierre Raffarin", a déclaré le premier secrétaire du PS, François Hollande, hué par des opposants au traité et visé par quelques boules de neige.

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a au contraire estimé que "le référendum sera l’occasion de dire que nous ne voulons plus des politiques libérales du gouvernement".

"Guéret est un symbole national et peut-être demain international comme Porto Alegre", a commenté Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste et farouche militant du "non".

Pour Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT Cheminots, "l’évènement est créé" et c’est un "prolongement des précédentes mobilisations du 20 janvier et du 5 février, avant la nouvelle journée nationale d’actions du 10 mars".

Pour beaucoup, l’annonce par le Premier ministre d’une conférence nationale sur l’avenir des services publics est de la "poudre aux yeux". "Je n’ai aucune confiance dans les propositions du gouvernement", a lancé Philippe Breuil, conseiller général PS démissionnaire du canton de la Courtine (Creuse).

"D’autant que les syndicats sont exclus de cette conférence, ce qui montre bien que le gouvernement ne donnera pas les réponses attendues par les citoyens", a renchéri M. Le Reste.

"Maintenir les services publics passe par leur nécessaire évolution car la société et les conditions de vie évoluent. Cela ne peut se faire qu’avec la mobilisation des forces sociales, économiques et politiques, et dans la concertation", a résumé Alexis Guénégo, secrétaire général de la CFDT-Interco (Collectivités).

Jean Auclair, député UMP de la Creuse, a dénoncé dans un communiqué cette "mascarade organisée par le PS", dénonçant "une défense ringarde des emplois publics" dans un souci électoral.