OMC : les agriculteurs européens invités à faire preuve de "flexibilité"

STRASBOURG (AFP) - Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a appelé mardi à Strasbourg l’Union européenne à faire preuve de "flexibilité" sur l’accès à son marché agricole, lors d’un congrès réunissant des agriculteurs européens inquiets des dernières propositions de la Commission.
Sur la question de l’accès aux marchés agricoles, M. Lamy a estimé que l’UE devait "faire preuve d’une plus grande flexibilité", soulignant que les derniers chiffres proposés dans le cadre du cycle de négociations de Doha par les uns et les autres "sont beaucoup trop éloignés".
"Je ne pense pas que l’on puisse dire que l’Europe n’a rien reçu" en contrepartie de ses propositions, a déclaré M. Lamy, s’efforçant de faire taire les inquiétudes exprimées mardi à Strasbourg par les représentants de diverses organisations agricoles européennes, qui ont mis en garde la Commission européenne en lui demandant de ne pas outrepasser son mandat dans les négociations.

Le directeur général de l’OMC a relevé que les Américains avaient "franchi un cap" en acceptant, la semaine dernière à Genève, de réduire les subventions à leurs agriculteurs.

A moins de deux mois de la conférence ministérielle à Hong Kong, où se jouera le sort de Doha, il y a consensus pour que "la concurrence dans le secteur agricole soit loyale et que les subventions soient disciplinées", a poursuivi M. Lamy.

Il a pris la parole alors que se tenait une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Luxembourg, à l’issue de laquelle la France n’est pas parvenue à faire passer sa proposition d’un contrôle technique préalable de toute nouvelle proposition de la Commission en matière agricole.

"J’ai le douloureux sentiment que les négociateurs de l’UE capitulent à l’OMC", a déclaré à Strasbourg Joseph Daul, président de la commission de l’agriculture au Parlement européen.

"Il est temps de dire à la Commission qu’elle est en train de franchir la ligne rouge", a-t-il ajouté, en ouverture de ce congrès qui rassemble jusqu’à mercredi environ 650 représentants des organisations agricoles de 25 pays membres de l’UE ainsi que de Bulgarie, Roumanie, Suisse, Norvège, Islande et Turquie.

Et le président de la Confédération générale des coopératives agricoles dans l’UE (COGECA), Eduardo Baamonde, a appelé la Commission à ne pas faire des concessions "à n’importe quel prix".

"Rien de ce que j’ai dit jusqu’ici ne va au-delà" de mon mandat, a réaffirmé de son côté la Commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, venue rassurer les agriculteurs.

D’ici à la conférence de Hong Kong, "il devra bien sûr y avoir des sacrifices — mais de tous les côtés", a-t-elle ajouté, soulignant que l’agriculture n’était pas l’unique volet des négociations.

"Quel que soit le résultat, il ne doit pas remettre en question la réforme de la PAC de 2003", a assuré Mme Fischer Boel. "Nous devrons avancer de manière coordonnée pour parvenir à un ensemble équilibré dans le domaine agricole", a-t-elle dit.

Selon Pascal Lamy, le cycle de Doha donnera aux agriculteurs européens "l’occasion d’obtenir un double dividende" : bénéficier d’une part "des effets de votre réforme" de la Politique agricole commune (PAC) de 2003, et d’autre part "d’obtenir des autres membres de l’OMC la réforme de leur propre politique agricole".