Banque mondiale et FMI avertissent des risques d’échec à l’OMC

WASHINGTON (AFP) - La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont appelé samedi les pays de l’OMC à surmonter leurs divisions, notamment sur l’agriculture, pour parvenir à un accord lors de leur réunion de Hong Kong en décembre, mettant en garde contre les risques d’un échec.
Sans les nommer directement, le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz et le directeur-général du FMI Rodrigo de Rato ont appelé les Etats-Unis et l’Union européenne à surmonter leurs divisions sur l’agriculture mais aussi à ne pas se focaliser sur ce seul dossier.
"L’agriculture est au coeur du cycle de négociation du cycle de Doha et avec raison", ont souligné les dirigeants des deux institutions financières multilatérales. Mais "l’agriculture, aussi importante soit elle, ne doit pas pas avoir le monopole" des discussions ont-ils ajouté. Ils réagissaient au fait que les Etats-Unis se sont affirmés vendredi "déçus" par la dernière offre européenne.

"Un succès demandera aux partenaires clé de mettre de côté leurs intérêts étroits, de faire preuve de flexibilité pour arriver au résultat ambitieux que le monde attend et dont il a besoin. Les enjeux sont trop importants pour envisager un échec", affirment MM. Wolfowitz et Rato. Les négociations engagées à Doha en 2001 ont déjà connu un échec lors de la réunion de Cancun en septembre 2003 et la réunion de Hong Kong, qui se tiendra du 13 au 18 décembre, est présentée comme la dernière chance pour les 148 pays membres de l’OMC de les relancer.

Dans leur communiqué commun, les dirigeants de la BM et du FMI affirment que le secteur agricole "souffre de distorsions commerciales qui pénalisent les consommateurs partout et les pauvres dans de nombreux pays en développement qui en dépendent pour leur existence. Des réductions larges et substantielles des tarifs dans les pays les plus grands apporteront les plus grands gains en matière de développement". "Les subventions qui perturbent les échanges commerciaux agricoles doivent être réduites et pas seulement par le biais de manoeuvres techniques", avertissent-ils.

La nouvelle offre de l’Union européenne diminue en moyenne de 46% les tarifs imposés aux importations de produits agricoles contre une fourchette de 20% à 50% dans son offre précédente. Les Etats-Unis, mais aussi le Canada et l’Australie, la jugent insuffisante, Washington affirmant que l’UE prévoit trop d’exemptions pour les produits qu’elle présente comme "sensibles". Washington a de son côté proposé de réduire les aides à ses agriculteurs de 60%.

La Commission européenne négocie à l’OMC pour l’ensemble des 25 pays membres de l’UE et certains d’entre eux, comme la France, jugent que son offre va déjà trop loin. La Banque mondiale et le FMI ont aussi appelé les pays les plus riches à prévoir des mesures d’aide et de soutien aux pays pauvres pour les aider à faire face aux conséquences de l’ouverture de leurs marchés si un accord est trouvé au sein de l’OMC. "La Banque et le Fonds travaillent avec les pays donateurs et les pays destinataires de l’aide pour s’assurer qu’un soutien financier plus important et plus efficace soit disponible pour soutenir les résultats de Doha", ont-ils déclaré.

L’intervention du FMI et de la Banque mondiale répond aux menaces de voir l’impasse dans les discussions entre Washington et Bruxelles menacer l’ensemble du cycle de Doha alors que celui-ci devait à l’origine servir à davantage intégrer les pays pauvres dans les échanges commerciaux internationaux. La réunion de Cancun s’était soldée sur un constat d’échec en raison de l’affrontement entre les pays pauvres du sud et les pays riches du nord, notamment sur la question des subventions agricoles.